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Dino Crisis

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Catégorie : Jeux vidéo

Genre :Survival, Horreur

Année :1999

Public : +12

Nation : Japon

Editeur :Capcom

Développeur : Capcom productions Studio 4

Synopsis : En 2009, le gouvernement s’intéresse de près au Dr Kirk un scientifique spécialiste des énergies écologiques qui est officiellement mort dans l’explosion de son laboratoire il y’a plusieurs années. Cependant, les derniers renseignements témoignent que Kirk serait toujours en vie et continuerait ses expériences dans un vaste complexe scientifique, situé sur l’Île du Lotus et financé par la république de Borginie. Des agents du S.O.R.T, une unité d’élite sont donc envoyés sur place pour s’infiltrer dans le complexe, kidnapper Kirk et l’extrader. Mais arrivés dans le laboratoire gigantesque, ils réalisent soudain que la majorité du personnel a été tuée et affreusement mutilée. Bien vite, ils découvrent que le complexe est infesté de dinosaures.

 

Analyse critique :

(Attention SPOILERS !)

Durant notre cycle Dino, nous avons abordé des livres et des films, il est temps désormais de passer au support du jeu vidéo qui a lui aussi su exploiter magnifiquement les créatures du mésozoïque. Et le jeu le plus culte de dinosaures, ça reste indéniablement Dino Crisisédité en 1999 par Capcom et sorti sur PlayStation.

En réalité dans les années 90, les dinos étaient redevenus très à la mode grâce au diptyque Jurassic Park/Le Monde Perdu : Jurassic Park réalisé par Steven Spielberg. Il était donc logique de voir l’univers du jeu vidéo surfer sur la tendance. Déjà, les jeux Tomb Raider placèrent quelques dinos par ci par là. Mais ceux qui semblaient le plus profiter de cette vague étaient évidemment les adaptations directes de Jurassic Park. Un grand nombre de jeu reprenant la licence des films de Spielberg ont vu le jour variant entre jeu de piste, plate forme, Shoot’em up, arcade, action…Personnellement ma version préférée restera The Lost World : Jurassic Park Arcade.

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Les adaptations de Jurassic Park semblaient donc pouvoir tout rafler en jouissant de la licence, alors comment les surpasser ? Dino Crisis a réussi à créer cet exploit en se démarquant le plus des autres jeux. Premièrement, sur le système de Jeu. Il prend l’allure d’un survival ce qui est un parti pris intéressant. Et quand c’est Shinji Mikami, le créateur de la série Resident Evil qui décide de s’y atteler ça devient carrément un projet alléchant.

Dino Crisis est un jeu qui, à l’instar de beaucoup d’autres, s’inspire énormément du septième art. Mais au final le jeu tient moins de Jurassic Park que de la saga Aliens. On y retrouve la même atmosphère glauque et oppressante. On y retrouve aussi quelques ficelles scénaristiques semblables. Le vaisseau spatial semble ici être remplacé par le gigantesque labo du Dr Kirk. Les concepteurs de Dino Crisis ont parfaitement compris que ce qui faisait le succès de Jurassic Park était aussi son décor de parc d’attraction. Ils ont donc eux aussi choisi un décor atypique pour mettre en scène des dinos et ont poussé encore plus loin le concept de Jurassic Park, mélangeant technologie et dinosaures.  

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Le système de jeu est donc comme je le disais exactement le même que celui de Resident Evil. Tout est pareil, le passage d’une zone à l’autre, le système de caméras à angle différent (peu pratique par moment). Ici, nous incarnons Regina une agente du S.O.R.T qui fait partie de l’équipe chargée de récupérer le Docteur Kirk. Regina a tout de l’héroïne de jeu vidéo des années 90. A travers ce personnage vous devrez explorer des zones et tenter d’atteindre des objectifs. Vous aurez à votre disposition tout un inventaire et bien évidemment un arsenal. Le système de tir est une fois encore semblable à celui de Resident Evil, à ceci près qu’il a été amélioré. Il est désormais possible de braquer votre arme sur un ennemi tout en vous déplaçant. Vous trouverez plusieurs types d’armes. En mode facile, vous aurez un arsenal bien plus complet qu’en normal ou en difficile. Ces armes vous seront bien sûr utiles pour éliminer les dinos qui vous barrent la route. Pourtant, si vous jouez àDino Crisis en mode normal ou difficile (ce qui est à mon sens le plus intéressant), vous découvrirez bien vite que le tir n’est pas forcément une solution de choix. Vous avez en face de vous des bestioles costauds face auxquelles la fuite est parfois la meilleure solution. Les différentes pièces du complexe scientifique vous offriront d’ailleurs pas mal d’échappatoire.

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Vos ennemis, vous l’aurez facilement compris, seront des dinosaures. On retrouvera le célèbre vélociraptor (avec tout comme dans Jurassic Park, la morphologie d’un deinonychus), qui sera le principal prédateur que vous rencontrerez et l’ennemi de base, la station en est visiblement infestée. Vous aurez aussi des thérizinosaurus. Outre les dinos terrestres carnassiers, le danger viendra également des airs dans les zones découvertes. Attention donc aux ptéranodons qui sont particulièrement voraces et rapides. On retrouvera bien sûr la grande star des dinos, l’indétrônable T-Rex, face auxquels les armes ne vous seront pas d’un grand secours. Un T-Rex rôde près du complexe et on sera amenéà le rencontrer à intervalles réguliers dans le jeu. Il représente en quelque sorte le Boss. L’IA des adversaires est d’ailleurs plutôt bien travaillée, pour autant elle reste dans la mesure de celles de l’époque.

Le système de santé est lui aussi dans la vieille tendance : à savoir une barre de vie et un système de trousse pharmacie pour la reremplir en cas de blessures. Il vous faudra également gérer votre inventaire. En effet, il sera possible de combiner plusieurs objets trouvés pour fabriquer des cartouches, des médicaments ou des outils spéciaux. A vous de trouver les bonnes combinaisons. 

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Mais Dino Crisis vous procurera également quelques sursauts et frissons. Alors que Jurassic Park touchait à peine à l’épouvante, ce jeu plonge en plein dans le registre de l’horreur, ce qui est assez logique de la part des concepteurs de Resident Evil. Et c’est sur ce point là qu’il rejoint également Alien. Le jeu est gore puis dispose d’une ambiance terriblement glauque et d’une atmosphère véritablement oppressante. Alors certes, ce n’est pas non plus Outlast et on a vu bien pire dans le monde du jeu vidéo en terme de terrifiant. Il n’empêche que Dino Crisis reste un jeu flippant et assez stressant. La musique vient d’ailleurs couronner le tout et c’est clairement l’un des meilleurs points du jeu. Des musiques stridentes qui vous feront sauter de votre siège et d’autres mélodies plus calme mais vraiment dérangeante et oppressante. C’est à mes yeux l’une des meilleurs BO de l’histoire du jeu vidéo.           

Le décor est également superbe, un vaste complexe scientifique un peu futuriste. Entre les salles de laboratoires, les appartements du personnel, les hangars, les plates formes à l’air libre, les immenses corridors en métal, les sous sols et les pièces à réacteurs gigantesques, Dino Crisis sait varier les décors pour proposer au joueur un univers superbe et terrifiant.

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C’est dans ce décor inquiétant infesté de créatures monstrueuses que vous devrez avancez pour accomplir votre mission : retrouver le Docteur Kirk. L’aventure ne se résumera donc pas qu’àéchapper aux dinos. Il vous faudra également résoudre des énigmes, enclencher bien des systèmes et des leviers et activer plusieurs codes secrets pour pouvoir avancer. Vous devrez donc faire parfois preuve de mémoire et de réflexion. Les sauvegardes sont quant à elle plutôt bien réparties.

Tout au long du jeu, vous pourrez également vous appuyez sur des docs retrouvés dans les différents endroits ou sur des cadavres (enfin ce qu’il en reste) et certains sont bien cachés ! Ces docs vous aideront à résoudre bien des énigmes mais également à reconstituer l’histoire qui a fait qu’un complexe scientifique est devenu un enfer rempli de dinosaures. Là encore, on retrouve un aspect à la Resident Evil, de même qu’à travers les commentaires descriptifs du personnage principal en sous titres.

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Si la plupart du temps vous serez bel et bien seul dans cet enfer du crétacé, vous pourrez aussi compter parfois sur deux coéquipiers qui sont Gail et Rick, membres eux aussi du S.O.R.T. Vous serez amenéà travailler avec eux. Le choix vous sera offert de suivre l’un ou l’autre. Chacun ayant ses aptitudes. Gail le musclor blond aux yeux bleus est un adepte de la technique bourrin et rentre dedans (il faut dire qu’il a l’arsenal qu’il faut). Rick quant à lui est l’informaticien plutôt calme et adepte des méthodes en finesse d’infiltration (un conseil suivez plutôt Rick). Vos différents choix au long du jeu changeront le cours de l’histoire et le final (trois fin différentes sont possibles).   

Le scénario de Dino Crisis est d’ailleurs très intéressant et vous procurera quelques rebondissements. On y retrouve cependant au final le mythe du savant fou et de l’expérience ratée aux conséquences catastrophiques. Là encore je vais me répéter, mais impossible de ne pas penser àResident Evil.

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Concernant les graphismes, il faut avouer que pour un jeu de l’époque, Dino Crisis est plutôt beau et fait plaisir à voir. On notera par ailleurs de superbes cinématiques.

Au final, Shinji Mikami réussit un nouveau coup de maître avec ce jeu. Le seul petit reproche que j’aurais à faire, c‘est sur le système de caméra où les angles ne sont pas toujours supers, mais c’est un détail.

Mikami a réussit là un savant mélange entre Resident Evil, Jurassic Park et Alien.  

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Aujourd’hui, Dino Crisis fait parti des classiques du jeu vidéo.

Une très grande réussite de Capcom. 

 

Note : 17,5/20


Dino Crisis 2

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Catégorie : Jeux vidéo

Genre :Action, Science Fiction

Année :2000

Public : +12

Nation : Japon

Editeur :Capcom

Développeur : Capcom productions Studio 4

Synopsis : 2010. Un an s’est écoulé depuis la capture du Dr Kirk. Le gouvernement a décidé de continuer les recherches de ce dernier sur la Tri-énergie. Voulant obtenir des résultats rapides et à grande échelle, ils ne prirent pas assez de précautions et une fois encore un incident s’est produit. Cette fois, le centre de recherche, un complexe militaire ainsi qu’une ville ont disparus remplacés par une épaisse jungle du crétacé. Des membres du T.R.A.T et du S.O.R.T sont donc envoyés sur place avec mission de sauver les survivants et de récupérer les plans de la Tri-Energie   

 

Analyse critique :

(Attention SPOILERS !)

Sur ce blog, nous avons récemment abordé le jeu Dino Crisisédité en 1999 par Capcom. Son concepteur Shinji Mikami, auteur des Resident Evil, avait réussi un coup de maître. Face au grand succès que rencontra Dino Crisis, Capcom décida logiquement de lui donner une suite dés l’année suivante.

Nous voilà donc parti dans Dino Crisis 2. Cette fois-ci Shinji Mikami signe un jeu qui se démarque du premier opus. Fini les vastes couloirs et les salles de laboratoires, nous voilà désormais plongés dans une épaisse jungle mésozoïque infestée de dinosaures particulièrement voraces. Dans ce décor primitif, nous retrouverons également des vestiges en ruine d’une civilisation humaine futuriste. Le décor est donc très intéressant.

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Au niveau des personnages, vous retrouverez la figure sexy et iconique du premier opus : Regina. Mais cette fois-ci vous aurez également la possibilité d’incarner un autre personnage : Dylan Morton, un membre du T.R.A.T expert dans le maniement des armes à feu. L’histoire va d’ailleurs plutôt se centrer sur lui.

Au niveau du système de jeu, là aussi les choses ont beaucoup changé. Alors que dans le premier on se trouvait dans un survival horror plutôt basé sur l’infiltration et la réflexion, ce second épisode donne dans l’action pure et dure. Les énigmes sont beaucoup plus rares que dans le premier, et cette fois vous n’êtes plus là pour fuir mais pour casser du dino ! Vous disposerez d’un lourd arsenal qui va beaucoup évoluer au long du jeu. Dino Crisis 2établit même un système de points pour les dinos tués. Ces points seront utiles pour acheter des munitions, de nouvelles armes et des tas d’autres ustensiles utiles pour votre inventaire. Le principe sera donc simple : avancer et tirer. Pour autant, on retrouve la même interface et le même système de caméras que Dino Crisis 1, ce qui permettra aux adeptes du premier de ne pas être dépaysés.

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Dino Crisis 2 est donc un pur Shoot’em up et par conséquent, Capcom a choisi de varier les plaisirs en mettant en avant des tas de dinos. On retrouvera les mythiques : vélociraptors, T-Rex et Ptéranodons. Mais de nouveaux feront leur apparition comme l’oviraptor, l’allosaure, le tricératops entre autres. Mais nous aurons aussi des phases sous marines qui nous mèneront à affronter des reptiles marins comme des élasmosaures et des mosasaures. Sans parler du dino qui constitue le boss final de la fin : Un Giganotosaurus aux proportions gonflées. Vous aurez donc de quoi dresser une salle de trophées de chasse inégalable.

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Concernant l’ambiance du jeu, elle est donc plus primitive que celle de Dino Crisis 1. Pour autant sur l’aspect terrifiant, le premier remporte la palme avec son atmosphère particulièrement glauque et oppressante. Cela dit, l’ambiance de ce second épisode se veut plus étrange que son prédécesseur. Une étrangeté d’ailleurs inquiétante et qui se répercute même sur le scénario qui restera pleins de mystères jamais élucidés, Notamment ces inquiétants hommes casqués qui attaquent les personnages tout au long du jeu via des cinématiques et dont on ne sera que très peu de choses. D’ailleurs le scénar de Dino Crisis 2 est très intéressant mais les révélations finales ont tendance à partir un peu dans tous les sens. Nous aurons par ailleurs droit à une sacrée fin qui pourra donner lieu à diverses interprétations.

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Tout comme dans le premier opus, on aura aussi droit à une BO superbe et hyper travaillée. La BO de Dino Crisis 2 est culte. Elle reprend les thèmes majeurs du premier et en ajoute bien d’autres qui collent à ce nouveau décor et crée une nouvelle ambiance qui n’est pas moins atmosphérique que celle du précédent jeu. Car c’est au final ce qui définit pas mal ce Dino Crisis 2 : une atmosphère prenante et pesante par moment. Typique des jeux japonais.

Mais l’un des gros plus de Dino Crisis 2, ça reste indéniablement l’Extra Crisis. Un mode qui n’apparaît que lorsque vous avez terminé le jeu. L’Extra Crisis vous proposera le « Dino Colosseum ». Vous aurez ici la possibilité d’incarner les persos du jeu : Dylan et Regina, mais également deux protagonistes du premier jeu : Rick et Gail. Votre but sera de survivre dans une arène aux hordes de dinosaures qui vous attaqueront par vague d’espèces différentes. C’est dans l’Extra Crisis que vous allez pouvoir consommer les points que vous avez cumulé tout au long du jeu. Ils vous permettront d’acheter des armes, des personnages et également un tank. Mais les points ne seront pas tout et les dossiers que vous aurez récupérés vous seront également très utiles, notamment pour acheter des dinosaures que vous pourrez ensuite jouez pour en combattre d’autres en duel dans le mode « Dino Duel ». Bref l’Extra Crisis permet de sacrés défouloirs et de se livrer à des combats de dinosaures. Un plus très bien vu de la part des développeurs.

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Dino Crisis 2 est donc un excellent jeu. Certes on préférera le premier plus terrifiant, au concept plus travaillé et au contexte plus original sans doute. Mais ce second opus ne démérite pas et reste un super jeu.

 

 

Note : 16/20

 

Jurassic Park 3

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Catégorie : Cinéma

Genre : Aventure

Année :2001

Public : Tous Publics

Durée :1H32

Nation : USA

Réalisateur :Joe Johnston

Acteurs : Sam Neil, William H. Macy, Téa Leoni, Alessandro Nivola, Trevor Morgan, Laura Dern

Synopsis : Huit ans après les évènements de Jurassic Park, et quatre ans après l’incident de San Diego, le professeur Alan Grant, un des rescapés, est contacté par Paul et Amanda Kirby, un couple de milliardaires en quête de sensations fortes et qui lui offre le financement nécessaire à ses recherches s’il accepte de leur servir de guide pour survoler Isla Sorna. Grant finit par accepter l’offre et part avec le couple, accompagné de son assistant Billy et d’un petit groupe de mercenaires. Mais une fois arrivés l’île, Alan comprend que les Kirby sont en réalité ici pour retrouver leur fils Erik disparu.  

 

Analyse critique :

(Attention SPOILERS !)

Nous replongeons à nouveau dans Jurassic Park avec le troisième opus de la série qui pendant très longtemps fut le dernier. En ce sens, Jurassic Park s’est tout simplement inscrit dans le phénomène courant des trilogies. « Jamais deux sans trois » dit le proverbe.

On se souvient que le premier Jurassic Park réalisé par Steven Spielberg en 1993 avait rencontré un énorme succès. Du coup, la logique commerciale avait imposéà Spielberg une suite intitulée Le Monde Perdu : Jurassic Park. Là encore le succès avait été au rendez vous au vu de la notoriété du premier mais pourtant, cette suite montrait déjà des faiblesses et prouvait que le phénomène JP était plutôt limité. Difficile en fait de renouveler un concept qui s’essouffle rapidement. Pourtant, au vu des recettes du second film, il n y a aucune raison pour qu’Universal et Amblin ne sautent pas sur l’occasion d’un troisième opus.

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Cependant, cette fois, contrairement aux deux premiers, les scénaristes ne pourront pas compter sur un roman de Michael Crichton comme matière première. Il y’a visiblement une envie de revenir au premier opus qui était de loin le meilleur des deux. A la base, Steven Spielberg pensait faire revenir le personnage d’Alan Grant, dont l’absence avait été déplorée par le public dans le second film. Grant devait se retrouver seul sur Isla Nublar vivant perdu dans la nature tel un Robinson Crusoë dans un univers infesté de dinosaures. Une idée pas super originale mais démarquée des précédents épisodes. Elle sera cependant rapidement oubliée. Pour autant, elle pose une base qui sera conservée : le retour d’Alan Grant.

David Koepp qui avait rédigé les scénarios précédents, décline l’invitation pour ce nouvel épisode. Quant à Steven Spielberg, il n’est plus vraiment de la partie non plus, puisqu’il se contente de produire ce troisième opus laissant la réalisation à l’un de ses disciples Joe Johnston. Mais ce n’est pas tout ! John Williams lui-même, occupé par d’autres projets laisse le soin de la BO à Don Davis. Cela dit, de nombreux thèmes de Williams, conçus pour les épisodes précédents, sont repris.

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Pour revenir à l’histoire, ce n’est pas moins de neuf scénaristes qui vont se succéder pour concevoir le script qui sera revu et corrigé. Ce troisième épisode part donc sur de très mauvaises bases. Mais le pire reste à venir. Dés le premier jour de tournage, un cascadeur doit être hospitalisé, une barge contenant 150 000 $ de matériels est engloutie dans une rivière. Spielberg et Johnston menacent tout deux de se retirer du projet ! On évalue les pertes à 18 millions de dollars en quelques semaines ! C’est une vraie catastrophe ! La productrice Kathleen Kennedy va cependant tout reprendre en main et convaincre Spielberg et Johnston de rester. Ce dernier devra donc réaliser le film avec des moyens désormais restreints. Le scénar est rendu le plus conventionnel possible au vu des difficultés. Mais il est sans cesse remanié tout au long du tournage. Pour l’équipe et les acteurs, c’est absolument infernal. Une rumeur prétend même que les acteurs auraient fini eux-mêmes par participer à l’écriture du script pour épaissir des personnages totalement opaques. William H. Macy et Alessandro Nivola décriront un tournage cauchemardesque et hautement déprimant.

Décidemment Jurassic Park 3 semble très mal parti mais qu’en est-il alors du film en lui-même ? Au final on peut dire en toute honnêteté que si les problèmes survenus se font indéniablement ressentir dans le résultat final, Joe Johnston a tout de même réussi à sauver les meubles.  

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Premièrement, l’un des points positifs de Jurassic Park 3 est d’avoir voulu un peu revenir à l’ambiance du premier épisode. Cela se ressent par le retour de Sam Neil, mais aussi dans le décor. Car si l’histoire de ce troisième film se passe sur Isla Sorna « Le Site B » comme dans le second, le tout a été tourné sur l’île de Kaua’i à Hawaii tout comme le premier épisode. On retrouve d’ailleurs lors de l’arrivée de l’avion les mêmes superbes décors naturels que lors de l’arrivée de l’hélico dans Jurassic Park.

Mais puisque nous avons déjàévoqué Sam Neil, continuons sur le casting. Les acteurs ont au final l’air peu concernés et Neil en tête. Ce qui est normal quand on connaît les conditions du tournage et qu’on sait qu’eux-mêmes ignoraient presque tout de la tournure des évènements. Non pas qu’ils signent non plus une mauvaise prestation, mais ils se contentent du minimum syndical. Le seul qui semble vraiment se démener un peu j’ai l’impression c’est Williams H. Macy, mais il semble quand même avoir jeté l’éponge à un moment du tournage.

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Mais au final, on aurait presque envie de dire : «  Qu’importe ! Les vrais acteurs qui nous intéressent dans Jurassic Park c’est les dinosaures ! » Qu’en est-il ? Honnêtement on ne retrouve pas le niveau de qualité dont avait fait preuve les premiers opus et surtout le second. Pour autant, c’est toujours Stan Winston qui confectionne les bestiaux. Honnêtement les CGI qui sont utilisés pour les troupeaux d’herbivores et les grands brachiosaures sont indignes de la saga. De même en fait que tous les dinos secondaires à l’histoire qui sont nettement moins bien réalisés que dans les opus précédents, ce qui la fout mal pour un film plus récent. Mais là encore, on comprend d’oùça vient au vu de la cata budgétaire qu’a subit le film au début du tournage. Cela dit, les grandes stars sont plutôt bien réussies. Les raptors ont beaucoup changé et une différence est notée entre les mâles et les femelles. Les prédateurs sont munis de collerettes sur le crâne soulignant leur parenté avec les oiseaux.

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Mais Jurassic Park 3 est également l’épisode qui introduira un nouveau grand « bad dino » : Le Spinosaure. A la base, Joe Johnston a eu une idée de bon augure pour pimenter la saga et éviter la redite : mettre en scène un prédateur plus impressionnant et vicieux que le T-Rex. Le consultant du film était, tout comme dans les épisodes précédents, le paléontologue Jack Horner. Il était à l’époque au courant des dernières recherches qui positionnait le spinosaure (un dino connu depuis longtemps) comme le plus grand prédateur terrestre à avoir foulé notre monde, plus grand même que le T-Rex. Entre nous, Johnston aurait eu tort de ne pas sauter sur l’occasion. On sent ici qu’il est totalement influencé par Horner pour qui le Spinosaure était un grand super prédateur et le T-Rex un banal charognard lourd et lent. On voit d’ailleurs dans le film le T-Rex déguster une charogne avant de se faire briser la nuque lors d’un affrontement avec le Spinosaure. Cette scène est claire : Le Spino est le nouveau grand méchant et détrône même le T-Rex sur l’affiche du film. Un peu de souffle nouveau qui ne devrait pas faire de mal. Pourtant, si l’idée de base est bonne, les conséquences seront négatives. Les fans digéreront assez mal de voir le T-Rex, icône et star des premiers films se faire sortir de la course de façon aussi expéditive par un dino qui va du coup être haï par une large partie du public pour avoir tuer une idole ancrée dans la culture populaire. Par ailleurs, cela donnera lieu à des débats. Aujourd’hui la thèse du T-Rex charognard a été démontée et même Horner, qui était un des plus fervents partisans de cette théorie, a fini par admettre que le T-Rex était comme la majorité des carnassiers, prédateur et charognard. Quant au terrible Spinosaure, il semble qu’il était en réalité piscivore. Il paraît donc difficilement concevable qu’avec son bec de gavial il ait pu briser le coup d’un T-Rex et dégager le sien de la mâchoire la plus puissante du règne animal selon les scientifiques. Mais soit ! L’intention était là j’ai envie de dire, et le spino fait tout de même un bon méchant. D’ailleurs le film exploite très bien la théorie selon laquelle cet animal aurait été semi-aquatique, un peu comme un crocodile. Le monstre de service est d’ailleurs assez bien réalisé.

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Mais l’une des séquences clés de Jurassic Park 3 reste clairement la scène de la volière qui lui fait marquer des points ! Pourquoi ? Parce qu’en réalité, outre son originalité, cette scène figurait déjà dans le roman de Michael Crichton qui servit de base au premier film. Ni dans Jurassic Park, ni dans Le Monde Perdu, Spielberg ne s’était risquéà la mettre en scène au vu de sa complexité technique. Joe Johnston y ‘est parvenu avec un budget inférieur et des difficultés de tournages. Donc ça mérite un petit bravo ! Cette séquence est de loin la scène clé du film et l’équipe l’a bien compris en faisant apparaître l’ombre d’un ptéranodon sur l’affiche. Elle est plutôt bien gérée au niveau du rythme et de la tension. Les ptéranodons de service sont plutôt bien faits même si là encore on n’atteint pas le niveau du réalisme des opus précédents.

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Jurassic Park 3 a donc quelques bon points, mais passons aux moins bons. Nous avons déjàévoqué quelques aspects négatifs, mais le plus gros reste le scénario. Il est au final très conventionnel et pleins d’incohérences. On pourra par exemple se demander comment un garçon de 13 ans a pu survivre seul sur île infestée de dinosaures pendant 2 mois. Certes, on pourra me rétorquer que dans Aliens : Le Retour de James Cameron, une fillette de 6 ans survit pendant une vingtaine de jours dans une station fantôme infestée de xenomorphes. Donc, à la rigueur, Jurassic Park 3 n’est pas le premier film qui contient des incohérences de ce genre. Ensuite, on pourra également reprocher au film la chambre de résonnance du raptor reconstituée et qui permet à Grant de communiquer avec ces dinosaures à la fin. Là encore, le film va un peu trop loin dans son concept et en est presque ridicule. Après, le scénario en lui-même est une fois de plus classique. Certes, on peut le trouver intéressant dans le sens où il revient aux « bonnes vieilles valeurs » de la cellule familiale reconstituée. Plein de bons sentiments, qui sont cependant amené de façon trop digne d’une série américaine avec la niaiserie et la ringardise qui va avec.

 

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Après, le scénario n’est pas la matière première du film qui joue avant tout sur l’action comme dans le second opus de la saga au final. D’ailleurs Johnston impose un bon rythme et on n’a pas vraiment le temps de s’ennuyer. On trouve également plus d’humour que dans les deux films précédents.

En Bref, Joe Johnston ne s’en sort pas si mal alors que c’était loin d’être gagné.

Cependant, à sa sortie, Jurassic Park 3 sera vivement critiqué. Il subira la comparaison avec les films précédents et beaucoup déploreront l’absence de Spielberg derrière la caméra.

 

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Jurassic Park 3 reste probablement l’épisode le plus faible de la saga. Il n’est pas mauvais pour autant. Le film remportera d’ailleurs un bon accueil public et sera tout de même un succès commercial.

Jurassic Park 3 malgré ses faiblesses reste donc un bon film et au vu des difficultés rencontrées sur le projet, on peut dire que Joe Johnston ne s’en est finalement pas trop mal sorti.  

 

 

Note : 12/20

Tous Unis Contre la Haine

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Catégorie : Télévision

Sujet : Les clips antiracistes envahissent les télévisons !  

Analyse Critique :

Bonjour à tous, aujourd’hui, un article un peu particulier, puisque je ne chroniquerai pas une œuvre mais je parlerai de télévision.

Vous l’aurez sans doute remarqué en ce début de semaine, des clips chocs antiracistes ont envahi notre télévision. « Tous unis contre la Haine » est le nom de cette campagne. Personnellement je ne regarde presque plus la télé, je me force de temps en temps à regarder BFM, pour voir jusqu’où ils sont capables d’aller dans la désinformation et le mensonge.

Il existe une théorie qui dit que plus une société est métissée, multiraciale, multiethnique et multiculturelle, plus la suspicion de racisme est élevée, l’antiracisme devient alors une obsession.

Hier matin, alors que je déjeunais tranquillement avant d’aller au boulot, bing ! Un texte apparaît : « Attention, Inspiré de faits de Réels, les propos et les images peuvent choquer ». Puis apparaît alors  des têtes de cochons décapitées et planté sur le portail d’une mosquée sous les yeux de musulmans pétrifiés. Alors qu’en fond on entend des voix dirent qu’il y’a trop de musulmans en France et que ça fait peur. Un message nous averti alors que le racisme et la haine, ça commence par des mots et ça finit dans la violence ! Waow !

Deux minutes plus tard, rebelote avec cette fois-ci, des juifs se faisant rouer de coups par des blancs, alors qu’en fond, des voies se plaignent du pouvoir des juifs dans la société ! Là encore le message est là.

Lorsque j’ai fini mon petit déjeuner, qui est rapide, car je me lève toujours quelques minutes avant d’aller au boulot, j’avais pourtant eu le temps de me prendre dans la gueule 5 ou 6 fois ce genre de clips ! J’avais un peu l’impression d’être Malcolm McDowell dans L’Orange Mécanique dont on lave le cerveau à coups d’images chocs.

Quel effet cela a-t-il eu sur moi ? Pour ma part j’ai été choqué. Pas tant, par la violence des images que par la surprise de les voir dans ce sens là. Pour être honnête et franc, je suis pour ma part, plus habituéà voir dans la rue des voyous issus de l’immigration s’attaquer en bande à un blanc pour le passer à tabac que le contraire ! Sur 5 ou 6 clips, je n’ai pas vu ces images qui font pourtant malheureusement partie de la vie courante de beaucoup de français. Cela marche aussi dans ce sens là ! Et le racisme anti-blanc est le grand absent de ce clip.

Certains l’ont d’ailleurs pointé du doigt rapidement. Mais plus rapidement encore est arrivé la cavalerie des gauchistes antiracistes officiels pour clamer « Peuh ! Le Racisme anti-blanc ! Encore une fouteuse propagande crée par les conspirationnistes d’extrême droite ! ». Pourtant la fouteuse propagande est bel et bien réelle quand on se balade dans certains quartiers. Le racisme anti-blanc est même le plus élevé et le plus banalisé. On peut en prendre pour exemple le nombre d’agressions commises par des immigrés envers des blancs. Or ces cas-là me dira t’on, ce n’est pas du racisme mais des faits divers. Car oui le blanc, figure-toi que le racisme anti-blanc n’est même pas reconnu ! Donc tu l’as dans le cul ! Tu peux pas porter plainte pour racisme si un noir ou un arabe de tabasse après t’avoir traité de « face de craie » ou de « fromage blanc » pour être gentil. Pourtant on le voit tous les jours dans la rue et même à la télé parfois.

Là encore, on me dira : « Oulà Stop ! Pas d’amalgames ! Tous les noirs et les arabes ne sont pas des racailles ! ». J’en conviens totalement. Mais ! Pas d’amalgames dans les deux sens alors. Quand un magrébin est agressé par un blanc on ne se préoccupe pas d’amalgame, on en appelle directement au « racisme français ». On nous ressort même les vieux dossiers de l’esclavage et de la colonisation dont on nous rabâche les oreilles pour nous culpabiliser et nous faire prendre conscience de la responsabilité du peuple français dans tout ça ! « Ce sont les français qui ont fait ça ! » Ainsi, Le pauvre ouvrier français smicard du Nord de la France se retrouve lui aussi responsable de la traite négrière et de la colonisation. En termes d’amalgame, difficile de faire mieux…  

Personnellement je trouve ces clips d’une grande malhonnêteté. J’en propose d’autres pour voir. Pour mes clips je modifierai légèrement le message d’intro « Attention, Inspiré de faits de Réels, les propos et les images peuvent choquer » et le remplacerai par « Attention, Faits et images réels, les propos et les images peuvent choquer ». Je ne pousserai pas le vice à montrer des images de Daesch ou des attentats du bataclan. Non ! Je montrerai des scènes de rues et j’aurais franchement l’embarras du choix, peut être j’hésiterai entre les images du premier de l’an à Cologne, des émeutes en banlieue ou celles du Trocadéro qui sont restées célèbres. Et en fond sonore, je sélectionnerais des extraits de textes de certains rappeurs clairement anti-français. Pour le second clip, Je montrerai des images des agressions perpétrées par la LDJ (Ligue de Défense Juive), groupuscule extrémiste sioniste, interdit aux USA et en Israël, mais légal en France, avec en fond les propos anti-français d’un Bernard Henri Levy, d’un Daniel Cohn-Bendit ou d’un Manuel Valls. Deux nouveaux racismes à la palette de « Tous Unis contre la Haine », Racisme anti-blanc et anti-goyim. 

On peut la jouer dans ce sens là aussi et user de la même malhonnêteté intellectuelle qui consiste à assimiler les paroles à des actes pour restreindre le principe de liberté d’expression.

La Christianophobie ? On peut évoquer les chiffres de 2014 :

206 cimetières chrétiens profanés contre 6 cimetières juifs et 4 carrés musulmans.     

Mais non, le racisme vous savez, ça ne marche que dans un sens. Seul le méchant blanc le pratique ! Et puis comme j’en ai marre de ces clips de propagande, je vais me mater un film au ciné, quoi au programme ? Chocolat, l’histoire de ce clown noir persécuté par ces salauds de blancs français ! Regardons le programme du soir, ils diffusent peut être la comédie Qu’est ce qu’on a fait au Bon Dieu ? Ou des salopards de français blancs cathos ne tolèrent pas que leurs quatre filles soient en couple avec des hommes d’origine étrangère. Il faut bien les comprendre, les hommes blancs sont tellement de gros fachos, racistes, incultes et assoiffés de sang ! En rentrant chez moi, je ne vais pas répondre aux insultes que me balancent les 5 haïtiens toujours plantés au même arrêt de bus que tous le monde a déserté. Puis de retour à la maison, peut-être qu’après m’être regardé dans la glace et avoir constaté la blancheur répugnante de ma peau, je me pendrai pour verser mon sang en offrande aux millions de gens que les européens ont opprimés.

On irait presque jusque-là si on écoutait les éternels discours de nos élites et de cette campagne financé avec 3 millions d’euros pendant que des français de toutes ethnies meurent de faim où sont sans abri. Vous me direz, en se portant partie civile lors des procès, les associations dites « antiracistes » perçoivent les sommes des amendes. Et au vu des chiffres, on comprendra que le racisme a de beaux jours devant lui ! S’il n’existait pas, l’antiracisme l’aurait probablement inventé (remember Alex Moïse, l’affaire du RER, l’Atrium, le Rabbin Fahri, l’incendie du centre social de Popincourt ou les tags antisémites dans le seizième arrondissement).

Ces clips auront -ils de l'effet. A mon avis autant que les images chocs sur les paquets de clopes. Je pense même qu'ils vont juste contribuer à faire monter les tensions entre les communautés et ça se voit déjà sur les réseaux sociaux alors que cette campagne n'a débuté que depuis Dimanche.

Vous voulez vous unir contre la haine ? Unissez vous contre toutes les haines et éviter d’en propager une autre en faisant du français blanc le nouveau bouc-émissaire de la société. Et pensez à ceux qui subissent du racisme tous les jours, sans qu’on le reconnaisse.       

Stop à l’antiracisme à sens unique !        

Dino Crisis 3

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Catégorie : Jeux vidéo

Genre :Action, Science Fiction

Année :2003

Public : +16

Nation : Japon

Editeur :Capcom

Développeur :Capcom productions Studio 4

Synopsis : En l’an 2548, le vaisseau spatial Ozymandias, disparu depuis 300 ans a réapparu près de Jupiter. Le contact n’a cependant pu être établi. Le SOAR, une équipe spéciale est donc envoyée en mission pour se rendre sur le vaisseau afin de savoir ce qui s’est passé. Une fois sur place, ils sont attaqués par d’étranges créatures mutantes mi-aliens, mi-dinosaures. Leur mission prend alors une autre tournure. 

Analyse critique :

(Attention SPOILERS !)

En 2001, la trilogie Jurassic Park s’est terminé, il était donc logique que deux ans plus tard, une autre grande saga de dino se complète par un troisième opus. C’est chose faite avec Dino Crisis 3, jeu vidéo édité par Capcom et sorti en 2003. Autant dire que ce troisième opus est attendu de pied ferme par les fans. En réalité, l’année précédente, en 2002, on avait déjà eu droit à un spin-off de Dino Crisis et de Resident Evil intituléDino Stalker. Ce jeu de Shoot’em up à la première personne semblait être aussi une préquelle de Dino Crisis 2.

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Mais en 2003, le troisième épisode officiel sort enfin et autant dire qu’il se démarque nettement des précédents. Premièrement le jeu ne sort pas sur le support PlayStation comme d’habitude mais sur La X-Box. Aussi, si vous comptiez sur cet opus pour en savoir davantage sur la fin étrange et ambigu de Dino Crisis 2, vous pouvez faire une croix dessus. Nous nous trouvons désormais en 2548, Regina et Dylan sont donc logiquement morts et enterrés depuis bien longtemps. Vous incarnerez ici un certain Patrick et une certaine Sonya qui manquent d’ailleurs cruellement de charisme et de personnalité.

Depuis le premier épisode, Dino Crisis s’est montré inspiré et influencé par les films Aliens. Ici le parti pris est complètement assumé puisque l’histoire se déroule dans un vaisseau spatial fantôme peuplé de créatures extra-terrestres. On retrouve donc le même schéma que la cultissime saga cinématographique. Mais alors ? Quel rapport avec les dinosaures ?

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En réalité, nos monstres de service ont été conçus à partir d’ADN de dinos avec lesquels ils partagent évidemment des similitudes. C’est un peu comme si un xénomorphe avait éclos d’un vélociraptor piégé par un facehugger. Ainsi, nous aurons par exemple un T-Rex mutant nommé Australis. Nous aurons également des rigels, des algols, des kornephoros, des regulus, des miaplacidus et même un cebalrai pour utiliser le jargon du jeu qui sert à nommer les créatures. Créatures conçues à base d’ADN de T-Rex, de vélociraptor, de giganotosaurus, de spinosaurus… Face au résultat, la première réaction est « Où est passéDino Crisis ? » tant cet opus n’a plus rien à voir avec la saga. C’est le reproche majeur que les fans firent au moment de la sortie. Beaucoup se sentiront trop dépaysés et on comprend pourquoi, étant donné qu’on se pose la question de savoir si cet opus mérite le titre « Dino Crisis ». Personnellement, ce changement radical d’ambiance, d’esthétique et d’histoire m’a beaucoup déplu au début, puis j’ai fini par apprécier ce parti pris radical et à contre courant. Dino Crisis 3 cherche au moins à se démarquer (c’est le cas de le dire) de ses prédécesseurs. D’autant plus que les bestioles sont franchement bien imaginées et bien réalisés. Elles sont également remarquablement animées et surprennent beaucoup par leur dextérité, leurs mouvements et leurs réflexes. En revanche, leur IA est très limitée contrairement aux opus précédents. Ainsi, lorsque vous passez d’un écran à l’autre, les créatures ne vous suivent plus ! Elles attendent tranquillement que vous repassiez par là. Cela ressemble à de la paresse vidéoludique.

    

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Concernant les décors, chaque nouvel épisode en proposait un nouveau (le complexe scientifique dans le premier, la jungle et les ruines dans le second), ce troisième épisode ne déroge pas à la règle et propose un tout nouveau décor, puisque nous nous trouvons à bord d’un titanesque et pharaonique vaisseau spatial. Là encore, les graphismes des espaces parcourus sont chiadés et le tout est très beau mais également répétitif. On sature bien vite des décors métalliques de l’Ozymandias.

    

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Pour ce qui est de la jouabilité et le système de ce Dino Crisis 3 on reste mitigé. On se souvient que le premier était un pur survival alors que le second misait tout sur l’action et le génocide de dinos. Le troisième suivra la même voie. Votre but sera donc simple : avancer et pulvériser des dinos mutants avec des armes ultra-futuristes. Le système de pointage concernant le nombre d’ennemis tués a également été conservé. Fini donc les énigmes du premier opus. Cette fois cependant nous serons munis d’un Jet-pack qui vous sera utile dans les batailles face aux dinos et qui vous permettra d’avancer plus vite également. Mais les développeurs ont aussi su exploiter cet aspect pour donner au jeu un petit côté plateforme, sur certaines séquences où vous devrez utiliser le jet-pack pour atteindre un endroit précis.

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Sinon, on se souvient du système de caméra des précédents épisodes. C’était déjà la marque de fabrique des Residents Evils et ça pouvait parfois présenter quelques défauts (comme des angles pas toujours bien choisis). On pensait donc que Dino Crisis 3 aurait logiquement abandonné ce concept en passant sur un nouveau support. Et bien pas du tout ! Et comble du comble, les défauts inhérents à ce système de caméras dans les épisodes précédents n’ont pas été effacés, non ! Ils ont carrément empiré ! Ainsi on se retrouve parfois dans une pièce avec une bonne dizaine de dinos sans pouvoir en voir un seul, car la caméra est braqué sur notre perso. On tire alors à l’aveuglette en se fiant aux bruits et à la musique pour savoir s’il reste encore des ennemis. Cela dit, je mens en disant qu’il n’y a pas eu de tentatives d’améliorations, puisque le jeu propose une vue subjective style FPS. Cependant, il est impossible de se déplacer avec, et le passage d’une vue à l’autre laisse le temps aux dinos de se goinfrer de vos tripes. Bref ce système de caméras restera définitivement le grand défaut de la saga.  

    

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On retrouvera aussi le système de dossiers secrets à récupérer comme dans Dino Crisis 2.

La BO est quant à elle plutôt réussie, bien que de moindre qualité que dans les opus précédents. Le scénario est franchement classique et inintéressant.

Dino Crisis 3 tranche donc radicalement avec ses prédécesseurs en proposant un univers morbide et spatial qui a sans doute été l’une des nombreuses influences du jeu Dead Space sorti en 2009.

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On tient au final un jeu qui n’est pas mauvais mais qui reste assez décevant. Après ça reste tout de même de qualité malgré tout.

    

 

Note : 12,5/20

Jurassic World

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Catégorie : Cinéma

Genre : Aventure, Science fiction

Année :2015

Public : Tous Publics

Durée :1H59

Nation : USA

Réalisateur :Colin Trevorrow

Acteurs :Chris Pratt, Bryce Dallas Howard, Vincent d’Onofrio, Nick Robinson, Ty Simpkins, Irrfan Khan, B.D Wong, Omar Sy

Synopsis : 20 ans se sont écoulés depuis l’incident de Jurassic Park. Après tant d’années, le rêve de John Hammond s’est enfin réalisé sous le nom de Jurassic World : un immense parc à thème où des dizaines de milliers de visiteurs viennent admirer des dinosaures en chair et en os. Cependant, pour répondre aux attentes d’un public vite lassé, les concepteurs ont crée Indominus Rex : un nouveau dinosaure, fruit de manipulations génétiques mélangeant l’ADN des plus grands carnassiers du crétacé. Le résultat : un super prédateur imposant et terrifiant. Et lorsqu’il parvient à s’échapper de son enclos, le chaos s’empare de l’île et le cauchemar recommence.     

 

Analyse critique :

(Attention SPOILERS !)

Il aura fallu attendre 14 ans avant qu’un nouvel épisode de la saga Jurassic Park voit enfin le jour. Attente longue mais qui a une explication. En réalité, l’idée d’un « Jurassic Park 4 » n‘est pas du tout nouvelle. Mais pour mieux comprendre tout ça, il faut en revenir aux origines de la saga.

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En 1993, Steven Spielberg touchait le gros lot en adaptant le roman Jurassic Park de Michael Crichton. Avec plus du 900 millions de dollars de recettes, le film devenait à l’époque le plus rentable de l’histoire du cinéma. Succès oblige : une suite devait voir le jour. Spielberg ne manquera pas l’occasion de se faire un petit billet et réalisera un second film, basé là encore sur un roman de Crichton, et intituléLe Monde Perdu : Jurassic Park. Ce second opus, techniquement superbe, se révélait cependant décevant. La faute à un scénario plat, banal et inintéressant avec en plus des doses insupportables de féminisme et d’écologie. Ce second épisode rencontra certes du succès qu’il dut au final beaucoup plus à la notoriété de l’épisode précédent qu’à ses qualités discutables.

 

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Mais l’appât du gain est toujours plus fort, et on nous pondait Jurassic Park 3 ou cette fois-ci, même Spielberg n’osait même plus se mouiller en laissant les  manettes à Joe Johnston qui dût composer dans des conditions de tournages déplorables. Là encore les clichés étaient de mise et les tentatives d’innovations laissaient mitigés, sans compter la faiblesse technique par rapport aux opus précédents. C’était clair, Jurassic Parkétait devenu une trilogie et maintenant il était temps que ça s’arrête surtout au vu des derniers né.        

Et pourtant ! Rapidement l’idée d’un quatrième épisode surgit. Il faut dire que les studios sont toujours avide de dollars et choisissent les solutions les moins risquées et les plus lucratives. Mais en l’occurrence, même les fans, déçus des deux suites, demandaient un quatrième film pour tenter de rectifier le tir. Dés 2002, Spielberg annonçait un quatrième épisode réalisé par Joe Johnston (réalisateur du troisième). Des rumeurs couraient alors sur une sortie prévue pour 2005. Déjà, L’acteur Sam Neil parle même de reprendre le rôle d’Alan Grant. Stan Winston affirme travailler sur le projet en collaboration avec le paléontologue Jack Horner. Mais lorsque Stan Winston et Michael Crichton (auteur des bouquins) décèdent, le projet est sérieusement compromis.

 

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Il commence cependant vraiment à faire le buzz sur le net à partir de 2009. On parle alors d’un nouveau film baptisé« Jurassic Park 4 : Extinction ». En réalité, les rumeurs n’ont rien d’officielles. On a même su qu’elles découlaient en partie des travaux préparatoires oubliés de Jurassic Park 3 qu’il avait été question de baptiser « Jurassic Park : Extinction » au début de sa genèse. L’idée avait cependant été rapidement oubliée. Mais elle repartit de plus belle. Visiblement, au vu des rumeurs, ce « Jurassic Park 4 : Extinction » se baserait une nouvelle fois sur Isla Sorna, où les dinosaures auraient contracté un virus qui auraient étéà l’origine de leur extinction il y’a 65 millions d’années. Ce virus, transmit par les dinosaures, pourrait menacer l’humanité qui désormais devrait éliminer tous les dinosaures conçus par InGen pour éviter que l’espèce humaine ne s’éteigne. Honnêtement le speech est intéressant et aurait permis à la saga d’aller vers des contrées plus sombres. Le projet semble soudain dépasser le stade de la rumeur et les fans ont envie d’y croire. Dés 2012 des fuites sont relayées par les médias, visiblement cet épisode mettrait en scène une nouvelle espèce de dino apparentéà un dinosoroïde ou plus précisément dinosaure humanoïde. Des croquis préparatoires sont mêmes diffusés. L’idée vient probablement d’une œuvre du taxidermiste Ron Seguin qui avait présenté sa vision du troodon comme un dinosoroïde. Cette idée qui fait le buzz, choque les fans qui y voient un sacrilège enfonçant définitivement la saga dans le navet. Le dinosaure humanoïde sera donc abandonné en même temps au final que le projet intéressant de « Jurassic Park 4 : Extinction » qui n’a jamais vraiment été officiel.

 

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Pourtant le projet existe bel et bien. Au début des années 2010, cependant en termes de dino, Spielberg se concentre sur sa série ratée Terra Nova qui sera un flop logique. Le projet « Jurassic Park 4 » ressort alors. Mais ses créateurs le reprennent à zéro et le rebaptise « Jurassic World », c’est donc ici que commence l’histoire qui nous intéresse. Le nom de Colin Trevorrow à la réalisation est rapidement évoqué et l’acteur Chris Pratt fait le buzz avec une vidéo diffusée sur le net où il affirme qu’il sera dans le casting de ce nouveau film.

L’absence de Spielberg à la réalisation est déplorée. Le réalisateur Colin Trevorrow affirme que le film ne sera ni un reboot, ni un remake mais une suite directe du premier et le début d’une nouvelle trilogie. Il annonce également la présence d’un nouveau dinosaure qui ne restera pas longtemps secret, puisque la promo des produits dérivés qui précéda la sortie du film dévoila le visuel de la créature en question.

 

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Jurassic World sort donc au cours de l’été 2015.

Trevorrow l’a déjà dit, il s’agit d’une suite directe du premier. Les deux suites initiales que sont Le Monde Perdu : Jurassic Park et Jurassic Park 3 ont donc totalement été oubliées pour écrire ce nouveau film. Trevorrow et les scénaristes ont travaillé comme si ces deux suites n’avaient jamais été réalisées, ce qui n’est vraiment pas plus mal. On peut même dire qu’avec cette optique, Jurassic Worldpart sur de bonnes bases.

Mais qu’en est-il alors de ce nouveau film qui fait directement écho au premier ? Ne tournons pas autour du pot : Si le premier restera de loin indétrônable, ce Jurassic World s’impose sans aucun doute comme la meilleure suite qu’il y’est été donnée. Le film a certes des défauts et autant donc commencer par le mauvais.

 

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Les défauts les plus visibles ne se situent pas sur le plan technique. Premièrement, on pourra reprocher au scénario d’être assez conventionnel et de faire de Jurassic World un quasi-remake de Jurassic Park. Certes, c’est un peu : « on prend les mêmes et on recommence », car on le sait le concept de ce genre de film n’est pas vraiment renouvelable. Parmi les personnages, beaucoup de stéréotypes, on aura l’occasion d’y revenir, mais le plus grossier reste celui de Simon Masrani, le nouveau propriétaire qui est un gentil milliardaire qui ne pense pas du tout au profit mais uniquement à faire plaisir aux gens. Certes, ça découle un peu du protagoniste de John Hammond, mais c’était plus fin le concernant (je parle par rapport au premier film). On notera aussi plusieurs incohérences, par exemple : un dinosaure aussi intelligent soit-il ne peut pas ruser à ce point et encore moins saisir l’utilité s’arracher son émetteur GPS. On pourra aussi difficilement concevoir qu’un animal tue « pour le plaisir » (« par instinct » aurait été un terme plus approprié). On pourra également reprocher le fait que deux animaux d’espèces différente s’unissent contre un mal commun, mais ceci dit la nature nous a montré des unions incroyables donc pourquoi pas.  L’un des défauts de Jurassic World en fait c’est de trop vouloir humaniser certains dinosaures. On pourra aussi tiquer sur un ado et un gamin qui remettent en état, une voiture qui n’a pas tourné depuis 20 ans, comme si c’était « la malibu de papi ».

 

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Des incohérences donc, mais dans le fond on ne va pas voir Jurassic World pour chercher du réalisme. Et le film parvient à garder le spectateur, car même quand il joue dans la surenchère, ça se révèle ludique.

Après certains points sont mitigés. Par exemple on appréciera la nostalgie et les clins d’œil au premier opus, mais à force d’en abuser ça fini vite par devenir pesant et la surabondance de références peut avoir tendance à dépersonnaliser le film.

 

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L’autre point mitigé, c’est les personnages. Comme je l’ai dit, ils sont tous très stéréotypés et caricaturaux. On retrouve beaucoup de clichés, notamment sur les personnages des enfants et de Claire la directrice du parc. On peut même dire que c’est parfois gros comme une maison, à tel point que ça paraît être un parti pris volontaire. Mais cela n’empêche nullement ces personnages de devenir attachants. On peut même dire qu’on n’en avait pas eu d’aussi attachants depuis le premier film. La clé en est le retour aux fondamentaux. Fini les féministes, écolos ou famille de ringards. Retour au traditionalisme avec un Chris Pratt très « Eastwoodien » dans le rôle d’Owen Grady : le mâle viril et macho qui est l’élément fort du groupe et le sauveur, alors que Bryce Dallas Howard d’abord réticente et prompte à affirmer son autorité hiérarchique prend plaisir à le suivre et tient absolument à garder ses talons pour l’aventure. On en revient au personnage féminin du vieil Hollywood et ce n’est pas sans déplaire. Les enfants sont quant à eux à leur place, ils feront beaucoup de connerie et c‘est « papa owen » qui devra réparer les pots cassés. Pas bienpensant du tout mais réaliste ! Beaucoup plus réaliste que des gamins survivors qui sauvent les adultes incapables, dans des séquences souvent ridicules comprenant parfois pirouettes et acrobaties pour combattre un vélociraptor.

 

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Ce retour aux fondamentaux et aux vieux stéréotypes est paradoxalement plein de fraîcheur et nous change des enfiottés ou garçons manqués qu’a l’habitude de nous servir Hollywood. Les acteurs principaux sont par ailleurs quasiment tous charismatiques, (mention spéciale pour Chris Pratt une fois encore) malgré les clichés inhérents à leurs personnages.

On retrouvera également avec plaisir le docteur Woo qui a visiblement basculé du côté obscur de la force.

 

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Vincent d’Onofrio incarnera quant à lui le grand méchant du film. Son personnage est également très caricatural et lui aussi pleins de clichés.

Concernant la BO, on sera très contents de retrouver les superbes thèmes de John Williams, cela dit les nouveaux thèmes sont également bons sans être exceptionnels pour autant.

 

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Au final, Jurassic World contient beaucoup de défauts et de points mitigés. Cela dit, ils sont largement compensés par le reste. Il y’a une phrase de Steven Spielberg à propos du premier film qui est géniale, où il attribue le succès aux dinosaures. Il déclare : « Les gens sont allés voir et revoir Jurassic Park plusieurs fois pour voir des dinosaures, pas parce que le héros a une scène touchante avec des enfants dans un arbre ». C’est également cette phrase que je retiendrai. Le plus important dans Jurassic World, ce n’est pas les personnages, qui trop profonds auraient parasité le cheminement de l’intrigue, ou un scénario qui, trop complexe aurait cassé le rythme. Non ! Le plus important c’est les dinos. Et à ce niveau là on est quand même gâté !

 

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Sur les dinosaures cependant, un reproche a été fait : le manque de plumes. En effet, vu le temps qui s’est écoulé, Jurassic World aurait pu prendre en compte et même jouer carrément sur les dernières données paléontologiques. Aujourd’hui on est quasiment sûr que certaines de nos chères créatures mésozoïques avaient des plumes. Jurassic World aurait pu en profiter pour livrer des nouveaux designs de dinos. Mais on comprend qu’ils n’ont pas voulu prendre le risque de bousculer et de dépayser le spectateur habituéà voir des bêtes écailleuses depuis le début de la saga. L’idée leur a sans doute paru extravagante et les créateurs ont probablement eu peur de donner à leurs animaux des airs de poules ou de pintade. Et pourtant, certains croquis et dessins ont prouvé qu’on pouvait faire des dinos plumés très réussis et très design. La prise de risque aurait pu être intéressante. Cela dit, les dinos qu’on peut voir sont très beaux.

 

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Là encore, ils sont à la fois le fruit d’animatroniques et de CGI comme dans le premier film. Le T-Rex est d’ailleurs censéêtre la femelle du premier film qui a du coup été vieilli et couverte de cicatrices pour ce film. Les raptors ont quant à eux été colorés. D’ailleurs ils vont encore prendre davantage d’importance dans cet opus. Puisqu’en fait, on découvre qu’ils sont dessables et c’est à cette tâche délicate que s’adonne le personnage de Chris Pratt. L’idée peut paraître exagérée, pourtant en partant du principe que ce sont des animaux très intelligent, elle est tout à fait plausible. De plus, elle suit au final non seulement la continuité de la saga mais permet aussi d’apporter quelque chose de nouveau. Le raptor, qu’on nous a toujours imposé comme le grand méchant autrefois, devient ici un personnage plus complexe. On est là dans un retournement qui peut rappeler le cheminement de l’androïde d’Alien : Le huitième passager àAliens : le Retour, ou celui du T-800 de TerminatoràTerminator 2. Cela dit, le raptor ne devient pas non plus un gentil dino, loin s’en faut et on va voir que leur dressage va vite montrer ses limites. L’idée du dressage prend même une part inhérente dans le scénario, elle est donc une fois encore bien exploitée.  

 

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Quant au nouveau dinosaure qui devient la grande menace, il s’agit de l’Indominus Rex. Un terrible carnassier hybride conçu génétiquement. L’idée de remplacer le T-Rex est bien vue et avait déjàété utilisée dans Jurassic Park 3. Sauf que contrairement à ce dernier, Jurassic World saura mieux gérer la rivalité avec le T-Rex et n’entachera pas celui qui est l’icône de la saga. Mais ce qui est sympa, c’est que ce dinosaure a été inventé de toute pièce par l’équipe du film. Qui dit nouveau dino, dit champ libre à tout. Pourtant sur ce point là encore, il n’y a pas de prises de risques et si l’Indominus ou I-Rex est plus que crédible, il manque tout de même d’originalité. Les créateurs ont tenté de lui en donner en lui conférant des capacités de camouflages comme un caméléon ou une sèche. Cette idée n’est pas nouvelle puisqu’elle se trouvait déjà dans le roman Le Monde Perdu de Michael Crichton qui l’appliquait au Carnotaure. Cependant, si Crichton l’exploitait bien, ici elle sert juste àépater la galerie le temps d’une séquence et apparaît comme secondaire voire inutile. Bref pour un nouveau dino on aurait pu attendre plus d’originalité. Après la bestiole reste très bien foutue et vous procurera de bons moments. Certains ont voulu voir à travers l’I-Rex une métaphore de Daesh. Original comme idée ! Surtout si l’on s’en tient au fait qu’il a été conçu de toutes pièces par ceux qui vont par la suite le combattre ou prétendre le combattre.  

 

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Après, nous aurons différentes variétés et nous les verrons en action très souvent. Des ptéranodons aux ankylosaures, en passant par les eudimorphodons, diplodocus et autres tricératops et stégosaures. Avec en prime un mosasaure géant !

Cependant, pour en terminer avec les dinos, s’ils sont bien faits, on ne retrouve là encore pas le degré de réalisme qu’avait atteint Spielberg avec le second opus.

 

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Pour autant les dinos sont quand même un point positif du film et ce n’est pas le seul. On sera très content de retrouver Isla Nublar l’île oubliée par les suites au profit d’un site B peu ludique nommé Isla Sorna. Je le répète depuis la première chronique dédiéàJurassic Park, ce qui a fait l’originalité de cette histoire, c’est son décor de parc d’attraction ultramoderne mélangéà la jungle primitive qui offre un aspect très ludique. Colin Trevorrow l’a parfaitement compris et c‘est pour ça qu’il a refait lui aussi un parc d’attraction en voyant les choses en plus grand. Il a « dépensé sans compter » et a poussé le concept du premier Jurassic Park encore plus loin. Ici, nous ne sommes plus dans un zoo expérimental qui attend son visa, nous sommes dans un géant parc à thème ! Des décors fabuleux dernier cri avec attractions, monorail, sphères mobiles, canoë sur une rivière où de grands sauropodes viennent d’abreuver, aquarium géant ! Et surtout des dizaines de milliers de victimes potentielles ! Tout y’est ! Il n’y a plus qu’à lâcher les théropodes prédateurs. L’aspect parc d’attraction est donc encore plus exploité que dans le premier et c’est un régal de voir nos dinos se déchaîner en détruisant ce décor ultramoderne fruit du capitalisme américain.

 

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Sans compter l’action à gogo sur un rythme effréné. Pas le temps de s’ennuyer, les péripéties avec des dinos s’enchaînent. Les scènes d’actions sont par ailleurs très bien foutues. On retiendra les attaques de l’I-Rex, la course avec les raptors en moto et la traque dans la forêt. Puis aussi la fameuse scène des ptérosaures échappés de la volière. On se souvient que pour le premier film Spielberg n’avait pas pu faire la fameuse séquence de la volière figurant dans le livre. Joe Johnston lui avait finalement donné vie dans le troisième opus. Mais comme Trevorow ne tient pas compte de ce film, il crée lui aussi sa propre séquence qui va plus loin. Cette fois, c’est une nué de ptérosaures qui s’échappent de la volière et vont attaquer les touristes. Certains passages sont mêmes assez violents. On retiendra également le final qui fait littéralement dans la démesure. Vous l’aurez compris Colin Trevorrow nous en met plein la vue en misant pas mal sur l’aspect spectaculaire et grand spectacle.

Autant le dire, on en a pour notre argent !

 

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Mais que vaut Jurassic World sur le fond ? On retrouve en réalité la même thématique que le premier en plus poussée. A savoir les dérives de la génétique. C’est certes mené avec beaucoup moins de philosophie mais ça va plus loin dans le sens où ici l’homme crée carrément une nouvelle créature. Le tout sur fond de magouilles militaires qui veulent utiliser des prédateurs dinosaures pour la guerre. Idée qui n’est pas nouvelle, mais qui se tient, puisque des animaux intelligents ou dressés comme des chiens ou des dauphins servent à ces pratiques. 

Au final, rien de neuf à l’horizon. Un constat s’impose, Jurassic World se situe dans la lignée des autres suites et n’apporte rien de plus au premier film. Il contient également des défauts que nous avons évoqués.

 

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Au final beaucoup ont reprochéàJurassic World d’être un blockbuster sans âme donnant dans le fan-service. Force est de reconnaître que tout ça est vrai ! Mais pourtant ! Et paradoxalement ! Il se révèle meilleur que les deux premières suites données. On retrouve ici vraiment l’ambiance de Jurassic Park et c’est au final un bel hommage sur plus d’un point. Je repense notamment au plan final avec le T-Rex qui permet aux déçus du troisième film de savourer leur revanche concernant la star de la saga. Mais surtout, on retrouve le rythme du premier film, et l’action fonctionne mieux que dans n’importe laquelle des suites. Par ailleurs, comme je l’ai déjà dit, Jurassic World pousse plus loin le concept du premier en exploitant davantage le décor de parc à thème géant. De plus, on tient là l’épisode le plus sanglant et le plus meurtrier de la saga (plus que Le Monde Perdu). Bref ça envoie du lourd !

 

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Qu’importe si sur le fond le film comporte des défauts, Jurassic World remplit très bien sa fonction première de divertissement et ne s’encombre pas d’un débat écolo dépassé ou d’une histoire de famille niaise. Il délivre tout simplement la marchandise ! Là t’en as pour ton pognon et tu ressors de la salle vidé !

 

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Jurassic World, qui est devenu à sa sortie le troisième plus grand succès de l’histoire du box office mondial (sans tenir compte de l’inflation), s’impose donc tout simplement comme la meilleure suite de Jurassic Park.    

 

           

Note : 15/20

Reprise des activités

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Petit message d'info !

Le Blog reprendra ses activités le 05/04/2016, soit en début de semaine prochaine.

 

Merci pour votre fidélité

 

Vince 12

Nouveau Rythme

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Bonjour à toutes et à tous !

 

Petit info concernant la reprise des activités sur le blog. Le manque de temps libre ces-temps-ci m'obligent à ralentir la cadence. Désormais il n'y aura que deux chroniques par semaines, le mardi et le vendredi.

 

Merci pour votre fidélité !

 

Vince 12 


L'Homme sans Visage

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Catégorie : Cinéma

Genre :Drame

Année :1993

Public : Tous Publics

Durée :1H32

Nation : USA

Réalisateur :Mel Gibson

Acteurs :Mel Gibson, Nick Stahl, Margaret Whitton, Fay Masterson, Gaby Hoffmann, Geoffray Lewis

Synopsis : Le petit Charles Norstadt alias Chuck, rêve d’intégrer une école militaire pour fuir son quotidien familial qu’il ne supporte plus, entre ses multiples beaux-pères et sa demi-sœur qui le déteste. Mais pour y parvenir, il doit prendre des cours pendant ses vacances. Le seul professeur qu’il trouve est Justin McLeod surnommé« le monstre » en raison de son visage défiguré. Au début les relations sont conflictuelles, mais petit à petit, entre Chuck et monsieur McLeod naît une grande amitié.      

 

Analyse critique :

(Attention SPOILERS !)

Le moment est venu d’aborder l’une des figures les plus symboliques et les plus polémiques d’Hollywood : Mel Gibson.

Cette figure mythique du cinéma a fait peser son ombre sur les salles de cinéma. Il a connu l’ascension, la gloire absolue et le « déclin ».

Mel Gibson est né d’un père fervent catholique d’origine australienne et d’une mère d’origine irlandaise. En 1968, lui et sa famille (nombreuse) partent vivre en Australie pour échapper à la guerre du Vietnam et également à la dépravation et à la criminalité des USA. Alors que son père deviendra traditionnaliste, fondant la chapelle de Sydney, le jeune Mel tentera sa chance dans le cinéma en suivant sa sœur.

 

1

 

Après des études dans le théâtre, il commence à jouer dans des séries télévisées et dans le film Summer. Mais c’est en 1979, qu’il décroche le rôle principal pour un film fauché baptiséMad Max. Un road movie retro-futuriste ultraviolent qui fait un carton et devient le plus grand succès de l’histoire du cinéma australien. Il reprendra le rôle de Max pour deux suites. Dans les années 80, il rencontre également un énorme succès avec L’Arme Fatale. Mais Gibson ne tourne pas que dans des films d’action, il sait aussi varier les plaisirs sachant se faire une place dans les registres dramatiques. Le jeune prodige devient bien vite la nouvelle grande star d’Hollywood et en 1985, il devient le premier à se faire attribuer le prix de « l’homme le plus sexy au monde » par le magazine « People ». Bref tout semble lui sourire et il arrive dans les années 90 avec une réputation déjà bien imposée. Il ne fait que confirmer son succès avec les suites de L’Arme Fatale. Cependant, il fait sans doute une erreur en refusant de jouer Batman pour Tim Burton. En 1991, il s’essaie au registre tragique en jouant dans Hamlet de Franco Zeffirelli (lui aussi chrétien traditionnaliste). La grande star des blockbusters veut aller vers le domaine de l’artistique, il veut faire ses propres œuvres. Après avoir produit Forever Young, avec sa nouvelle société Icon Productions, il s’essaie pour la première fois à la réalisation avec L’Homme sans Visage sorti en 1993.

C’est donc ce film là qui nous intéresse. Pour son premier long métrage, Gibson a pris pour bases un roman d’Isabelle Hollande rédigé vingt ans plus tôt. Il raconte l’histoire d’un enfant rêvant d’intégrer une école militaire contre l’avis de sa mère. Il fait alors la rencontre du professeur McLeod, un professeur défiguré par un accident de voiture.

 

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Le scénario est certes de facture classique mais se démarque tout de même de la plupart des autres productions du genre.

On a souvent vu le schéma classique de l’enfant qui veut réaliser un rêve et qui va découvrir un prof extraordinaire pour l’aider. Mais ici, l’enfant ne rêve pas de devenir danseur ou peintre, il veut intégrer une école militaire, ce qui est déjà plus original. Sa mère refuse car l’école militaire c’est un truc de « fascistes » selon elle. On est donc typiquement dans le débat inversé des autres productions hollywoodiennes. De plus ici, l’envie de Chuck d’intégrer une école militaire peut avoir un sens. Il cherche, on le sait, àéchapper à son quotidien familial : une mère veuve qui enchaîne les aventures avec des hommes qui sont autant de beaux pères, une demi-sœur bimbo qui le déteste. Des disputes et des insultes matin, midi et soir. On peut alors comprendre que dans un milieu si instable, Chuck veuille adhérer à la rigueur de l’armée. Il y’a aussi un côté provoquant dans sa décision. Il faut l’entendre déclarer rêver d’ « être payé pour balancer des bombes au napalm ». Le personnage est donc intéressant.

 

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Mais le plus intéressant reste indéniablement le professeur Justin McLeod chargé d’aider Chuck à réussir son examen pour entrer à l’école militaire. Homme défiguré surnommé« le monstre » et vivant reclus avec son berger allemand comme unique compagnon. On apprendra qu’il a été victime d’un accident de voiture, qui coûta la vie à l’un de ses élèves présent avec lui dans le véhicule. Il fut inculpé pour homicide involontaire et soupçonnéà tort de pédophilie. McLeod est donc un homme brisé dont le visage défiguré ne fait retranscrire la brèche intérieure. Il retrouvera à travers Chuck le goût de la vie et sa passion pour sa profession, mais malheureusement, les démons du passé finiront par resurgir.

Une histoire classique mais intéressante donc et avec ses spécificités.

 

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Pour une première réalisation, Mel Gibson s’en sort très bien. Certes, le film est conventionnel sur sa mise en scène, mais il faut partir du principe que c’est un essai pour l’acteur désormais réalisateur. De plus, on trouve quand même quelques ingéniosités visuelles. Je pense notamment au plan avec le miroir qui est génial. Le fait que le personnage de McLeod ne soit défiguré que d’un côté permet aussi à Gibson de jouer sur cela pour donner une certaine symbolique à des scènes (d’ailleurs la personnalité de Double Face est abordée à travers une BD de Batman que lit Chuck). Après on peut parfois avoir l’impression d’être plus dans un téléfilm que dans une œuvre cinématographique.

La musique, pourtant composée par James Horner, est plutôt banale mais tient la route.

L’essentiel du film repose surtout sur le casting.

 

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Mel Gibson passe donc aussi devant la caméra. Nul doute que sa présence en tant qu’acteur devait assurer la promo du film plus qu’autre chose. Mais l’acteur s’en sort très bien dans son rôle. Il est même meilleur devant la caméra que derrière. Certes, là encore le tout reste très conventionnel mais suffisamment efficace pour qu’on adhère à la personnalité de ce prof brisé et atypique.

Le jeune Nick Stahl tient lui aussi très bien son rôle (à part sur sa crise surjouée, lorsqu’il découvre la vérité sur son père) de même que le reste du casting.

L’Homme sans Visage est donc un film plutôt réussi qui évoque les relations entre prof et élèves, adultes et enfant et dresse un constat sur les vies brisées et le retour inlassable du passé. McLeod est condamnéàêtre « le Monstre », il est conscient que c’est là« le rôle qu’il a tenir ». On peut donc y voir une petite allusion à la place de l’individu dans la société. En fond de trame, plane également l’ombre de la guerre du Vietnam, un sujet personnel pour Mel Gibson puisque c’est ce conflit qui l’a poussé lui et sa famille à migrer en Australie.

 

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L’Homme sans Visage est également bien réalisé même si le tout reste vraiment trop classique et conventionnel. Une fois encore, on a l’impression d’être plutôt dans un téléfilm. Au final, Mel Gibson se révèle ici meilleur devant que derrière la caméra. Cependant, ne perdons pas de vue qu’il s’agit là de sa première réalisation et la star semble avoir surtout voulu se faire la main avec un petit film simple.

Il y’a plutôt réussi et a par la même signé une œuvre sympathique et touchante.

             

                 

Note : 14,5/20

Braveheart

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Catégorie : Cinéma

Genre :Aventure, Historique, Biopic

Année :1995

Public :Tous Publics

Durée :2H51

Nation : USA

Réalisateur :Mel Gibson

Acteurs : Mel Gibson, Sophie Marceau, Patrick McGoohan, Catherine McCormack, Angus Macfadyen

Synopsis : A la fin du XIIIème siècle, l’Ecosse est écrasée par la domination anglaise. William Wallace, un jeune écossais n’ambitionne qu’une chose : cultiver un morceau de terre dans les belles prairies d’Ecosse et vivre heureux avec sa femme. Mais lorsque cette dernière est assassinée par des soldats anglais, Wallace prend conscience de la terreur que fait régner la couronne anglaise. Il prend la tête d’un groupe d’hommes et commence à organiser une rébellion. Il dirige une armée inférieure en nombre aux troupes du roi mais parvient pourtant à repousser les anglais jusqu’à leurs frontières : La Guerre est déclarée !    

 

Analyse critique :

(Attention SPOILERS !)

Sur ce blog, nous avons récemment abordé Mel Gibson. Grande star hollywoodienne, il a fait sa réputation d’acteur dans les années 80. Au début des années 90, alors qu’il est au sommet de sa gloire, il tente sa chance en tant que réalisateur en mettant en scène L’Homme sans Visage. Un petit film dramatique honorable qui se veut un très bon premier essai.

Alors qu’il enchaîne les succès en tant qu’acteur, Gibson décide que le moment est venu de passer aux choses sérieuses. Et autant dire que Mel ne craint pas de brûler les étapes. Car pour son second long métrage, il veut s’attaquer à un Biopic de William Wallace sur fond de grande fresque historique de près de trois heures. Il n’a pas froid aux yeux le Mel !

   

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William Wallace n’est ni plus ni moins que l’une des figures les plus mythiques de l’histoire d’Ecosse. Cependant, le but de Mel Gibson n’est pas vraiment de faire un Biopic ultra-réaliste mais une œuvre romancé (un peu trop même). Il s’adresse alors au scénariste Randall Wallace qui écrit le scénario du film à partir d’un poème épique d’Harry l’aveugle. D’ailleurs, lorsqu’on reprochera à Randall Wallace de s’être basé sur des sources trop romanesques plutôt qu’historiques, il répondra : « Est-ce qu’Harry L’aveugle a raison ? Je ne sais pas. Je sais que cela parlait à mon cœur et c’est ce qui m’importait ».

Cependant, la production va être très difficile. Au début, Mel Gibson et sa société Icon Productions ont du mal à trouver des investisseurs dans le projet. Cette fresque historique peut en effet coûter très cher. Même le fait que Gibson soit à l’affiche dans le rôle principal de William Wallace ne suffit pas à donner une garantie. La Warner Bros est prête à apporter les fonds nécessaires si Mel Gibson accepte de signer pour un quatrième opus de L’Arme Fatale ce qu’il refuse (il fera cependant ce quatrième épisode plus tard). C’est finalement la Paramount et le 20th Century Fox qui, main dans la main, vont produire et distribuer le film. Mel Gibson doit cette fois gérer un gros budget et beaucoup d’éléments, si bien qu’il ne veut que produire ce film qui a pour titre « Braveheart » (« Cœurs Vaillants ») et en laisser la réalisation à Terry Gilliam. Ce dernier décline l’offre et Gibson reprend les reines pour notre plus grand plaisir.

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Un long tournage commence alors en Ecosse et en Irlande (d’où est originaire la mère de Gibson). L’acteur-réalisateur voit les choses en grand en faisant intervenir parfois jusqu’à 1600 figurants pour certaines séquences. Il utilisera même des membres de l’armée irlandaise qui auront l’autorisation de se laisser exceptionnellement pousser la barbe. C’est dire si le projet est gros.

On pourrait penser que tout comme Icare, Gibson risque de se brûler les ailes à vouloir grimper trop haut, trop vite. Pourtant, il s’en tire à merveille. Si L’Homme sans Visageétait un film plutôt conventionnel, Braveheart permet enfin à l’acteur-réalisateur d’imposer son style qui va marquer le cinéma des dernières décennies.

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Avec ce film, il affirme avoir voulu réaliser une œuvre dans la lignée de Spartacus de Stanley Kubrick (chroniqué ici). Il est vrai que William Wallace peut s’apparenter à une sorte de Spartacus. Il a également évoquéLes Grands Espaces de William Wyler. Gibson a donc réussi à retrouver cette pâte des grands films d’antan. Mais il y mêle également son style radical, sans concessions et brut de décoffrage qui fait parfois penser à du Sam Peckimpah (notamment sur l’utilisation des ralentis).

Braveheart met donc en scène le parcours extraordinaire de William Wallace, un rebelle écossais qui défia l’Angleterre et lui porta des coups sévères en élevant une armée et en remportant de nombreuses batailles.

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Pour évoquer le scénario, c‘est un peu le point négatif du film. Entendons nous bien, il est superbe, très bien travaillé, bien ficelé et ouvert à plein d’émotions. Cela dit, il a parfois tendance à se torcher avec la réalité historique. Certains anachronismes sont grossiers. Le pire étant celui qui présente la romance entre Wallace et Isabelle de France, alors que les deux ne sont jamais rencontrés puisqu’Isabelle n’était pas mariée au roi d’Angleterre à l’époque. Ensuite, on voit dans le film que l’un des éléments déclencheurs de la révolte des écossais est « le droit de cuissage » dont jouissent les anglais. Le droit de cuissage est en fait un droit autoproclamé qui permet à l’envahisseur de jouir en premier et de dépuceler une jeune mariée de la population autochtone. Au XXIème siècle, il est désormais temps d’en finir avec cette légende : Jamais le droit de cuissage n’a existé ! Et ce n’est qu’une pure invention de l’après révolution ! Mel Gibson reconnaîtra d’ailleurs son tort à ce sujet.

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Après, le film reste cependant un Biopic, car historiquement, il suit bien la progression de William Wallace et la suite de ses batailles contre l’empire britannique. De même que la fin terrible de William Wallace. A ce niveau là, rien à dire et on appréciera particulièrement la phrase de début « je vais vous raconter la vie héroïque de William Wallace. Les historiens anglais me traiteront de menteurs. Mais l’histoire officielle n’est-elle pas toujours écrite par ceux qui ont pendus les héros ? ». Tellement de vérité dans cette phrase…

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Parlons maintenant de la mise en scène du film. Dés le début on est happé par les superbes images des paysages somptueux et fantastiques d’Ecosse, le tout accompagné de la musique de James Horner. D’entrée, on voit que Gibson a l’intention de faire les choses en grand. Face à certaines images on pourrait penser à John Ford. On pourrait avoir tendance à parler de L’Homme Tranquille qui se passe en Irlande. Mais au final, je citerai carrément La Prisonnière du Désert pour certains plans.

Mais quand on parle de Braveheart, on pense évidemment aux scènes d’action et notamment aux séquences de batailles. Et là, il faut le dire, Mel Gibson a réalisé des scènes d’anthologie. On pourrait même aller jusqu’à dire que dans la façon de réaliser des scènes de bataille, il y’a eu un avant et un après Braveheart. Ici, les batailles cherchent un certain réalisme et sont surtout très crues. Membres arrachés, empalement, égorgement, sang coulant à flots… Mel Gibson est sans concessions et encore le montage a revu les séquences de guerre pour les rendre moins trashs que ce qu’elles ne l’étaient à l’origine. Gibson met aussi en scène ces séquences de façon virulente avec beaucoup de mouvements de caméra pour faire comprendre le chaos qui règne sur un champ de bataille. Par la suite, tous les films de ce genre qui suivront seront influencés par Braveheart. Des œuvres comme Gladiator ou Le Seigneur des Anneaux doivent beaucoup au film de Mel Gibson.

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L’acteur-réalisateur sait également se montrer brillant pour les scènes dramatiques et plus émotionnelles. On pensera notamment aux scènes d’amour avec Murron qui sont magnifiques. Mais surtout à la terrible séquence de torture finale bien dans le style du bonhomme, et qui illustre à elle seule ce que beaucoup déteste chez lui. Notamment une « exhibition » de la douleur. En réalité, il n’y a là rien de gratuit, puisque en réalité, William Wallace fut abominablement torturé. D’ailleurs le film a étéédulcoré, à la base Gibson avait conçu une scène longue montrant davantage la réalité des épreuves subies par Wallace. Mais la production les fit couper au montage les jugeant trop choquante. En réalité, Mel Gibson s’inscrit ici dans une vision traditionnaliste catholique qui ne consiste pas à exalter la souffrance comme on a pu le dire, mais qui en réalité est un chemin initiatique semblable au chemin de croix du Christ pour atteindre la rédemption. Non pas la rédemption personnelle mais celle de l’humanité. A travers ses souffrances, Wallace lave la traîtrise de certains de ses fidèles et les erreurs de ses plus proches. Le personnage a donc une dimension mystique et surtout christique. Gibson livre vraiment un travail impressionnant. Son style s’exprime ici littéralement. Et franchement ça fait plaisir ! Gibson fait partie de ses rares personnages du septième art comme un Clint Eastwood qui excelle aussi bien derrière que devant la caméra.

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Et justement, parlons de sa prestation devant la caméra. Là encore il est formidable, il peut compter sur son charisme naturel et on ne l’avait sans doute pas vu avec les cheveux aussi longs depuis Mad Max 3 : Au delà du Dôme du Tonnerre. L’acteur est certes hollywoodien dans sa façon de jouer Wallace mais il est parfaitement crédible. Et une fois encore, sur la séquence finale il est formidable.

Dans le casting, on retrouvera également Sophie Marceau. Ce choix d’actrice permet aussi de dévoiler une grande qualité de metteur en scène chez Gibson. Il cherche l’authentique et confie le rôle d’une française à une française (bon on pourra me rétorquer qu’il est américo-australien et qu’il joue un écossais). Il n’hésite d’ailleurs pas à placer quelques mots de français pour rendre le tout plus crédible. Sophie Marceau, qu’on n’aurait pas forcément vu dans ce genre de film à l’époque, signe là ce qui est peut être l’une de ses meilleures prestations (en même temps l’actrice n’a pas non plus eu une carrière brillante bien qu’assez prolifique).

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Patrick McGoohan incarne quant à lui à la perfection l’impitoyable Edouard Premier.

Mais l’une des performances remarquables est celle d’Angus Mcfayden jouant Robert Le Bruce. Il illustre parfaitement ce mélange de faiblesse et de courage, de fidélité et de couardise, d’honneur et de traîtrise. C’est sans conteste le personnage le plus complexe du film et l’un des plus intéressants, notamment au vu de son parcours. Là encore, à l’instar de William Wallace et de plusieurs autres personnages du film, Robert Le Bruce a réellement existé.

Pour finir, on retiendra Catherine McCormack dans le rôle de Murron, la femme de William Wallace.

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Braveheart est ensuite bercé par la superbe BO signée James Horner. Il avait déjà travaillé avec Mel Gibson sur son film L’Homme sans Visage et avait signé une musique bonne mais vraiment banale et éloignée de tout ce qu’il avait pu faire. Mais il faut dire que le matériau de base n’était pas des plus inspirants non plus. Or, ici, il y’a de quoi faire et James Horner compose ce qui est sans conteste l’une de ses meilleures partitions. Il parvient à véhiculer énormément de sentiments à travers sa musique. C’est vraiment un régal pour les oreilles. De plus, la BO est très riche et comporte un très grand nombre de thèmes.

Braveheart s’impose comme un vrai chef d’œuvre. Pour un second film, c’est incroyable de voir le niveau qu’a atteint Mel Gibson en si peu de temps. Il s’impose déjà comme un très grand cinéaste.

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Braveheart est un superbe biopic certes romancé et prenant des libertés avec l’Histoire, mais terriblement beau. Le film exalte des valeurs telles que le courage, l’honneur, le patriotisme ou encore le sens du sacrifice. Des valeurs totalement oubliées et même condamnées dans nos sociétés modernes pourries. Et c’est de l’exaltation de ses valeurs que vient le souffle épique deBraveheart. C’est pour ça que le film a parléà autant de monde. Car oui Braveheart sera un énorme succès totalisant des recettes incroyables.

Le succès sera aussi critique et le film sera d’ailleurs couronné de cinq oscars dont ceux du Meilleur Film et du Meilleur réalisateur. Avec le temps, Braveheart s‘est imposé comme un film culte et même comme un classique de l’histoire du cinéma. Souvent imitée jamais égalée, cette œuvre a imposé Mel Gibson comme l’un des grands noms du cinéma. On peut même dire que l’acteur-réalisateur atteint ici l’apogée de sa carrière en termes du succès. Tout lui sourit, tout ce qu’il touche devient de l’or et sa popularité est au sommet.

 

Braveheart marque un tournant décisif dans sa carrière et se révèle être un des plus grands chefs d’œuvres du cinéma des années 90.              

       

                 

Note : 18/20

La Passion du Christ

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Catégorie : Cinéma

Genre :Drame historique

Année :2004

Public : Interdit aux moins de 12 ans avec avertissement

Durée :2H07

Nation : USA/Italie

Réalisateur :Mel Gibson

Acteurs : Jim Caviezel, Maia Morgenstern, Monica Bellucci, Hristo Chopov, Rosalinda Celentano, Sergio Rubini

Synopsis : Les dernières heures de Jésus de Nazareth, le Christ. Après sa prière au mont des oliviers et sa résistance à la tentation de Satan, il est livré par Judas aux autorités juives. Il est flagellé et amené devant Ponce Pilate le préfet romain puis devant Hérode, qui le condamnent à mort. Commence alors un long voyage de souffrance vers la crucifixion alors que Jésus revoit les moments importants de sa vie.  

 

Analyse critique :

(Attention SPOILERS !)

Dans la continuité de notre cycle dédiéà Mel Gibson, nous en arrivons au film le plus controversé et peut être le plus culte de l’acteur-réalisateur, j’ai nomméLa Passion du Christsorti en 2004. Un film qui va déchaîner les passions (sans mauvais jeu de mots) et une polémique au sein de l’industrie hollywoodienne.

Mel Gibson, c’était pourtant un dieu à Hollywood ! Immense star, il était l’acteur le mieux payé (environ 25 millions de dollars par tournage). Mais c‘était aussi un réalisateur formidable, notamment auteur d’un grand classique qu’est Braveheart et qui avait obtenu un énorme succès à l’époque. Tout ce que touchait Mel Gibson se transformait en or.

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Il y’avait de quoi devenir ambitieux et même de se prendre pour un demi-dieu, c‘est ce qui le mène à vouloir reprendre la réalisation et à faire un film sur les dernières heures de la vie du Christ. Autant dire qu’il s’attaque à du lourd. C’est d’ailleurs un projet qui avait plus de douze ans pour l’acteur. Et peut être comme Icare, il s’est brûlé les ailes. Car c‘est à partir de ce film que les choses vont changer radicalement pour Mel Gibson.

L’artiste, on le sait, avait aussi ses convictions. Issu d’une famille pieuse, il s’inscrivait à l’image de son père dans un certain traditionalisme chrétien. Et l’acteur-réalisateur va vite découvrir que même si on s’appelle Mel Gibson, il ne fait pas bon être chrétien traditionnaliste à Hollywood. Ensuite, il avait également pris des positions pro-palestiniennes et contre la guerre en Irak, ce qui là encore ne passe pas très bien dans la capitale du cinéma (cela aura un rôle pour la suite, comme nous le verrons).

2

Mel Gibson n’était d’ailleurs pas dans la tendance de tous ces artistes qui font de l’exhibitionnisme humaniste pour dorer leur image et devenir bankables. Lorsque Gibson a fait des dons de millions de dollars à des institutions telles que la « Healing the Children », il s’en est presque caché.         

Il n’avait pas réalisé de films depuis 8 ans quand il a eu en tête de faire ce film qu’il baptisa « La Passion du Christ ». Le projet est évidemment pharaonique puisqu’on parle de mettre en œuvre une partie de la vie d’un personnage qui a changé l’histoire du monde. Des films sur le Christ, il y’en a eu, on se souvient du Jésus de Nazareth sous format de mini-série, de Franco Zeffirelli (qui a d’ailleurs fait tourner Gibson dans son Hamlet) mais surtout de L’Evangile Selon Saint Matthieu (chroniqué sur ce blog) de Pier Paolo Pasolini, qui reste peut être le meilleur film fait sur le Christ. Cela dit, l’époque a changé et parler de religion est très polémique. On se souvient par exemple du tôlé suite au film de Martin Scorsese La Dernière Tentation du Christ. Des salles de cinéma qui le diffusaient avaient été saccagées. Mais ici, c’était une partie du public qui s’en prenait au film, alors que l’intelligentsia soutenait plutôt l’idée de Scorsese (Jack Lang l’avait même subventionné dans un premier temps avant que les réactions du public ne le fasse changer d’avis).

3

Qui aurait cru que La Passion du Christ allait déclencher un nouveau scandale encore plus grand, cette fois dirigé, non pas par le public, mais par les institutions et l’intelligentsia.

Il faut dire que Mel Gibson a réalisé la portée du projet qu’il avait en main.

Il ne veut pas réaliser un film de plus sur la vie du Christ mais bien une œuvre forte et réaliste qui retranscrive fidèlement les derniers moments du Christ. Il se base alors sur les évangiles, que ce soit celui de Saint Jean, de Saint Matthieu (auquel il semble le plus emprunter), de Saint Marc et Saint Luc.

Il part tourner le tout en Italie, dans une atmosphère spirituelle, puisqu’il fait venir le Père français Charles Roux, en guise d’Aumônier. Il organisera ainsi une messe chaque jour pour l’équipe de tournage.

4

L’un de ses premiers soucis, c’est la crédibilité du film. On se souvient des insertions de langues étrangères dans Braveheart. Ici, Gibson veut carrément tourner les films en langues de l’époque : araméen, hébreu et latin. Un sacré parti pris au vu des réactions du public par rapport aux sous-titres, mais c’est aussi un parti-pris qui démontre la vision que Mel Gibson a de son film. Le fait d’introduire le langage de l’époque impose d’entrée un réalisme certain.

Mais outre le langage, ce sont les costumes et les décors qui frappent. Jamais, à ce jour aucune reproduction de la vie du Christ n’avait atteint ce degré de crédibilité visuelle. On se croirait vraiment à la Jérusalem de l’époque.

Mel Gibson a donc su imposer un contexte parfait qui permet l’immersion du spectateur dans les pages d’Evangiles. 

5

Mais le réalisme se trouve également au niveau de la violence qui est très crue et très impressionnante. Là encore on y croit vraiment. Et c’est d’ailleurs l’un des principaux reproches qui fut fait au film à sa sortie en 2004. Beaucoup trouvant que Gibson exhibait une violence atroce et allait beaucoup trop loin dans la crudité. Il est clair que rien ne nous est épargné sur les souffrances infligées au Christ. Personnellement, cela ne me dérange pas forcément plus que cela, car je ne pense pas que ce soit gratuit, sadique ou même masochiste de la part de Gibson, comme certains ont pu le dire. Je pense qu’il a sa façon de faire les choses, il a son style de cinéma, qui est sans concession (un peu comme Peckimpah à l’époque) ça ne plaît pas forcément, mais personnellement j’y vois un vrai langage cinématographique à dix mille lieux du gore de certains films d’horreur américain.

7

Cela dit, si la violence de l’œuvre fit polémique, le plus gros scandale concernera le fond du film qui sera jugé par certains comme « antisémite ». Le spectre de l’antisémitisme montre donc le bout de son museau et fera évidemment de ce film le scandale numéro 1 de l’époque. Qu’en est-il alors vraiment de cet « antisémitisme » ? Cette accusation est venue du fait que le film montre, conformément aux évangiles, les juifs responsables de la mort de Jésus. En ce sens, si le film doit être considéré comme antisémite, alors cela voudrai dire que la réalité est antisémite.

6

En fait, si depuis longtemps les historiens veulent faire de la mort de Jésus un symbole d’un conflit entre juifs et romains, ce n’est pas ce qu’en disent les écrits. Les quatre évangélistes (juifs d’origine d’ailleurs) Matthieu, Jean, Marc et Luc présentent tous les juifs, et non les romains, comme les ennemis et les assassins (direct ou pas) de Jésus. C’est également le cas des écrits de Saint Paul (lui aussi juif d’origine). Certains historiens ont avancé le fait que les évangiles avaient étéécrits sous domination romaine et que par conséquent, ils auraient été biaisés par ces derniers pour faire retomber la faute sur les juifs. Tout ceci n’est sans doute pas complètement faux, et les évangiles blanchissent sans doute trop Ponce Pilate dans cette affaire (la scène avec Barrabas n’aurait par ailleurs peut être jamais eu lieu). Cela dit, jamais il n’est dit que Jésus s’était opposé aux romains (« Il faut rendre à César ce qui est à César et à Dieu ce qui est à Dieu »), mais en revanche aux marchands du Temple : Pharisiens, Saducéens, Hérodiens, en bref les judéens. Par ses paroles et ses actes, Jésus était leur ennemi logique.

Mais s’il n’y avait que les évangiles, mais des tas d’auteurs de l’époque comme Justin, Origène, Tertullien et Eusèbe affirment dans leurs écrits que les élites juives incitaient à la persécution des chrétiens en les dénonçant aux autorités.

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Mais surtout ! On se demande pourquoi il y’a débat à ce sujet, alors que Le Talmud, livre sacré des juifs (à ne pas confondre avec la Torah) et œuvre de référence du judaïsme rabbinique, attribue lui-même la mort du Christ aux juifs. Il dit même que Jésus brûle en enfer et bouillit « dans des excréments en ébullition » pour l’éternité. D’ailleurs, Le Talmud hait la figure de Jésus et se félicite de sa mort. Peter Schäfer, un professeur juif américain et chef du département d’études juives de l’université de Princeton, est l’auteur du livre Jésus dans le Talmud. Dans son livre, Schäfer montre que Le Talmud attribue la crucifixion du Christ aux juifs et non aux romains, et qu’il décrit Jésus bouillant pour l’éternité dans des excréments. Le livre de Schäfer a été adulé par d’éminents rabbins ! Le magazine américain Publishers Weekly a écrit à son sujet : « Qu’est ce qui est scandaleux, à propos de Jésus, puni en Enfer pour l’éternité, maintenu assis dans un chaudron d’excréments bouillants ? Cette image apparaît dans des manuscrits anciens du Talmud de Babylone, tout comme un court récit du procès de Jésus et de son exécution, non par les romains, mais par le haut tribunal juif, le Sanhédrin ». En effet le Talmud de Babylone contient bien le Sanhédrin 43a qui relate le procès et à la condamnation de Jésus. Le Talmud est un livre fondamental et de référence dans le Judaïsme moderne. Ainsi d’éminents membres de la communauté juive tels que Peter Schäfer de même que des rabbins ayant étudié le Talmud attribuent la mort du Christ aux juifs. Dans son livre Peter Schäfer écrit même au sujet de Jésus et de son exécution : « Il était un blasphémateur et un idolâtre, et bien que les romains n’en avaient probablement pas grand-chose à faire, nous avons insisté et il a eu ce qu’il méritait. Nous avons même convaincu le gouverneur romain (ou plus précisément : lui avons forcé d’accepter) que cet hérétique et imposteur devait être exécuté et nous en sommes fiers ». Voilà qui est explicite ! Cette phrase est authentique, je ne fais que la citer ! Et le Publishers Weekly n’y voit rien de choquant !

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Mais alors ! Une question se pose : Pourquoi lorsque Mel Gibson dit la même chose que les écrits religieux rabbiniques et que plusieurs notables juifs, au sujet de la mort de Jésus, il est traité d’antisémite et blâmé par l’intelligentsia ? On condamne le film de Mel Gibson et on adule le livre de Peter Schäfer alors qu’ils disent au final la même chose. De plus, pour en revenir au film, on notera que Gibson avait senti venir le coup et avait pris ses précautions en mettant des personnages juifs bienveillants en plus des bourreaux du Christ contrairement à ce que prétendra Abraham Foxman qui déclara : « Dans ce film, les juifs sont assoiffés de sang, les juifs sont vengeurs, les juifs sont les mauvais, les romains sont cléments et gentils, ce sont les juifs qui les obligent à crucifier Jésus ». Foxman n’est plus à un mensonge près. Premièrement les romains crucificteurs du film sont loin d’être montrés comme « cléments et gentils », ce sont des sadiques notoires. Concernant les juifs, on en trouve aussi de bons comme je le mentionnais plus haut. On voit notamment un Saducéen s’opposer à la condamnation de Jésus et un juif venir l’aider à porter la croix. Mais cela ne suffira pas à calmer les ardeurs, et au final peut être que Spike Lee n’avait pas tort lorsqu’il déclarait qu’à Hollywood « Il existe une loi non écrite selon laquelle vous ne pouvez pas avoir un personnage juif dans un film qui ne soit pas à 100% parfait, ou alors vous êtes qualifié d’antisémite ».

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En réalité, il faut s’intéresser au dessous de cette polémique pour la comprendre. Le scandale « d’antisémitisme » pour La Passion du Christ est le fruit de certaines personnes voulant grappiller des sous, mais c‘est également politique. En réalité, ce n’est un secret pour personne, à l’époque, Mel Gibson était pro-palestinien et alors qu’en 2004, la politique d’Ariel Sharon devenait de plus en plus criminelle et meurtrière à l’égard du peuple palestinien, les élites sionistes redoublent de vigilance. Ainsi, certains ont vu à travers La Passion du Christ un moyen d’attaquer Mel Gibson et de le discréditer dans son engagement. On se souvient aussi qu’à cette même période, en France, nous avons eu un cas similaire avec l’affaire Dieudonné, suite à un petit sketch télévisé. C’était la période de la chasse aux sorcières, de la chasse aux « antisémites ». Certes on pourra me rétorquer qu’après ce film, Gibson a eu des propos durs contre la communauté juive, mais le scandale en fut peut être aussi à l’origine…  

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Le film sera également taxé de misogyne, car Satan est interprété par une femme (androgyne cependant), et que soit disant, Marie ferait figure de « femme soumise ». Bref il ne manquait plus que les féministes (toujours à l’affût de cracher sur la religion catholique) s’en mêlent. Là encore inutile de préciser que cette accusation est ridicule.

Maintenant que nous savons à quoi nous en tenir concernant les polémiques, venons-en au film en lui-même. Comme je l’avais déjàévoqué plus haut, Mel Gibson a signé une reconstitution ultra-réaliste et une fresque puissante et magnifique. Sa réalisation atteint là des sommets. Il joue admirablement bien sur les ralentis (ce qu’il avait déjà pu démontrer dans Braveheart) pour donner un côté rituel et messianique à chaque scène. En voyant le film on a vraiment l’impression de vivre un grand moment de cinéma.   

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Le casting est également superbe.

Jim Caviezel est absolument incroyable dans ce qui est sans conteste le rôle de sa vie qui l’a marquéà jamais. Il faut d’ailleurs savoir que tout comme Mel Gibson, il est lui aussi chrétien traditionnaliste. Il s’impliquera à fond dans le rôle, il fut d’ailleurs vraiment blessé sur certaines séquences, et décrit le tournage comme une « authentique expérience spirituelle ».

Cette expérience spirituelle fut d’ailleurs partagée par Pedro Sarubbi qui joue le rôle de Barrabas et qui trouva la foi au cours du tournage. Il a d’ailleurs écrit un livre en 2012 intituléDe Barrabas à Jésus, converti par un regard, qui fait le récit de sa conversion. Une histoire extraordinaire !

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Le reste du casting est majoritairement composé d’acteurs inconnus (ce qui est le mieux pour ce genre de production) à part Monica Bellucci dans le rôle de Marie Madeleine.

De son côté, Mel Gibson ferait une apparition indirecte. Ce serait sa main qui enfoncerait un clou dans celle du Christ.

Pour la musique du film, Mel Gibson ne choisira pas James Horner cette fois-ci. Cela signifie ce que symbolise pour lui La Passion du Christ : une œuvre unique et détachée de ses films précédents. Il fait donc appel à John Debney et Gingger Shankar. Et clairement, leur travail n‘a rien à envier aux meilleures partitions d’Horner. La BO de La Passion du Christ est incroyablement envoûtante et divine. Elle procure vraiment un effet particulier et accompagne la perfection les images. Personnellement elle me fait vraiment une sacrée sensation dés que je l’entends. Elle fut d’ailleurs nominée aux oscars. C’est honnêtement l’une des BO les plus touchantes que j’ai entendu dans un film.

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Après, certains ont pu souligner un manque de spiritualité dans le film. En réalité, il y’a de la spiritualité dans La Passion. Mais pas comme dans les films habituels. Ici c’est plus fort. Ça ne passe par les dialogues mais bien par l’essence et l’atmosphère du film. C’est un cinéma qui peut se rapprocher de la philosophie Kubrickienne où tout doit passer d’abord par l’émotion avant de permettre au spectateur d’assimiler le message sur le temps. Ce concept s’applique vraiment àLa Passion du Christ.Et que Dire de la séquence de la résucrection qui tout en étant simple est l"une des plus belles et puissantes scènes que je n'ai jamais vu.

A l’époque, nous l’avons vu le film a fait l’objet de polémiques et ce avant même sa sortie (ce qui est en soit un « exploit »). Si bien que Mel Gibson s’est senti obligé de couper la fameuse réplique concernant le sang de Jésus rejaillissant sur le peuple juif. Bien vite le film est devenu un défouloir pour les médias.

Les critiques se déchaînent de toutes parts.

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Le cinéaste néerlandais Paul Verhoeven membre du « Jesus Seminar » se devait de réagir à la sortie d’une telle œuvre. Il reprocha beaucoup au film et déclara qu’ « on n’apprenait pas à y connaître Jésus » ni à« savoir ce qu’il défendait ». Tout à fait vrai, mais ce n’est pas le but du film qui estime que ses spectateurs connaissent Jésus sans quoi ils peuvent se reporter au magnifique film de Pasolini L’Evangile selon Saint Matthieu ou Le Jésus de Nazareth de Franco Zeffirelli (ou encore mieux au Nouveau Testament). Ce n’est pas un reproche qu’on peut faire à Gibson d’avoir voulu se démarquer et de ne pas tomber dans la redite, en choisissant de se centrer sur un épisode en particulier. Verhoeven reprocha également à Gibson de s’en tenir à« une pensée religieuse et dogmatique : les non-chrétiens finiront en Enfer » et d’avoir ainsi une vision « catholique psychotique ». Une belle connerie ! Mais venant d’un membre de la « Jesus Seminar », cela ne surprend guère et montre surtout que Verhoeven a interprété le film comme il le souhaitait et que surtout il ignore tout du sujet dont il parle. Il le confirma d’ailleurs quand il déclara que « dans La Passion du Christ, on ne rencontre pas de Dieu Bienveillant ou de miséricorde. Son Dieu à lui n’est pas totalement éloigné de la cruelle divinité mexicaine Quetzalcóatl qui exigeait en permanence des sacrifices humains ». Premièrement Quetzalcóatl est dans la culture aztèque, une figure bienveillante à laquelle on n’aurait jamais offert de sacrifice puisque le chef toltèque Ce Acatl Topiltzin Quetzalcoatl était contre la violence et interdisait les sacrifices. Ensuite, à aucun moment le Dieu décrit par Mel Gibson ne paraît une divinité sanguinaire en soif de morts sacrifices, bien au contraire. La miséricorde que ne semble pas voir Verhoeven se trouve bien à travers le personnage de Jésus assumant à travers ses souffrances les péchés des humains, et à travers la résurrection. Paul Verhoeven disserte donc sur des sujets qui le dépassent totalement. Il faut savoir qu’il considère son personnage de Robocoq comme « un jésus américain ». Il voit même en jésus « un terroriste radical » ou un Che Guevara. Pour vous montrer le niveau…. Donc bon Popaul, t’es gentil, on t’aime bien mais retourne faire du pop-corn ça t’évitera d’étaler ton ignorance et de passer pour un con.

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Il y’aura aussi la série South Park, (qui perd de sa superbe d’année en année), qui se joindra à la meute en livrant un épisode intitulé« La Passion du Juif », qui décrit Mel Gibson comme un fou furieux masochiste, scatophile et pervers et les fans du film comme des nazis exterminateurs de juifs ou des crétins. Un épisode qui est à pleurer de vulgarité mais qui montre bien le tôlé déclenché par la polémique. Ce qui est marrant, c’est que le petit Matt Stone qui joue le mec cools et politiquement incorrect, peut devenir une petite ordure parce qu’on a effleuré sa communauté (Matt Stone étant juif). Ce n’est d’ailleurs pas la première fois qu’il se livre à ce genre d’exercices crétins. Certes on pourra me répondre que dans les années qui suivirent Gibson a eu plusieurs dérives (l’alcoolisme notamment). Mais on ne l’accusait nullement de tout cela à la sortie du film et l’acharnement qu’il a subi de part et d’autre a pu être un facteur déterminant dans ses dérives.

Tout cela montre bien à quel point une véritable campagne de diffamation et de diabolisation s’est mise en marche contre le film et son auteur. Et au final ça montre aussi l’image qu’Hollywood a du christianisme.

   

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Pour Mel Gibson, ça sera le début des problèmes. Et celui qui était le gars le plus populaire d’Hollywood devient aussitôt un infréquentable et méchant chrétien traditionnaliste, antisémite et assoiffé de sang.

On parla d’interdire le film dans certains pays et de façon plus générale en Europe.

Pourtant l’intelligentsia aura beau éreinter le film, c’est le public qui reste roi. La Passion du Christ ne partait pas gagnant, puisque Mel Gibson avait eu énormément de mal à trouver un distributeur et au final le réalisateur dût payer le tout avec ses propres moyens. Le film est 100% indépendant. En Europe, il sera finalement distribué par Tarak Ben Ammar. Mais au final, le buzz fait autour de La Passion du Christ jouera en sa faveur. Il sortit le Mercredi des Cendres. Le film fit exploser le box office ! Aujourd’hui encore, il détient le record du plus grand nombre pré-ventes de l’histoire du cinéma.

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Les projections laissent enchantés des tas de personnalités et d’homme politiques ou religieux à travers le monde. Certaines réactions sont cependant marquantes. On se souviendra de l’histoire de ce pasteur brésilien de 43 ans : José Geraldo Soares, qui mourut d’un arrêt cardiaque durant les scènes du chemin de croix. Deux autres spectatrices auraient également fait des arrêts cardiaques suite à la projection du film. On raconte que des spectateurs se convertirent au christianisme après avoir vu le film, ce qui « fait froid dans le dos » selon le petit crétin Gilles Verdiani (à l’époque critique pour TéléCinéObs). Et oui le succès est indéniable. Succès que le film connaîtra également dans des pays du Moyen Orient à majorité musulmane. Ce qui est à moitié surprenant, puisque le Coran décrit le Christ comme un prophète et un messie messager de Dieu, mais a une autre vision de sa mort et de la crucifixion.  

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Le distributeur Tarak Ben Ammar fera même réaliser des sondages par l’Ipsos et le Figaro pour connaître l’avis du public. Aux questions :

- Est-ce que le film est trop violent ? 57% jugèrent que non

- Est-ce que le film favorisait l’antisémitisme ? 88% jugèrent que non

- Est-ce que le film est conforme aux évangiles ? 85% jugèrent que oui

Comme le souligna Ben Ammar : « le décalage entre les critiques et le public est de plus en plus grand et le public a toujours raison »   

Le film va même devenir l’une des œuvres les plus rentables de l’histoire du septième art. Le succès est total ! Comment l’expliquer ? Tout simplement parce que La Passion du Christ est une œuvre universelle.

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Mel Gibson décrit son film ainsi : « Mon intention avec ce film était de créer une œuvre d’art et de stimuler le débat et la réflexion parmi des publics d’horizons différents ». Il ajoute : « Mon espoir ultime est que le message de courage et de sacrifice véhiculé par cette histoire inspire la tolérance, l’amour et le pardon. Des valeurs dont nous avons désespérément besoin de nos jours.(…) L’un des grands espoirs que je place dans ce film est que quand les spectateurs quitteront la salle, ils voudront poser plus de question ». On est donc bien loin des intentions « psychotiques » et « dogmatiques » que Paul Verhoeven prêtait à Mel Gibson. Le film n’est en rien extrémiste et sert juste à rendre compte du terme de la vie du Christ qui quelque part est l’aboutissement de son œuvre immense. C’est aussi un film sur le mal et la tentation du mal. Tentation qu’a la foule lynchant le Christ et à laquelle ce dernier résiste jusqu’à la fin.

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Le film nous dresse un portrait édifiant de la barbarie et de la cruauté dont est capable l’être humain. Mais concernant cette tentation, on oubliera pas les scènes avec Satan. Mel Gibson les décrits d’ailleurs : « Le Mal est enjôleur, attirant. Il a l’air bon, presque normal, mais en même temps pas tout à fait. C’est ce que j’ai essayé de faire passer avec le Diable dans le film. C’est l’essence du mal : prendre ce qui est bon et le détourner légèrement ». C’est l’actrice italienne androgyne Rosalinda Celentano qui incarne Satan dans le film. Ces sourcils furent rasés et ses scènes tournées au ralenti pour lui donner un aspect surnaturel. D’ailleurs pour renforcer l’aspect surnaturel et la confusion générée par Satan, Mel Gibson a fait doubler l’actrice par un homme sur certaines séquences. 

 

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La Passion du Christ c’est donc l’histoire des évangiles, celle d’un homme qui supportera les péchés des humains à travers toutes ses souffrances.

Il ne s’agit nullement d’un film extrémiste, prosélytique qui se résume à deux heures de tortures comme ont pu le dire certains. C’est une œuvre sur le rejet du message divin d’amour et de paix véhiculé par le Christ, et qui peut paraître totalement d’actualité aujourd’hui. On pourra y voir un film sur l’intolérance également, sur l’oligarchie éliminant ses ennemis. C’est une œuvre, à la fois chrétienne, religieuse, spirituelle, philosophique, viscérale, psychologique, sociale, politique et donc en fin de compte universelle.    

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Personnellement, je n’ai vu ce film qu’une seule fois à ce jour, mais c’est un film qui vous reste longtemps après son visionnage. Une œuvre qui comme le Salò de Pasolini, le 2001 de Kubrick dépasse la notion de cinéma. C’est un film qui se vit.

Avec La Passion du Christ, Mel Gibson a donc réalisé un chef d’œuvre maudit qui consumera sa carrière. Et c‘est aussi à cela qu’on voit la portée courageuse d’une telle œuvre.

Un film qu’il faut avoir vu au moins une fois dans sa vie.       

 

     

 

Note : 18/20

Apocalypto

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Catégorie : Cinéma

Genre : Aventure, Historique, Drame

Année :2006

Public : Interdit aux moins de 12 ans

Durée :2H18

Nation : USA

Réalisateur :Mel Gibson

Acteurs : Rudy Youngblood, Raoul Trujillo, Gerardo Taracena, Dalia Hernandez, Jonathan Brewer

Synopsis : Dans les temps sombres précédents la chute de la civilisation Maya. Patte de Jaguar, chasseur amérindien fils d’un chef d’une tribu de la forêt, vit une existence idyllique avec sa femme et son fils. Tout bascule lorsque des guerriers mayas attaquent le village capturant les habitants pour les vendre comme esclaves ou les sacrifier dans leur cité. Après avoir eu le temps de mettre à l’abri sa femme et son fils, Patte de Jaguar est lui aussi fait prisonnier et amenéà travers la jungle vers la cité Maya. Se souvenant de la promesse faite à sa famille, il va alors tout faire pour s’échapper et sauver ceux qu’il aime.   

 

Analyse critique :

(Attention SPOILERS !)

Nous en venons à ce qui est à ce jour le dernier film de Mel Gibson, Apocalypto réalisé en 2006.

Dans les années 2000, Mel Gibson est passé d’acteur superstar, à réalisateur infréquentable.

Outre quelques propos polémiques, c’est son traditionalisme chrétien qui lui a valut d’être mal vue à Hollywood. Et notamment son film La Passion du Christ qui fut au cœur de vives polémiques (j’en renvoie à la chronique publiée sur ce blog). Mais La Passion du Christ démontrait bien des choses.

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Premièrement, Mel Gibson semblait s’effacer peu à peu du devant de la caméra pour passer derrière. Alors que dans ses premières réalisations il était également acteur, en ce nouveau millénaire, il semble vouloir se consacrer avant tout à la réalisation.

La Passion Du Christ prouvait aussi qu’il avait un énorme talent de réalisateur et qu’il pouvait signer des films puissants. De plus, les critiques avaient beau l’éreinter, Mel Gibson faisait un tabac au box-office et avait donc le public dans sa poche. Sans quoi il n’aurait probablement jamais pu revenir en tant que réalisateur.

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Lorsqu’en 2006 il décide de se lancer dans Apocalypto, presque personne ne veut le suivre et tout comme pour son œuvre précédente, Mel Gibson va devoir sortir les sous de sa poche pour que son nouveau film voie le jour.

Cette fois, il s’attaque à la civilisation maya dans la Péninsule du Yucatàn. Il relate la lutte d’un indien de la forêt qui va devoir échapper à l’oppression maya.

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Une fois de plus, Mel Gibson voit les choses en grand, il veut faire un nouveau film puissant et crédible. Comme à son habitude, le réalisateur choisit de ne pas faire de doublages et de tourner le film dans une langue ancienne : le maya yucatèque. Cela renforce évidemment l’immersion du spectateur dans le film et la crédibilité de l’œuvre.

Le film est alors tourné au Mexique avec des acteurs mexicains et très typés amérindiens. Le réalisateur veut bien faire les choses et fait appel à l’historien Richard Hansen pour son film. Cependant on pourra noter quelques éléments prêtant à débat. Comme certains petits anachronismes et le fait que les mayas semblent ne pas vraiment saisir le phénomène de l’éclipse, alors qu’ils connaissaient l’astronomie (ceci dit il pouvaient y voir une interprétation divine).

 

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La réalisation de Mel Gibson est immédiatement perceptible de par ses angles et ses ralentis. Il filme la forêt mexicaine de façon sublime.

Au niveau de la reconstitution, rien à dire, Mel Gibson s’est entouré d’historiens sérieux et tout est crédible comme dans ses films historiques précédents. Les costumes, les acteurs, les décors et une fois encore le langage. Tous ces éléments nous font voyager dans le monde maya.

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Mais le réalisme se fait aussi, comme souvent chez Mel Gibson, par la violence. Une violence barbare et exacerbée qui a fait scandale à l’époque. Là encore, la façon de filmer la violence est bien de Mel Gibson. Le sang coule bien sûr et le réalisateur est sans concession.

Au moment de la sortie du film, cette violence sera évidemment beaucoup critiquée. On accusera Mel Gibson de faire de la complaisance malsaine En réalité ce n’est nullement le cas. La violence du film est même essentielle pour faire passer le message : à savoir la chute d’une civilisation.

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Et on en arrive alors au fond du film qui fut lui aussi vivement controversé. Apocalypto montre en effet la violence de la civilisation maya (captures, viols, meurtres barbares, sacrifices, sadisme…). Le réalisateur se vit accuser de racisme (il ne lui manquait plus que ça à son palmarès), car il représentait les mayas comme des sauvages sanguinaires et retombait ainsi dans la vision négative et les stéréotypes des vieux films hollywoodiens sur les amérindiens. Une polémique évidemment ridicule et fausse. Car en fait, le film évite au contraire les clichés et les stéréotypes du « bon sauvage ». S’il est vrai que les vieux films américains avaient une vision très péjorative des indiens, à partir des années 50, on y’est allé encore plus fort dans le sens inverse. L’amérindien était ainsi subitement devenu le symbole du bien absolu, l’être pur face au méchant blanc assoiffé de sang (le seul film qui à l’époque se montra plus réaliste dans sa vision fut Fureur Apache de Robert Aldrich en 1972). Cette vision là du blanc n’a pourtant jamais fait bondir les associations antiracistes ! Après tout, les blancs n’avaient-ils pas commis des crimes envers la population amérindienne ?

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Mais les mayas ? Ce n’est un secret pour personne : même s’ils avaient une culture scientifique et spirituelle étaient loin, très loin d’être des enfants de cœur et pratiquaient les sacrifices et l’esclavage. Pourquoi donc devrait-on négliger de montrer cet aspect ? Pour rester dans le politiquement correct ? Mel Gibson ne fait que représenter une horrible réalité.

Mais en fait, la polémique naît surtout de la fin du film, ou Patte de Jaguar, le héros, est plus ou moins sauvé par le débarquement des espagnols en Amérique. Certains ont vu à travers cette scène une volonté d’exprimer que l’arrivée de l’homme blanc en Amérique a été une délivrance pour le peuple amérindien. Cela peut également être sous entendu par la séquence impressionnante ou la jeune fillette malade prophétise l’arrivée des colons qui détruiront la civilisation maya, lui donnant des airs de châtiment divin. Mel Gibson prendrait alors la défense de ceux qui par la suite ont commis un véritable génocide ?

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En fait c’est beaucoup plus nuancé que cela. Mel Gibson nous pousse à voir le débarquement des espagnols sous un autre angle qui se veut moins manichéen. Il ne prend pas pour autant parti, puisqu’à la fin on voit bien Patte de Jaguar choisir de ne pas aller vers ces nouveaux arrivants.

Cela dit, oui ici, au final les blancs vont sauver (un peu par hasard) la mise au héros, alors que les mayas vont tout faire pour le tuer. Et ça, c’est difficile à digérer pour une intelligentsia qui depuis des années s’évertue farouchement à nous montrer la race blanche comme le mal absolu responsable de tous les maux de la planète. La réalité est un peu plus complexe que cela.

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Mais outre la dimension politiquement incorrecte d’Apocalypto, à travers ce film, c’est une nouvelle fois Mel Gibson qu’on attaque. Il suffit de lire quelques critiques négatives parues à la sortie. Il n’y a parfois que deux lignes sur le film et tout le reste de l’article sur la personnalité de Mel Gibson. Certains décriront même Gibson comme un dégénéré amateur de boucheries qui est en contradiction avec son traditionalisme chrétien lui aussi très critiqué. C’est pour montrer le degré d’ignorance, de connerie et de malhonnêteté de certaines de ces critiques.

Pour en revenir au fond du film, donc, Mel Gibson rompt avec l’image du « bon sauvage » très en vogue depuis plusieurs années. Il pousse le spectateur à avoir une vision moins manichéenne des évènements. Mais Apocalypto est aussi et surtout, un film sur la chute de la civilisation. C’est d’ailleurs annoncé au tout début du film par une citation de Will Durant : « Une Grande civilisation n’est conquise de l’extérieur que si elle est détruite de l’intérieur ».

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Par cette phrase, Mel Gibson propose d’abord une révision de l’histoire. Il tente à démontrer qu’on ne peut pas mettre la disparition de la civilisation maya uniquement sur le dos des espagnols et des conquistadors. Il veut montrer que cette civilisation était vouée à disparaître au vu des valeurs qu’elle avait fini par prôner. Toute cette violence, cette barbarie, ce mépris pour la nature (aussi bien animale qu’humaine), cette vision matérialiste et notamment du corps humain. Tout cela ne pouvait que mener à une dure chute.

Mais là ou le film est plus intéressant, c’est que Mel Gibson, ne cherche pas vraiment à cibler la civilisation maya en elle-même (d’où le fait que certains historiens ont trouvé son portrait un peu trop apocalyptique). Même s’il s’attache au réalisme, il ne cherche pas à dresser un tableau précis et détaillé de cette civilisation. Il veut, à travers sa chute, montrer le déclin de nos civilisations occidentales et modernes. Et franchement, quand on voit la scène du marché lors de l’arrivée à la cité, on croirait admirer un centre commercial de notre temps. Et cela permet d’en voir aussi la laideur et l’aspect inhumain. Apocalypto n’est qu’une allégorie de notre société consumériste, sans valeurs, et vouant des cultes païens au matérialisme. Tout n’est plus qu’un bien de consommation et même le corps humain. C’est donc une œuvre profonde et réfléchi qui nous pousse à nous remettre en question sur bien des choses. 

    

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D’ailleurs Mel Gibson fera scandale en déclarant que les barbares mayas du film tenaient de « George W.Bush et de ses gars », un peu en réponse à ceux qui prétendaient que l’acteur-réalisateur soutenait la parti républicain de l’époque alors qu’il en dénonçait au contraire farouchement la politique internationale. 

Mais Apocalypto est aussi un film sur la survie comme le montre la seconde partie du film. La survie au final face à un monde apocalyptique sans foi, ni loi, ni valeurs. Patte de Jaguar va finalement survivre de façon incroyable face aux redoutables guerriers païens, mieux armés que lui. On pourra dire qu’il puise sa force et sa résistance dans son lien direct avec la nature. Mais si Patte de Jaguar l’emporte sur les guerriers mayas, c’est parce qu’il est attachéà des valeurs profondes, comme l’amour et la famille qui lui confèrent la force nécessaire pour survivre à toutes les épreuves qu’il va endurer. Quelque part, Apocalypto, dans sa philosophie n’est pas si éloigné de La Passion du Christ. Et c’est sans doute pour ça que les deux films ont provoqués la même haine des intellectuels officiels du système.

          

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 Mais une fois de plus, ces gens-là n’ont pas trompés le public qui a été réceptif au travail de Mel Gibson et à son message. Apocalypto sera un grand succès et cela malgré les difficultés de distribution.

On pourra aussi noter la somptueuse BO composée par James Horner.

Les acteurs, tous des inconnus, sont superbes et Rudy Youngblood parvient vraiment à nous faire accrocher sincèrement à son personnage et à nous faire partager ses émotions (fortes il faut le dire)

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Le travail de Mel Gibson est également superbe mais sera cependant critiqué par le cinéaste mexicain Juan Mora Catlett qui accusa l’américain d’avoir plagié des éléments de son film Retorno a Aztlàn sorti en 1991 et qui mettait également en scène des amérindiens de la péninsule du Yucatán. N’ayant pas vu le film en question (il faut dire que le cinéma mexicain est malheureusement quasi inconnu) je ne pourrais pas me prononcer à ce sujet.

Toujours est-il qu’Apocalypto sera un succès et honnêtement on comprend pourquoi, tant c’est un film fort et puissant qui pousse à la réflexion tout en procurant de grandes scènes d’action pleines d’intensité dramatique. 

   

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Apocalypto s’impose donc comme une nouvelle grande réussite pour Mel Gibson et aussi la dernière à ce jour. Devenu polémique et « infréquentable »à Hollywood, miné par ses problèmes personnels, Mel Gibson n’aura pas la carrière qu’il méritait.

Il signe là une œuvre forte, puissante, violente, intelligente et touchante. Un chef d’œuvre de plus à son actif.

 

   

 

Note : 17,5/20

Berserker

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Catégorie : Cinéma

Genre :Historique, Projet

Année : ?

Public : ?

Durée : ?

Nation : USA

Réalisateur :Mel Gibson

Acteurs : Leonardo DiCaprio,

Synopsis : La vie des Vikings de Norvège. Leur philosophie, leurs mœurs,  leurs guerres, leur culture, leurs croyances et leur Histoire. 

Analyse critique :

Pour clore notre cycle dédiéà« Mad Mel » Gibson, je décide de vous parler de son projet de film Berserker : une œuvre sur les vikings.

C’est un projet qui tient au cœur de l’acteur/réalisateur depuis pas mal d’années, mais qu’il n’a à ce jour jamais pu concrétiser.

Mel Gibson est pourtant l’auteur de films cultes et puissants comme La Passion du Christou Apocalypto. Des films qui ont également rencontré un grand succès public.

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Mel Gibson était déjà un acteur bankable, il devient également un réalisateur bankable. Dés lors, les portes peuvent s’ouvrir à lui et il décide donc de se lancer sur un gros projet.

Ce projet c’est Berserker un film sur les vikings. Ce n’est évidement pas nouveau au cinéma. On se souviendra bien sûr des Vikings de Richard Fleischer avec Kirk Douglas ou encore du 13ème Guerrier de John McTiernan avec Antonio Banderas. Alors quand le réalisateur de Braveheart annonce son projet, ça fait saliver.

Pourtant, Mel Gibson ne veut pas faire un film dans la lignée de celui de Fleischer, ni même avec le souffle épique de son Braveheart. Il souhaite faire une œuvre réaliste qui ne soit pas trop agitée, mais qui rend compte de la civilisation viking. En ce sens, sa démarche n’est pas si éloigné de celle de Nicolas Winding Refn avec Le Guerrier Silencieux. Mais ici le projet est beaucoup plus ambitieux.

2

Lorsqu’il l’annonce officiellement, Mel Gibson parle de faire le film avec Leonardo DiCaprio et le scénariste William Monahan. Visiblement les trois hommes semblent vraiment en avoir envie.

Mais Voilà ! Entre temps, les polémiques tombent sur Mel Gibson en raison de ses films (qui pourtant rencontrent un franc succès comme on l’a vu) et de certains de ses propos. Craignant pour leurs carrières à Hollywood, DiCaprio et William Monahan préfèreront se retirer gentiment du projet et s’éloigner de celui qui est devenu « infréquentable ». A partir de 2006, suite à son arrestation pour ivresse au volant et ses propos polémiques, Mel Gibson ne pourra plus réaliser de films et sera banni d’Hollywood. Il ne pourra plus ni réaliser ni jouer dans un film.

Berserker ne risque donc pas de voir le jour à ce stade là. Gibson a également des problèmes avec sa vie conjugale. Bref sa réputation est ruinée de même que son projet.

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Pourtant en 2010, il parvient à revenir avec le film Hors de Contrôle. Son projet repart. Il revient vers le scénariste Randall Wallace qui avait déjàécrit le script de Braveheart. Cependant il est désormais tout seul pour produire un tel film. Il déclare : « Je viens de recevoir aujourd’hui la deuxième version de quelque chose qui m’enthousiasme vraiment. […]. En fait, c’est sur les vikings. Les vikings, comme vous le savez, étaient des personnages très peu portés à la compassion, et ces types seront mauvais. Je me suis en quelque sorte reconnecté avec Randall Wallace, qui avait écrit le scénario de Braveheart. Et oui, C’est plutôt bon. Ça s’appelle « Berserker ». »    

Visiblement le réalisateur n’a pas perdu son ambition réaliste et veut s’écarter des clichés et représentations qui hantent les esprits depuis des siècles. Mel Gibson affirme : «Les Vikings n’avaient pas de cornes sur leurs casques. Non, je ne pense pas qu’ils en avaient. Ils auront l’air réel. […] Ils ne courront pas partout comme dans les années 1950. Je veux faire quelque chose de viscéral. »

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Voilà un projet qui donne envie. Quand on connaît Mel Gibson, on peut savoir à quoi s’attendre. Sans doute des panoramas de paysages magnifiques et somptueux de l’Europe du Nord.

Une superbe musique de James Horner qui vient accompagner la beauté des images.

Des ralentis qui confèrent aux séquences leur puissance si particulière.

Mais aussi, comme on s’en doute, beaucoup de violence. Une violence sanguinaire qui prêtera à polémique. Surtout quand « Mad Mel »  balance « Les vikings, comme vous le savez, étaient des personnages très peu portés à la compassion, et ces types seront mauvais ». On se doute que comme à son habitude le bonhomme ne fera pas dans la dentelle.

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Pourtant si on peut anticiper quels seront les partis pris artistiques de Berserker, on ne sait pas grand chose de l’œuvre en elle-même.

Aucun scénario n’a été officiellement rédigéà ce jour. A part le nom de Mel Gibson, rien se semble concret (Randall Wallace a juste étéévoqué). Il n y a aucun travaux préparatoires ou quoi que ce soit.

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Berserker est donc entouré de mystère. Il faut dire que si Mel Gibson a essayé de relancer le projet en 2010, rien n’est gagné pour lui. Si il a réussi un petit retour en tant qu’acteur (qui est loin de la gloire qu’il a connu autrefois), en tant que réalisateur c’est une autre histoire. Sa réputation l’empêche de rameuter les studios et les distributeurs.

Pourtant en 2016, il semble reprendre la réalisation après dix ans d’inactivité, pour le film Hacksaw Ridge. Si c’est un succès, peut être cela lui permettra t’il de mettre sur pied ce projet qui lui tient tant à cœur.

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Mais une fois encore, Berserker semble au point mort et depuis 2010, il n’y a plus de nouvelles, même si Mel Gibson ne semble pas avoir renoncé.

En l’état, il est donc difficile de dire à quoi il pourrait ressembler. On ne pourra se fier qu’aux œuvres précédentes du réalisateur.

  

 

        

                 

Note Projet : 17/20

Note Viabilité : 08/20

Reprise en Mai

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Vince 12

Voyage au Bout de la Nuit

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Catégorie : Littérature

Genre :Roman, Drame

Année :1932

Nombre de pages : 505

Nation : France

Auteur :Louis Ferdinand Céline

Synopsis : En France au début du XXème siècle, Bardamu un jeune homme innocent se retrouve engagé dans l’enfer des tranchées de la guerre 1914-1918. Un évènement qui va changer sa vie et sa façon de voir les choses. Son aventure le conduira également en Afrique où il découvrira le colonialisme et aux Etats Unis dans un monde moderne et capitaliste. Il retournera en France finissant médecin et témoin d’un drame.

Analyse critique :

(Attention SPOILERS !)

Le moment est venu de parler d’un monument de la littérature française : Louis Ferdinand Céline. Souvent considéré avec Marcel Proust comme le plus grand écrivain français du XXème siècle. Autant le dire, il surpasse même largement Proust. Et ce malgré que notre ancien ministre de la culture Frédéric Mitterand l’ait banni des célébrations nationales (ce qui en soit est bon signe et démontre que Céline est toujours antisystème)

Céline né Louis Ferdinand Destouches a vu le jour en 1894 dans la région parisienne de parents normands et bretons.

Il prendra plus tard le nom de Céline apparemment en hommage à sa grand-mère. Médecin de formation, il pratiquait, tout en écrivant déjà des articles pour des revues médicales au début des années 30. Il prit le goût de l’écriture et pour tenter de combler sa situation financière précaire, en 1932, il rédigea son premier livre, un roman intitulé« Voyage au Bout de la Nuit ». Qui aurait cru que ce premier livre allait être considéré comme le meilleur roman du XXème siècle et révolutionner l’écriture ?

Qui honnêtement ne connaît pas Le Voyage au Bout de la Nuit ? Monument littéraire français.   

Tout commence sur cette phrase magique : « Ça a débuté comme ça. Moi je n’avais jamais rien dit. »

Voyage au Bout de la Nuit c’est l’histoire de Bardamu, ce jeune français qui va vieillir et qui au cours de ce long voyage va perdre littéralement ses illusions.

On pourrait dire que par son rythme le livre se divise en deux parties distinctes. La première est celle de « l’aventure » et du registre « picaresque » si on peut l’appeler ainsi. La guerre des tranchées entre 14-18, la désertion, le voyage en bateau vers le continent africain, le travail colonial dans la Jungle d’Afrique, le voyage à New York dans une Amérique capitaliste.

1

Puis la seconde traite du retour en France qui constitue la moitié du bouquin. Bardamu est devenu un médecin et on va suivre sa condition sociale et ses relations et amitiés.

Dans les deux parties, on est vraiment transporté sentimentalement. La première est au final typique du voyage physique qui représente le voyage effectuéà l’intérieur de soi-même. On peut d’ailleurs noter par moment l’influence probable du Cœur de Ténèbres de Joseph Conrad.

 La seconde partie parle elle d’un voyage purement intérieur. Cette fois, Bardamu reste en France dans sa bourgade, pratiquant la médecine, mais continuant à parcourir bien des kilomètres à l’intérieur de soi-même.

On tranche radicalement avec le côté agité de la première partie, pour autant l’intensité dramatique de cette seconde partie est encore plus exaltante et entraînante. 

Le récit est rédigéà la première personne, en narrateur donc. Ce parti pris n’est pas à vocation purement artistique, mais bien personnelle. Car à travers Le Voyage au Bout de la Nuit, Céline dresse sa propre autobiographie (en romancé bien sûr). Lui aussi a connu la guerre de 14-18, voyagé dans l’Afrique colonisée et à New York. Lui aussi a été médecin en France.

Et c’est ce qui donne àVoyage au Bout de la Nuit sa force : sa sincérité et son authenticité.

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Au niveau de l’écriture, c’est du pur et du dur. C’est bien simple, on peut dire sans hésiter que Céline est à l’origine de la littérature moderne. Ce rythme si soutenu et si fluide, la structure des phrases, le rejet des conventions littéraires classiques, tout y’est pour rendre le récit vraiment vivant. Mais également un langage si particulier à la base d’argot notamment, cette virulence dans les dialogues et les descriptions.

Rarement on a vu un tel débit, Céline est en roue libre et envoie du lourd. Dés ce premier ouvrage, son style si personnel, particulier et novateur s’impose au lecteur.

Rien à redire donc sur la rédaction.

Concernant le fond, Voyage au Bout de la Nuit aborde une multitude de sujets. On le résume souvent à une œuvre contre la guerre et son absurdité. Il est vrai que c’est clairement l’une des thématiques du livre. Céline dénonce l’absurdité de la guerre avec véhémence et il ferait presque l’apologie de la lâcheté. On se souvient notamment de ce dialogue qui est souvent cité :

« Oh vous êtes donc tout à fait lâche, Ferdinand ! Vous êtes répugnant comme un rat…

-Oui, tout à fait lâche, Lola, je refuse la guerre et tout ce qu’il y’a dedans… je ne la déplore pas moi… je ne me résigne pas moi…Je ne pleurniche pas dessus moi…Je la refuse tout net, avec tous les hommes qu’elle contient, je ne veux rien avoir à faire avec eux, avec elle. Seraient-ils neuf cent quatre vingt-quinze millions et moi tout seul, c’est eux qui ont tort, Lola, et c’est moi qui ai raison, parce que je suis le seul à savoir ce que je veux : je ne veux plus mourir. »

Un dialogue tout à fait parlant et qui montre la position de l’auteur face à la guerre. Il en va presque à rejeter l’héroïsme qui pour lui fait partie du vernis de la guerre. Il est au final fier de sa désertion et en fin de compte, la lâcheté va paradoxalement lui sauver la mise bien des fois et lui permettre de survivre dans un monde dur et cruel.

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C’est à partir de là que le débat peut devenir plus universel et dépasser la simple dénonciation de la guerre.

Le livre s’attaque notamment au patriotisme qui est décrit comme une sorte d’opium qui égare l’homme et qui permet d’endoctriner des pauvres gens et en faire de la chair à canon pour la guerre. Cette vison peu flatteuse du patriotisme n’a rien de frappant, non seulement au vu de la personnalité de Céline, mais surtout au vu du fait que c’est un « syndrome » propre à la grande majorité des poilus qui deviendront après la guerre pour beaucoup antipatriotiques à cause d’un gouvernement qui les a envoyéà la boucherie. On remarque d’ailleurs que dans le livre l’errance du personnage joue un grand rôle. Il n’est attachéà aucune patrie ou aucunes valeurs ancrées.   

On retrouvera aussi chez Céline l’anticapitalisme, notamment dans sa façon de décrire la société américaine lors du passage de Bardamu à New York.

Au final on retrouve là une philosophie assez anarchiste à travers ses valeurs. De plus, il y’a également un rejet de l’autorité.

Certains ont également cru voir un rejet du colonialisme. Ce n’est pas forcément clair. Céline le critique également mais il faut dire qu’il n’épargne rien dans son roman.

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Cela dit, au final, difficile de caser Céline, car son livre est dans un rejet total de tout idéalisme politique ou sentimental. Cela va de pair avec sa vision de l’humanité en fait, qui à ses yeux est pourrie jusqu’à la moelle. Dans Voyage au Bout de la Nuit, il n’y a personne à sauver et c’est bien la vision qu’a Céline du monde. Une vision extrêmement sombre et pessimiste. Je citerai notamment un passage ou Bardamu/Céline déclare : « La meilleure des choses à faire, n’est ce pas, quand on est dans ce monde, c’est d’en sortir ? Fou ou pas, peur ou pas. »  

    De ce fait, beaucoup ont logiquement rapprochéVoyage au Bout de la Nuit et son auteur du nihilisme. Evidement tout est noir dans ce livre qui apparaît totalement désespéré. Pourtant j’ai toujours du mal avec la notion de nihilisme en tant que courant de pensée. Il existe peut être en forme artistique mais ne peut dans ce cas là, selon moi, aller avec la pensée. Car si Céline était vraiment nihiliste, il n’aurait jamais écrit Voyage au Bout de la Nuit. S’il avait été nihiliste, il aurait résonné de la façon suivante : « De toute façon l’humanité est pourrie, le monde est pourrie, c’est comme ça, on y changera rien car c’est notre nature profonde, notre essence. Alors à quoi bon écrire un livre ? ». Mais Céline a rédigé un livre pourtant.

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Sa démarche n’est donc pas celle d’un nihiliste, mais d’un homme qui en a gros sur le cœur et qui lâche tout à l’écrit. Dans le fond, je pense que Céline se fait plus dur qu’il ne l’était vraiment et il était sans doute plein d’humanisme, ces autres livres me confortent d’ailleurs dans cette pensée.

De plus, quand on se penche sur la tension dramatique de la seconde moitié du livre, l’exacerbation des sentiments, on ne peut que se dire que seul quelqu’un qui a une profonde humanité et qui a été heurtée par la cruauté des sociétés modernes, a pu écrire cela.

Il y’a donc une grande dimension sentimentale aussi dans Voyage au Bout de la Nuit, c’est une œuvre forte, violente et viscérale. C’est également un roman psychologique. Certains disent même psychanalytique en y voyant l’influence de Freud. Notamment dans la description des conséquences psychiques de la guerre. On pourra noter des analogies mais je ne suis pas convaincu que même à cette époque, Céline ait pu être influencé par la psychanalyse freudienne.

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Voyage au Bout de la Nuit est donc une œuvre totalement incroyable forte et puissante. C’est même hallucinant de voir un type réussir un tel chef d’œuvre réinventant la littérature dés son premier ouvrage.

Cela est dû une fois encore à l’authenticité de Céline, il n’écrit pas, il s’adresse littéralement au lecteur avec un langage plein de force, de poésie et d’argot.

A sa sortie en 1932, Voyage au Bout de la Nuitprovoqua de très violentes réactions dans le monde littéraire. Il est vrai que ce roman était un vrai bouleversement pour cet univers. Cette œuvre divisa entre les pro-Céline et les anti-Céline. Les deux clans bataillèrent notamment pour attribuer ou non le prix Goncourt au livre. Certains le jugeaient trop « sombre », « grossier » et même « obscène ». A l’époque c’est une affaire qui fera beaucoup de bruit. Le prix sera finalement attribué au livre Les Loups de Guy Mazeline.

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Cependant ce n’est qu’une bataille de perdue, puisque Voyage au Bout de la Nuit remportera finalement le prix Renaudot (à une époque oùça signifiait encore quelque chose).

Mais comme toujours, c’est avant tout le public qui tranche. Et ce sera la consécration, le livre obtiendra un grand succès dans les librairies. Il faut dire que le peuple tenait là enfin un livre authentique qui lui parlait et pas issu de cette littérature bourgeoise qui ne comprenait rien aux vrais sentiments de la populace. L’argot de Céline, les leteurs du peuple, le comprenaient très bien et en percevaient l’utilité. Même les critiques qui reprochaient au livre son langage, étaient forcées de reconnaître le génie novateur de la rédaction.

Céline venait d’inventer la littérature moderne. Au cours des années, le succès du livre n’a pas démenti. Voyage au Bout de la Nuit est devenu un classique sacré de la littérature française.

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En 1999, La Fnac et le journal Le Monde organisèrent un classement des 100 meilleurs livres du XXème siècle. Pour dresser la liste ils firent voter 6000 lecteurs qui placèrent Voyage au Bout de la Nuità la sixième place.

Voyage au Bout de la Nuit c’est donc un premier grand coup de maître (et c’est vraiment peu de le dire) de la part de Céline qui dés son premier né, s’impose comme l’une des figures les plus importantes de la littérature française.

Un chef d’œuvre inoubliable qui marque un avant et un après dans toute vie littéraire. A lire absolument !

Tout simplement le plus grand roman du XXème siècle.       

     

   

     

 

Note : 20,5/20


Mort à Crédit

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Catégorie : Littérature

Genre :Roman, Drame

Année :1936

Nombre de pages : 616

Nation : France

Auteur :Louis Ferdinand Céline

Synopsis : L’enfance du jeune Ferdinand qui vit à la boutique de ses parents. Peu chanceux dans la vie, il s’attire régulièrement les foudres de ces derniers. L’histoire de ses premiers bouleaux alors qu’il est encore tout jeune, son envoi dans une pension en Angleterre, son retour en France et le drame de sa famille.

Analyse critique :

(Attention SPOILERS !)

Continuation de notre cycle Céline avec le second livre le plus culte de l’auteur, j’ai nomméMort à Créditécrit en 1936.

Quatre ans auparavant, Céline s’était fait connaître et avait triomphé avec son roman Voyage au Bout de la Nuit qui avait littéralement changer le paysage littéraire. 

Un génie avait éclaté et il était donc logique de le voir persévérer dans cette voie. Bien vite, il décide alors de rédiger un nouveau roman intitulé« Tout Doucement ». Le but étant d’évoquer son enfance de façon romanesque. Immédiatement, il a l’idée de faire suivre ce roman d’un second volet intitulé« Chanson Morte ». Au final, il liera ces deux écrits dans un seul et même ouvrage qu’il baptise : « Mort à Crédit » et qui est donc divisé en deux parties respectives.

1

Ce nouvel ouvrage s’inscrit dans la droite lignée du premier. Bien que le personnage ne soit pas identifié comme étant Bardamu, il s’appelle lui aussi Ferdinand (qui est également le nom de Céline). Il est également médecin et exerce dans un petit quartier. Désillusionné, il est écœuré par l’humanité. Pris d’une terrible fièvre qui le fait délirer, il se remémore ses souvenirs d’enfance. 

La boutique de ses parents, ses études, ses premiers boulots et ses premiers échecs. La relation avec son père et sa mère et son envoi en pension en Angleterre.

Ainsi se compose la première partie.

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La seconde aborde le retour en France, les premières expériences sexuelles, sa relation avec son oncle et surtout son travail chez un éditeur rêveur et pathétique.

L’histoire de Mort à Crédit et donc sur l’enfance et la jeunesse. Pourtant, contrairement à ce qu’inspire ces dernières, tout est ici sombre et sans espoirs.

Tout comme pour Voyage au Bout de la Nuit, Céline rédige un ouvrage à mi chemin entre le roman et l’autobiographie. Tout est une fois encore racontéà la première personne, dans un style similaire à celui du Voyage au Bout de la Nuit. Mais ici, le style Céline explose littéralement. La syntaxe est à la fois anarchique et fluide. Le ton très poussé et le débit brutal. L’utilisation régulière de points de suspension, la ponctuation très soutenue : tout cela donne véritablement vie aux phrases de Mort à Crédit.

3

Mais on retrouvera également cet argot si particulier qui est également l’une des marques de fabrique de Céline. On se demande même où il est allé chercher des mots pareils !

Avec Mort à Crédit, le style Céline atteint tout simplement sa quintessence ! C’est encore plus travaillé et réussi que Voyage au Bout de la Nuit, c’est dire ! L’auteur a pousséà l’extrême son incroyable talent !

Mais Mort à Crédit est surtout une claque monumentale par son contenu et son message qu’il nous délivre en pleine face.

4

Céline nous dresse ici le portrait d’une société sans âme et déshumanisée.

L’histoire se déroule à la « Belle Epoque » (fin du XIXème Siècle et début du XXème), marquée par les « progrès » sociaux, économiques et technologique. Pourtant Céline nous montre l’envers du décor : une classe moyenne perdante, misérable et endettée jusqu’au cou, tentant de survivre. Le ton est donc très sombre et la narration désillusionnée.

Mais la seconde partie est encore plus trash et on atteint un degré incroyable de cynisme marquant un constat sur la société moderne démocrate. Les personnages de Mort à Crédit ressemble à une  nuée de créatures se débattant sans cesse pour tenter se survivre. Dans ce monde cruel, certains nourrissent encore rêves et ambitions, ce qui les rend d’autant plus pathétiques dans ce roman.

5

Seul le personnage de l’Oncle est positif ici. Il est d’ailleurs intéressant de noter que la Première Partie termine par « oui, mon oncle » et la seconde et dernière par « non, mon oncle ». L’oncle sera la seule figure bienveillante du récit.

Céline dévoile ici sa vision profondément noire de l’humanité qu’on lui connaît. Dans ce livre, la vie des humains n’a plus aucun sens. Tous semblent endettés envers la vie qui leur fait payer en abattant sur eux toutes les misères et malheurs du monde dont seul la mort les délivrera. D’où le titre profondément cynique « Mort à Crédit ».

On ne ressort donc pas d’une telle lecture indemne, Céline sait frapper fort ! On y retrouve ici peut être plus que dans aucun autre livre son style, sa philosophie et sa vision de la vie.  

 

6

Une fois de plus, l’auteur a signé un chef d’œuvre.

Pourtant si le livre s’est bien vendu à sa sortie, il faut avouer que ça n’a pas été le succès attendu. Il fut d’ailleurs vivement critiqué aussi bien par la gauche que la droite qui trouvaient le fond trop « nihiliste » et le style trop chaotique. Cela dit, il faut aussi resituer les choses dans leur contexte. A l’époque, la France (et même l’Europe) était en ébullition sur le plan politique et les gens s’intéressaient moins aux romans qu’aux pamphlets ou aux essais philosophiques ou politiques. Mort à Créditavec son côté« roman sombre » n’était donc pas dans l’air du temps.

Céline sera quelque peu blessé par cet accueil. De plus, l’édition lui avait déjà imposé des coupes dans son récit. 

7

Pourtant, avec le temps, Mort à Crédit est devenu un grand classique de la littérature et le second chef d’œuvre le plus cité de Céline après Le Voyage au Bout de la Nuit.

Deuxième livre et deuxième monument de la littérature. Du génie pur ! Un joyau de la littérature française.

 

Note : 20/20

Mea Culpa

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Catégorie : Littérature

Genre :Pamphlet

Année :1936

Nombre de pages : 27

Nation : France

Auteur :Louis Ferdinand Céline

Synopsis : Après son voyage en URSS, Louis Ferdinand Céline, livre une diatribe contre la nature humaine, le capitalisme, le matérialisme et le communisme.

Analyse critique :

(Attention SPOILERS !)

Céline c’est bien sûr celui qui a donné ses lettres de noblesses au roman moderne, il l’a même crée.

Mais Céline ce n’est pas non plus que des romans, c’est aussi des pamphlets. La partie de l’œuvre de l’auteur que certains n’osent pas aborder et qui pourtant est peut être la plus intéressante. Elle permet en effet de comprendre le point de vue et la pensée de Céline de manière explicite. Cela procure aussi un témoignage sur l’époque.

Son premier pamphlet fut Mea Culpa, rédigé en 1936. Cette année là, Céline sortait également son chef d’œuvre Mort à Crédit qui n’eut pas le succès escompté (bien qu’il se vendit). On était loin de l’engouement pour Voyage au Bout de la Nuit. Il faut dire qu’en cette période, l’Europe était en plein bouleversement politique. Les gens n’avaient plus la tête à lire des romans, il lisait des pamphlets qui leur donnaient une orientation ou un avis sur la situation géopolitique actuelle. On en était aux grands débats d’idées. 

Céline dût donc lui aussi s’inscrire dans cette tendance du pamphlet avec Mea Culpa.

Cela dit, la raison est sans doute plus profonde. En réalité en 1936, Céline avait effectué un voyage en URSS. On a dit autrefois qu’il était attiré par ce pays dominé par le communisme. L’auteur était en effet proche des milieux communistes et plus généralement de l’extrême gauche.  En fait, il devait toucher des droits sur les ventes de Voyage au Bout de la Nuit en URSS. Cependant le rouble n’était pas convertible à l’époque. L’auteur s’offrit alors un voyage à l’est avec l’argent obtenu pour les droits d’auteur. C’est là qu’il va découvrir les ravages du communisme et du bolchevisme.

C’est donc l’un des sujets de ce pamphlet.

1

Mea Culpa ressemble avant tout à un jet improvisé de Céline, une sorte de « crachat » littéraire, de la part d’un auteur frustré et écœuré par la nature humaine. Le format du livre est très court (27 pages). Mea Culpa semble donc avoir été rédigé sur un coup de tête, sous l’émotion.

Cette idée est par ailleurs renforcée par la rédaction très anarchique. A l’époque, Céline avait été très déçu par la mauvaise réception de son Mort à Crédit. Les critiques lui avaient notamment reproché un manque de structure au niveau des phrases. On peut dire qu’avec Mea Culpa, Céline leur a  répondu.

C’est simple la rédaction est complètement éclatée, et il n’y a quasiment plus de structure au niveau des phrases ou au niveau des paragraphes. C’est tellement pousséà l’extrême que ça ressemble à une provocation volontaire. Une sorte de bras d’honneur adresséà ses détracteurs.

Mais une fois encore cette structure anarchique et éclatée renforce également le côtéémotionnel du livre et rend la lecture plus vivante. C’est comme un verre d’absinthe d’époque qu’on aurait vidé cul sec d’un seul trait ! C’est comme un cri de rage de la part de Céline.

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On notera également l’emploi de l’argot typiquement célinien, ce qui était déjà le cas dans ses romans. Mais ici, ça atteint des proportions énormes ! Trois mots d’argot par phrase ! Du pur Céline qui pour le coup est vraiment déchaîné !

Mais dans ce chaos littéraire, de quoi parle donc l’auteur ?

Comme à son habitude, Céline dresse un portrait au vitriol de l’humanité décrit comme un tas de pourritures. On retrouve sa vision profondément acharné contre la nature humaine et la société. Cela transparaissait déjà dans ses romans, mais ici sous le label de pamphlet il se lâche vraiment à fond. Et il tape fort là oùça fait mal, n’épargnant réellement personne.

Il s’en prend une nouvelle fois au capitalisme, l’attaquant farouchement. Mais il s’attaque aussi violemment au communisme, dont il était proche auparavant et dont il a été témoin des ravages en URSS. Il est vraiment sans pitié pour le gouvernement soviétique.

Mais la dénonciation des régimes capitalistes et communistes l’amènent en fait à une farouche critique du matérialisme. Pour lui c‘est l’un des plus gros problèmes de la société moderne et c’est aussi ce qui pourrit l’humanité. Le matérialisme entraîne l’individualisme et le culte de sa personne et de l’homme en général.

Céline, qu’on disait anarchiste et nihiliste, en vient même à regretter la religion qui selon lui cadrait mieux la société et était moins hypocrite envers les hommes, optant pour une dimension spirituelle plutôt que le matérialisme des sociétés modernes.

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C’est donc pour cela qu’il critique beaucoup la société communiste de l’URSS. « Le programme du Communisme ? dit-il, malgré les dénégations : entièrement matérialiste ! Revendications d’une brute à l’usage des brutes !...Bouffez ! Regardez la gueule du gros Marx, bouffi ! Et encore s’il ils bouffaient, mais c’est tout le contraire qui se passe ! »

Sur le matérialisme il déclare également : « rabaisser l’homme à la matière, c’est la loi secrète, nouvelle, implacable ».

On citera également le passage où il déclare : « La grande prétention au bonheur, voilà l’imposture ! C‘est elle qui complique toute la vie ! Qui rend les gens si venimeux, crapules, imbuvables. Y’a pas de bonheur dans l’existence, y’a que des malheurs plus ou moins grands, plus ou moins tardifs, éclatant, secrets, différés, sournois… ». Derrière cette phrase qu’on pourra juger « nihiliste », Céline dénonce également la prétention des régimes à donner le bonheur absolu aux humains, mais surtout la manipulation qui en découle. La recherche du bonheur pousse les gens à se battre entre eux pour obtenir leur propre bonheur et confort personnel. Là encore, cela rejoint évidemment cette notion de matérialisme.

Malgré son court format, sa structure bordélique et l’emportement de son auteur, Mea Culpa reste un livre très intéressant. Evidemment, ça ressemble davantage à un fouillis d’idées en vrac. C’est bien le cas, il s’agit là du premier pamphlet de son auteur, et Céline jette tout en bordel sur son papier.

4

Mea Culpa sera édité avec avec La Vie et L’œuvre de Semmelweis. Ce ne sera pas un grand succès comme l’avait étéLe Voyage au Bout de la Nuit, Céline changeant littéralement de registre. Même di les pamphlets étaient en vogue, on ne l’attendait pas forcément sur ce terrain-là. 

Aujourd’hui, Mea Culpa n’est pas forcément facile à dénicher, même s’il reste le pamphlet de Céline qui se trouve le plus facilement.

Il s’agit là de ses premiers pas dans ce registre, et clairement ça décape. L’auteur envoie ici des idées en vrac mais on comprend sa logique. Suite à cette critique du matérialisme et du régime communiste, il se mettra l’extrême gauche (qui l’avait considéré comme un des siens au vu de son côté anarchiste) à dos. Autant dire qu’à cette époque il avait même déjà tout le monde à dos.

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Céline, nous aurons d’ailleurs l’occasion de le voir, n’a jamais été politiquement engagé, c’était un libre penseur enragé avant tout.

Mea Culpa reste donc un livre à lire, essentiel pour comprendre le cheminement de la pensée de l’auteur.         

   

     

 

Note : 15/20

Bagatelles pour un Massacre

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Catégorie : Littérature

Genre :Pamphlet

Année :1937

Nombre de pages : 436

Nation : France

Auteur :Louis Ferdinand Céline

Synopsis : Céline discute de danse avec Léo Gutman et lui propose de faire jouer à l’Opéra des ballets qu’il a écrit et intitulés : « La Naissance d’une Fée », « Voyou Paul, brave Virginie » et « Van Bagaden-Grand Bellet Mime et quelques paroles ». La discussion dérive sur la société moderne et Céline passe tous les sujets de l’époque : La politique, la place de l’homme dans la société, « la question juive », l’URSS, le cinéma, la littérature, l’art, le surréalisme, l’alcool, le capitalisme, le communisme et la guerre qui approche.

Analyse critique :

(Attention SPOILERS !)

Attention, nous rentrons dans la zone interdite célinienne !... Avec Bagatelles pour un Massacre pamphlet rédigé en 1937.

Un an avant, l’auteur de Voyage au Bout de la Nuitet de Mort à Créditétait déjà passé au pamphlet avec Mea Culpa, une œuvre anarchique pleine de phrases en vrac qui dénonçait le capitalisme, le communisme et surtout le matérialisme qui en découle.

Avec Mea Culpa, Céline est entré dans une nouvelle ère et l’auteur acclamé du Voyage au Bout de la Nuitqui avait inventé le roman moderne, est désormais considéré comme moins fréquentable par l’intelligentsia. On le décrit plus ou moins comme un sombre nihiliste, fou et obscène, qui a un mépris profond pour la nature humaine !...

Pourtant Mea Culpa ce n’était que l’apéro, le premier d’une série sulfureuse de quatre pamphlets.

La seconde pierre sera donc Bagatelles pour un Massacre rédigé en 1937.

Avec ce livre, Céline va littéralement signer son arrêt de mort auprès des classes intellectuelles dominantes de l’époque aussi bien de l’extrême gauche que de l’extrême droite !...

Bagatelles pour un Massacre est le scandale de Céline par excellence !... Celui qui lui a valut d’être exclu des célébrations nationales par le pédophile, pardon le ministre Frédéric Mitterrand qui s’écrasa sous la pression des Klarsfeld. Depuis la fin de la seconde guerre mondiale, ce livre est très difficilement trouvable car la veuve de Céline a respecté la volonté de l’auteur de ne pas le faire rééditer. Cela dit, s’il n’y a pas de censure officielle, chaque évocation du livre provoque un tôlé général de même que l’idée d’une nouvelle publication !...

Pourquoi Bagatelles pour un Massacre a-t-il fait couler autant d’encre ?

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Quand on évoque ce livre on parle immédiatement d’un ouvrage « antisémite » et donc « infréquentable ». Qu’en est-il réellement ?

Ce n’est un secret pour personne, Louis Ferdinand Céline était en effet antijuif à 100, que dis-je, à 200% !... Dans Bagatelles pour un Massacre, il ne manque pas de s’attaquer très vivement à la communauté israélite. Mais ce n’est pas tout, il critique également L’URSS, la politique, les français, les humains en général  l’art moderne, le consumérisme…

Tout commence avec ces mots : « Le monde est plein de gens qui se disent des raffinés et qui ne sont pas, je l’affirme, raffinés pour un sou. »

Bagatelles pour un Massacre possède le côté entraînant de Mea Culpa. Il en a également conservé le coté anarchique mais en moindre. Si dans Mea Culpa, tout était minutieusement déstructuré, ici Céline garde une certaine « rigueur » malgré le côté délabré.

On passe cependant littéralement du coq à l’âne. L’auteur expose d’abord deux de ses ballets : « La Naissance d’une Fée » et « Voyou Paul, brave Virginie »évoquant un dialogue avec Léo Gutman où il tente de faire s’intéresser ce dernier à ses ballets.

De là, Céline imagine la déviation du dialogue sur la société actuelle et moderne, et c’est là que Bagatelles devient véritablement un pamphlet.

Une introduction originale, il faut le reconnaître.

Le langage du livre est 200 % célinien. Très crue donc !... Et parfois obscène !... On retrouve l’argot si personnel de l’auteur à travers chaque phrase. On note aussi la violence de l’écriture qui est très vive et très incisive. On sent clairement qu’ici Céline se lâche tout entier et balance sans modération tout ce qu’il a sur le cœur !...

La syntaxe est agressive et la ponctuation très marquée avec ce style si cher à Céline qui accompagne un point d’exclamation de trois petits points !...  (Vous constaterez que la chronique en est infestée depuis le début). Comme s’il reprenait son souffle tellement il s’était lâché sur chaque phrase exclamative (soit 90% du bouquin).

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Le style est donc très célinien et par la même absolument génial. Bagatelles, c’est plus de 400 Pages qui se lisent comme un verre d’absinthe corsée cul sec.

Mais qu’en est-il du fond ? C’est là où on commence à marcher sur des œufs !...

Si le fond est vivement critiqué par l’intelligentsia, notamment en raison de son caractère antijuif, force est de reconnaître, que le lecteur moderne pourra constater que l’œuvre de Céline était tout de même visionnaire.

Il faudra passer outre le côté délirant, outrancier et caricatural du livre. Mais quand le lecteur s’y penche, il découvre le génie visionnaire de cet ouvrage.

Car Bagatelles pour un Massacre n’est pas qu’antijuif, il est antitout !...

Et c’est ce que je me décide à démontrer à travers cette chronique.

C’est un livre de son temps incontestablement qu’il faut savoir certes resituer dans son contexte d’origine. Mais comme je le disais, une partie du raisonnement de Céline s’applique encore aujourd’hui.

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Le mieux pour le comprendre est de citer directement l’auteur.

Premièrement transparaît ici une farouche critique de l’URSS où Céline avait voyagé l’année précédente. Il avait d’ailleurs déjà critiqué l’Union Soviétique dans Mea Culpa. Ici cependant, il le fait de façon plus constructive :

« Qu'est‐ce qui tue toute la Russie ?... qui massacre ?... qui décime ?... Quel est

cet abject assassin ? ce bourreau superborgiesque ? Qui est‐ce qui pille ?... Mais

Nom de Dieu ! Mais c'est Staline !... »

« Ce qu'on appelle communisme dans les milieux bien avancés, c'est la grande

assurance‐nougat, le parasitisme le plus perfectionné des âges... garanti

admirablement par le servage absolu du prolétariat mondial... l'Universelle des

Esclaves... »

« L'Internationale ouvrière c'est la prestidigitation, l'imposture sociogigantesque

du très grand ancêtre "Marx Brother" le premier de nom... l'Hirsute, pour

arnaquer les cons d'Aryens. »

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Voici quelques citations concernant le régime soviétique. Ici, Céline démontre l’imposture totale de ce régime qui plus que jamais dans l’histoire a coulé la Russie et l’a descendu au plus bas. Il évoque notamment le génocide du peuple russe par le gouvernement. Mais également l’hypocrisie de cette idéologie. Il cite par ailleurs une phrase authentique et parlante de Lénine :

« Le Mensonge n’est pas seulement un moyen qu’il est permis d’employer, mais c’est le moyen le plus éprouvé de la lutte bolchevique ». Lénine

Sur la Russie du communisme, il ajoute :

 « La Russie n'est pas le triomphe des travailleurs, mais ne semble être qu'un

gigantesque placement des capitalistes juifs pour leurs propres fins. »

Cette dernière phrase est intéressante puisqu’il fait le lien entre L’URSS communiste et le capitalisme. Est-ce ridicule ? Absolument pas. Bien avant les travaux d’Anthony Sutton, on savait déjà que la révolution bolchevique avait été financée par les banquiers de Wall Street (pour en savoir plus sur le sujet lire le livre Wall Street et la Révolution Bolchevique d’Anthony Sutton). Cependant, il ajoute le terme « juif ». Là encore, au-delà des apparences, son affirmation n’est pas complètement gratuite, puisque la majeure partie des promoteurs du Bolchevisme en Russie étaient juifs (Jacob Schiff, Felix Warburg, Otto H. Kahn, Mortimer L. Schiff, Jerome J. Hanauer, Isaac Seligman, pour ne citer que ceux-là). De même que les principaux leaders et comissaires bolcheviques étaient juifs et c’etait notamment l’une des raisons de l’antisémitisme relatif à cette époque.

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Mais nous en venons donc au sujet tabou du livre : l’antijudaïsme de Céline. Là encore les citations ne laissent aucun doute :

« Ah ! tu vas voir la révolte !...le réveil des indigènes !...Les Irlandais, pendant cent ans, ils se sont relevés toutes les nuits pour étrangler cents anglais qui leur en faisaient pas le quart de ce qu’on supporte, nous, des youtres ! »       

« Ils n’en parlent jamais du juif. Le juif est tabou dans tous les livres qu’on nous présente. Gide, Citrine, Dorgelès Serge, etc. n’en disent mot…Ils ont l’air de casser le violon, de bouleverser la vaisselle, ils n’ébrèchent rien du tout. Ils esquissent, ils trichent, ils biaisent devant l’essentiel : Le juif. Ils vont jusqu’au bord seulement de la vérité : Le juif. »

« La seule chose grave à l’heure actuelle, pour un grand homme, savant écrivain, cinéaste, financier, industriel, politicien (mais alors la chose gravissime) c’est de se mettre mal avec les juifs.[…] Faites le clown, l’insurgé, l’intrépide, l’antibourgeois, l’enragé redresseur de torts… le juif s’en fout !Divertissements…Babillages ! Mais ne touchez pas à la question juive, ou bien il va vous en cuire…Raide comme une balle, on vous fera calancher d’une manière ou d’une autre… »

« L’idéal juif, c'est-à-dire à la suprématie de la race juive dans tous les domaines : culturels, matériels, politiques…le juif est dictateur dans l’âme, vingt cinq fois comme Mussolini. La démocratie partout et toujours, n’est jamais que le paravent de la dictature juive. »

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« Toutes les circonlucutasseries, ces servilités canines veulent dire en termes directs : ‘’Attention ! mon petit journaleux, mon petit échotier fragile ! Attention ! Ces individus que tu vois là devant toi, sont autant de juifs ! Fais donc bien gaffe !  Terriblement…Ils appartiennent à la race la plus puissante de l’univers… dont tu n’es de naissance qu’un des domestiques…Ils peuvent pour un mot de traviole te faire virer de ton emploi…te faire crever de faim sans appel…’’

‘’ A quel moment, monsieur le juif, désirez vous que je baisse mon froc ? Aurez-vous la bonté de me mettre ?...’’ »

« Lorsque les français monteront une ligue antisémite, le président, le secrétaire et le trésorier seront juifs. »

« Autre détail pittoresque, notons que sous Philippe-Auguste, les juifs furent propriétaires de la moitié de Paris et furent chassés par le peuple lui-même tellement ils avaient su se rendre odieux par leurs exactions, par leur pratique de l’usure. Ils furent à nouveau bannis sous Philippe le Bel, Charles VI, Louis XII, Louis XIV, Louis XVI finalement, plus faible que ses prédécesseurs, paya de sa tête la résistance des autres rois aux juifs. Pas plus de démocratie, de libération des peuples dans toute cette histoire, en tous points fétide, que de vives truites au Bas-Meudon… »

« C’est parfait. Depuis l’affaire Dreyfus la cause est enterrée, la France appartient aux juifs, corps, bien et âmes, aux juifs internationaux, ils le sont tous, la France est une colonie du pouvoir juif international, toute velléité de chouannerie est condamné d’avance à la faillite honteuse… »

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Comment appréhender donc l’antijudaïsme de Céline ? Le mieux est de s’adresser directement à l’auteur qui en parle lui-même, lisez plutôt :

« J’ai rien de spécial contre les juifs en tant que juifs, je veux dire simplement truands comme tout le monde, bipèdes à la quête de leur soupe…Ils ne me gênent pas du tout. Un juif ça vaut peut être un breton, sur le tas, àégalité, un auvergnat, un franccanaque, un ‘’enfant de Marie’’…C’est possible…Mais c’est contre le racisme juif que je me révolte, que je suis méchant, que je bouille, ça jusqu’au tréfonds de mon bénouze !...Je vocifère ! Je tonitrue ! Ils hurlent bien eux aux racistes ! Ils n’arrêtent jamais ! Aux abominables pogroms ! Aux persécutions séculaires ! C’est leur alibi gigantesque ! C‘est la grande tarte ! Leur crème ! On me retirera pas du tronc qu’ils ont dû drôlement les chercher les persécutions ! Foutre bite ! Si j’en crois mes propres carreaux ! S’ils avaient moins fait les zouaves sur toute l’étendue de la planète, s’ils avaient moins fait chier l’homme ils auraient peut-être pas dérouillé !...ceux qui les ont un peu pendus, ils devaient bien avoir des raisons… On avait dû les mettre en garde ces youtres ! User, lasser bien des patiences…ça vient pas tout seul un pogrom !...C’est un grand succès dans son genre un pogrom, une éclosion de quelque chose…C’est pas bien humainement croyable que les autres ils soient tous uniquement fumiers…ça serait trop joli… »

Cette notion de l’exhibition de la persécution des juifs, Céline y revient plus en détail dans le livre :

« Mais en dépit de tant d’expériences le coup du juif « traqué », « martyr », prend encore toujours, immanquablement, sur ce con de cocu d’Aryen. La petite histoire lamentable du persécuté juif, la jérémiade juive, le « Chaplinisme » le fait toujours mouiller. Infaillible ! […] Seuls les malheurs de juifs le touchent à coup sur ! Le récit de ces « horreurs » le trouve sans méfiance, sans résistance, sans scepticisme. Il avale tout. Les malheurs juifs font partie de la légende…la seule légende d’ailleurs à laquelle croit encore l’Aryen…Suprême miracle !...Quand le volé, le pillard juif hurle au secours, la poire aryenne sursaute d’emblée…blète…chute…dégustation !...C’est ainsi que les juifs possèdent toute la richesse, tout l’or du monde. L’agresseur hurle qu’on l’égorge ! Le truc est vieux comme Moïse…il fonctionne toujours… » 

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L’auteur cite également des extraits haineux controversés du Talmud ou encore des citations d’intellectuels ou écrivains juifs racistes envers les non-juifs.

De même, il cite aussi des discours antijuifs de personnalités notables et reconnus (parfois juives elle-même)

Mais bon, pour la faire courte, je n’ai pas vraiment l’intention de m’attarder sur l’antijudaïsme de Céline. Pourquoi ? Pour la simple et bonne raison qu’il n’a rien d’exceptionnel au vu de l’époque. Nombreux étaient les auteurs antijuifs pendant cette période et je ne vois pas pourquoi le cas de Céline en particulier est visé. Mais surtout on trouve des antisémites parmi les plus grands esprits de ce monde  et de toutes époques comme par exemple Spinoza, Voltaire, Chateaubriand, Shakespeare, Schopenhauer, les Frères Grimm, Goethe, Dostoïevski, Bloy, Nietzche, Reed, Kant, Marx, Bakounine, Proudhon, Wagner, Jaurès, Henry Ford, Bobby Fisher…pour ne citer qu’eux.

Bien que les juifs soient ici toujours mis en cause par l'auteur, Céline sait aussi s’en prendre aux « aryens »à savoir les européens en général :

« Il n’existe dans la nature que quelques rares espèces d’oiseaux pour se démontrer aussi peu instinctifs, aussi cons, aussi faciles à duper que ces enfiotés d’Aryens… »

« L’Aryen, si simple, si fruste, le juif l’a rendu snob, et soi disant critique, dressé au dénigrement, à la méfiance envers ses frères de race, à la destruction de ses frères de race automatiquement et jamais à la critique de la fantasmagorie juive. L’Aryen n’est plus que le singe du juif. Il fait des grimaces sur commande. De nos jours, le goy le plus obtus, se cabre, se révolte, s’il pressent qu’il pourrait peut être conserver au fond de sa musette quelques petits préjugés de race…Il s’inquiète, il s’angoisse de ne pas être suffisamment à la page, moderne, libéral, international, cosy-corner, démocratique, smoking, politiquement affranchi, c'est-à-dire pratiquement parlant, assez bien orienté assez profondément tenacement par les youtres possédé, tétaré, loti, fourgué, transpiré, négrifié dans chaque poil des sourcils chaque goutte de sperme, chaque morpion, de la tunique de chaque viscère à la granule de son pain…de la coiffe de son calot à la douille qui va le transpercer…jamais assez glué, conchié par les juifs…pour les juifs. »  

« Vinasser, ragoter encore, beloter, affûter les panoplies, lancer de nouveaux défis. Voici pour le positif, la vie spirituelle, artistique et morale de l'Aryen complet. »

 « Il  est temps je crois, Aryens, de faire votre prière, de bien avouer que vous êtes tous condamnés, victime heureuses, consentantes, parfaitement exaucées, bien pourvues transies et reconnai-ssantes… »

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Mais il insistera plus précisément sur le français en particulier :

« Le français en particulier, se détache nettement de l’ensemble aryen, par sa haine irrémissible, inexpiable, pour ce qui, même de loin, lui rappelle quelque lyrisme. Alors, il ne contient plus de fureur obscure ! le sang lui vient aux yeux…Quelle faillite…Quel abêtissement ! Depuis les cavernes…Quelle déroute ! Quelle ignoble involution dans l’inertie et dans la chiasse… »  

« La France est une colonie juive, sans insurrection possible, sans discussion, ni murmure… Il faudrait pour nous libérer un véritable Sinn-Finn…un instinct de race implacable…mais nous n’avons pas la « classe » des Sinn-Finners !... Beaucoup trop enfiotés, déjà avinés, avilis efféminés, enjuivés, maçonnisés, mufflisés de toutes les manières. Des chancres pourris d’alcool et toujours plus avides rongeurs rongés. Atroce !»

« Oser ? le Français moyen ? avouer, faire entendre, directement, qu'il n'aime pas

les Juifs ? le racisme juif ? la gigantesque escroquerie juive ? c'est, se faire

classer irrémédiablement, à l'instant même, parmi les plus infréquentables

fieffés cancreux tardigènes, absolument irrespirables, de l'univers ! »

« Rien n'est plus odieux de nos jours, humainement plus odieux, plus humiliant

que de regarder un Français moderne dit lettré, dépiauter narquoisement un

texte, un ouvrage... n'importe quelle bête à côté possède une allure noble,

pathétique et profondément touchante. Mais regardez ce bravache grelot si

indécent de suffisance, obscène de muflerie fanfaronne, d'outrecuidance butée,

comme il est accablant... Que lui expliquer encore ? lui répondre ?... Il sait

tout !... Il est incurable ! S'il a obtenu son bachot alors il n'est même plus

approchable. »

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On notera aussi que l’auteur n’est pas tendre avec la gente féminine :

« Les femmes, tout aussi alcooliques que les hommes, sont encore si possible un

peu plus abruties que les hommes... par les ragots interminables, leur

mesquinerie délirante "ménagère", "l'espionnite des bignolles", la rage,

l'hystérie de tout médiocriser, de tout juger, de tout ravaler au plus bas, encore

plus bas, de plus en plus bassement, toute parole, tout inconnu, toute œuvre,

tout lyrisme, tout mystère, sauf la merde bien entendu, la magnifique merde

juive, dont elles raffolent et se régalent encore plus effrénément, plus

aveuglément que les hommes... »

Outre des catégories ou des groupes de personnes, Céline s’en prend à plusieurs idéologies ou disciplines. On a déjà parlé de sa critique féroce du communisme, mais il évoque aussi le capitalisme et la Finance. Il s’en prend notamment au consumérisme :

« Comment le plus infime crétin, le canard le plus rebutant, la plus désespérante

donzelle, peuvent‐ils se muer en dieux ?... déesses ?... recueillir plus d'âmes en

un jour que Jésus‐Christ en deux mille ans ?... Publicité ! Que demande toute la

foule moderne ? Elle demande à se mettre à genoux devant l'or et devant la

merde ! »

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Pour Céline, cette notion de consumérisme rejoint au final celle de dépravation et il prend l’alcoolisme pour illustrer ce fait :

 « Moyenne annuelle dépensée dans quelques pays, par habitant, par an, pour

l'achat de livres (seule base, de comparaison possible)

États‐Unis: 25 francs par tête.

Allemagne: 20 francs par tête.

Grande‐Bretagne: 10 francs par tête.

Belgique: 3 fr. 50 par tête.

France: 0 fr. 50 par tête.

Voici qui nous comble! Et qui vient le plus simplement du monde, révéler à nos

yeux toute la crudité du problème, pourquoi notre fille est muette, et comment

le Français se fout éperdument du livre! Dans son ensemble et son particulier...

Rien à chiquer, noir sur blanc. »

 

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« La France est le pays le plus fort consommateur d'alcool du monde... 21 litres

300 d'alcool pur, taxé par tête d'habitant... par an...

C'est bien simple, aucun nordique, aucun nègre, aucun sauvage, aucun civilisé

non plus n'approche et de très loin le Français, pour la rapidité, la capacité de

pompage vinassier. Seule la France pourrait battre ses propres records de

vinasse, ses descentes de picton. Ce sont d'ailleurs à peu près les seuls records

qu'elle puisse battre. Mais dans cette épreuve "Hors Concours", "Prima Classa".

Aux autres sports, de muscles, de souffle, le Français se ménage, il se

réserve... Il ne se montre jamais très ardent, très en train. Lui si brillant dans

la vie, sur les stades il ne brille plus... Que le Français haïsse la lecture ? Cela

peut fort bien se comprendre, se défendre et même devenir à tout prendre une

aimable originalité... »

 

« Le Français est actuellement le seul être vivant sous la calotte des cieux,

animal ou homme, qui ne boive jamais d'eau pure... Il est tellement inverti

dans ses goûts, que l'eau lui paraît à présent toxique... Il s'en détourne, comme

d'un poison. »

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Mais au final, Céline démontre avant tout que Capitalisme et Communisme sont les deux faces d’une même pièce, répondant au même internationalisme cosmopolite. En ce sens, il en arrive à la conclusion de beaucoup d’autres penseurs (Bakounine pour ne citer que lui). Il cite d’ailleurs la phrase d’un intellectuel juif dans un journal juif :

« Tout ceci colle, concorde, je le pense admirablement avec les événements en cours. Le Juif Blumenthal était donc dans son plein droit, en écrivant pour qu'on le sache, dans le "Judisk Tidskrift " (No 57, année 1929):
‘’Notre race a donné au monde un nouveau prophète, mais il a deux visages et porte deux noms, d'un côté son nom est Rothschild, chef des grands capitalistes, et de l'autre côté Karl Marx, l'apôtre des ennemis du Capitalisme.’’ »

L’auteur entend donc démontrer que toutes les idéologies dominantes vont dans le même sens poussées par des dirigeants corrompus, à la solde de l’oligarchie :

« Mais Staline n’est qu’un exécutant des basses-œuvres, très docile, comme Roosevelt ou Lebrun, exactement, en cruauté. »

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Céline s’en prend également à l’Art et notamment au surréalisme qu’il démonte à merveille :

« La cause me paraît entendue, Renaissance, naturalisme, objectivisme, surréalisme, parfaite progression vers le robot »

« Les peuples toujours idolâtrent la merde, que ce soit en musique, en peinture,

en phrases, à la guerre ou sur les tréteaux. L'imposture est la déesse des foules. »

« Les bons rêves ne s'élèvent que de la vérité, de l'authentique, ceux qui naissent

du mensonge, n'ont jamais ni grâce ni force. Qui s'en soucie ?... Le monde n'a

plus de mélodie. C'est encore le folklore, les derniers murmures de nos

folklores, qui nous bercent... Après ce sera fini, la nuit... »

Sur l’art, il en vient évidemment à celui qu’il pratique, à savoir la littérature :

« Ils en ont foutrement jamais eu de style ! Ils en auront jamais aucun ! Le

problème les dépasse de partout. Un style c'est une émotion, d'abord avant tout,

par‐dessus tout... Ils ont jamais eu d'émotion... donc aucune musique. Se

rattrapent‐ils sur l'intelligence ?... Ça se verrait. »

Il Tacle également le cinéma hollywoodien.

 

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Durant ces lignes, vous aurez constaté que j’ai laissé la parole à Céline sans forcément décrire plus en avant le contenu. Je pense que les citations sont assez évocatrices. Mais pour résumer, Céline dresse ici un constat sur une France en déclin et en perte d’identité culturelle et nationale. C’est assez drôle venant de la part d’un auteur d’abord perçu dans le courant libertaire et anarchiste.

On a, suite à ce livre, argué que Céline était devenu un auteur fasciste et nationaliste. Honnêtement je ne pense pas que Céline se soit préoccupé d’appartenir à un courant politique. Son constat correspond simplement à sa vision.

Mais ce qui transparaît surtout ici, c’est l’annonce de la seconde guerre mondiale :

« La prochaine guerre on peut prévoir, ça sera trois frontières à la fois, et des badoures ! Des formidables ! Pas des petites ! Des immenses ! Je vous la souhaite belle et guillerette ! Enfants des héros ! Fils des Gaules…Allemagne ! Espagne ! Italie ! Ceux qui savent creuser, creuseront ! Jamais tant de tranchées, si profondes ! Si larges ! Si longues ! N’auront englouti tant d’hommes à la fois ! Pour l’immense gloire d’Israël ! Pour l’idéal maçonnique ! Pour la vengeance des petits juifs virés des bonnes places germaniques ! »

« Que veulent‐ils les Juifs ? par derrière leur baragouin socialistico‐communiste ?

Leur carnaval démagogique ? Toute cette escroquerie infernale ? que veulent‐ils

? Qu'on aille se faire buter pour eux, que ce soit nous qu'on reprenne leurs

crosses, qu'on aille, nous, faire les guignols devant les mitrailleuses d'Hitler. Pas

autre chose! »

C’est pourquoi, cela prouve une fois encore, qu’on a bien affaire ici au même auteur que celui du Voyage au Bout de la Nuit. Bagatelles pour un Massacre, est également et paradoxalement empreint de pacifisme. C'est un cri de rage contre le terrible conflit qui se prépare en Europe.

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Céline n’est pas un idéologue politique propagandiste, c’est un libre penseur qui exprime donc son point de vue :

 « Je ne suis pas le cagoulard n°1, je ne suis pas payé par Goering. Ni par Musso ni par Tardieu !... Ni même par monsieur Rothschild ! (Tout est possible) je ne suis payé par personne…je ne serais jamais payé par personne. Je ne veux fonder aucun parti. Je ne veux pas monter sur l’estrade. Je ne veux dominer personne, je n’ai pas besoin d’argent. Je n’ai pas besoin de puissance. Vraiment je n’ai besoin de rien. Mais je suis chez moi, et les juifs m’emmerdent et leurs manigances me font chier, je le dis tout haut, à ma manière…Comme je le pense. Repos. »

Bagatelles est au final un pamphlet anti-tout qui donne l’impression d’une chute qui se terminera forcément par l’horreur absolu.

Aujourd’hui, on peut relire cet ouvrage en le resituant dans son contexte, pourtant, difficile de ne pas y voir une analogie avec notre société actuelle.

Avec Bagatelles pour un Massacre, Louis Ferdinand Céline signe une prise de conscience. La prise de conscience d’un homme inquiet pour son pays et le monde dans lequel il vit. Un monde qu’il voit s’engouffrer dans une guerre terrible. Un pays qu’il voit s’enfoncer de plus en plus en raison du reniement de son identité, de sa culture et de son peuple. Une société d’effondrant sous les assauts du matérialisme, de l’antipatriotisme et de l’individualisme. Bagatelles Pour un Massacre c’est le cri de révolte pour échapper à l’horreur de la seconde guerre mondiale et à la destruction de l’Europe !

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Et c’est ce cri qui lui vaut sans doute plus que tout autre chose d’être banni par un système actuel qui s’acharne de plus en plus à détruire le continent européen.

Lorsque Céline s’est retrouvée banni des célébrations nationales, on a constaté deux choses. Premièrement, le fait qu’on renie son génie pourtant établi depuis des années. Mais le second élèment, c'est sa défense. En effet, ses défenseurs officiels ont clamé qu’il fallait distinguer l’homme de l’artiste. « On peut être un génie et un salaud à la fois » ont-ils dit. Nous expliquant que Céline, c’était docteur Jekyll quand il rédigeait Voyage au Bout de la Nuit et Mister Hyde quand il écrivait Bagatelles pour un Massacre.

Bien piètre moyen de défense qui n’émouvra ni les fans, ni les détracteurs. Car aussi bien les uns que les autres savent qu’il n’y a et qu’il n’y aura toujours pour l’éternité qu’un seul Céline ! Le même esprit génial qui a donné naissance au Voyage au Bout de la Nuit et àBagatelles pour un Massacre. Un esprit qui nous met en garde contre une guerre imminente. 

Tel est le message de ce livre. Si nous ne cessons pas de vivre de bagatelles, alors nous irons au massacre.

La rage de Céline vient avant tout d'une peur de voir le monde de nouveau plongé dans un conflit mondial.

Evidemment vous aurez ependant compris que cette oeuvre subversive est difficillement notable. Malgré les polémiques qui l'entourent Bagatelles pour un Massacre reste une oeuvre phare à lire pour comprendre l'histoire européenne du XXème siècle.

 

 

Note : -

L'Ecole des Cadavres

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Catégorie : Littérature

Genre :Pamphlet

Année :1938

Nombre de pages : 350

Nation : France

Auteur :Louis Ferdinand Céline

Synopsis : Céline nous entraîne dans son univers. Après une dispute avec une sirène qui l’interpelle, l’auteur évoque la lettre d’insultes d’un certain Salvador. Il livre ensuite son analyse de la société moderne, la situation de l’Europe à la fin des années 30 et l’approche de la guerre.  

Analyse critique :

(Attention SPOILERS !)

Récemment nous avons abordé sur ce blog Bagatelles pour un Massacre, un livre culte et crue de Céline. Avec cet ouvrage l’auteur signait littéralement sa mise à mort artistique auprès de l’intelligentsia.

Sacré Céline ! Après son terrible Bagatelles, le voilà qui revient à la charge avec un nouveau pamphlet aux éditions Denoël : L’Ecole des Cadavres. Tout comme Bagatelles et les autres pamphlets, ce livre rédigé en 1938, est aujourd’hui difficilement trouvable car il n’a pas été réédité.

En réalité il avait été retiré de la circulation dés 1939, puis il fut réédité en 1942, dans une nouvelle édition avec préface (l’édition que possède votre serviteur). Mais depuis le livre est effectivement devenu très rare, encore plus même que Bagatelles pour un Massacre.

Quels sujets Céline aborde-il ici ?

Il revient à ses thèmes de prédilections, critiquant farouchement la société moderne et le matérialisme véhiculé par le capitalisme et son « ennemi » le communisme :

« L’imagination matérialiste nous condamne à l’infini dans la destruction, la philosophie matérialiste, la poésie matérialiste nous mènent au suicide par la matière, dans la matière ».

« Lorsque l’homme divinise la matière, il se tue »

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Mais tout d’abord Céline présente la lettre d’un juif nommé Salvador et qui lui a écrit après avoir lu des extraits de Bagatelles pour un Massacre. Dans cette lettre Salvador insulte Céline avec beaucoup de crudité et de violence. L’auteur répond alors à sa façon à Salvador.

Il en vient logiquement à la question juive, sujet sur lequel il n’a bien sûr pas changé d’avis. il déclare d'ailleurs :

« Toutes les guerres, toutes les révolutions, ne sont en définitive que des pogroms d’Aryens organisés par les juifs »

« Le juif n’a jamais été persécuté par les aryens. Il s’est persécuté lui-même. Il est le damné de sa propre substance, des tiraillements de sa viande d’hybride. »

« Avant la venue d’Hitler, les juifs trouvaient ça très normal les méthodes racistes. Ils se faisaient pas faute eux-mêmes d’être racistes, largement, effrontément, frauduleusement. A ce propos pas plus de race sémite que de beurre dans les nuages. Mais une franc-maçonnerie d’hybrides bien sournois, bien parasites, bien révolutionnaires, bien destructeurs, bien haineux, bien dégueulasses.

La religion judaïque  est une religion raciste, ou pour mieux dire, un fanatisme méticuleux, méthodique, anti-aryen, pseudo-raciste. Dés que le racisme ne fonctionne plus à sens unique, c'est-à-dire dans le sens juif, au bénéfice des juifs, toute la juiverie instantanément se dresse, monte au pétard, jette feux et flammes, déclare le truc abominable, exorbitant, très criminel. »

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C’est également avec ce livre qu’on peut prêter à Céline un rapprochement avec le nazisme. L’auteur exprime ici clairement qu’il n’a rien contre Hitler et l’Allemagne Nazie au contraire. Mais surtout, et nous y reviendrons plus tard, il rejette par-dessus tout le bellicisme envers le nazi qui mènerait (et mènera) à une guerre dévastatrice en Europe.  

« Les Etats fascistes ne veulent pas de la guerre. Ils n’ont rien à gagner dans une guerre. Tout à perdre. Si la paix pouvait encore durer trois ou quatre ans, tous les états d’Europe tourneraient fascistes, tout simplement, spontanément. Pourquoi ? Parce que des Etats fascistes réalisent sous nos yeux entre aryens, sans or, sans juifs, sans francs-maçons, le fameux programme socialiste, dont les youtres et les communistes ont toujours plein la gueule et ne réalisent jamais ».

Pour le coup, au delà des l'aspect jugé outrancier, l’analyse de l’auteur est pertinente, car si il y’a un fait qu’on ne peut pas nier c’est que la réussite indéniable, économique et sociale de l’Allemagne Nazie, incitait beaucoup de pays en Europe à se tourner vers le fascisme ou le national-socialisme. Céline voit d’ailleurs à travers le fascisme la seule alternative pouvant réellement contrer le capitalisme :

« Quel est le vrai ennemi du capitalisme ? C’est le fascisme. Le communisme est un truc de juif, un moyen d’asservir le peuple plus vachement encore, absolument à l’œil.

Quel est le véritable ami du peuple ? Le Fascisme.

Qui a le plus fait pour l’ouvrier ? L’URSS ou Hitler ?

C’est Hitler ».

« Aryens, il faut toujours vous dire à chaque juif que vous rencontrez que s’il était à votre place, il serait lui nazi 100 pour 1000 »

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Mais sa citation la plus explicative et significative reste :

« (Je ressens, tellement je suis drôle, des choses encore bien plus perverses. Des véritables sadismes.) Je me sens très ami d’Hitler, très ami de tous les allemands, je trouve que ce sont des frères, qu’ils ont bien raison d’être si racistes. Ça me ferait énormément de peine si jamais ils étaient battus. Je trouve que nos vrais ennemis c’est les juifs et les francs-maçons. Que la guerre qui vient, c’est la guerre des juifs et des francs-maçons. Que c’est pas du tout la nôtre. Que c’est un crime qu’on nous oblige à porter les armes contre des personnes de notre race, qui nous demandent rien, que c’est juste pour faire plaisir aux détrousseurs du ghetto. Que c’est bien la dégringolade au dernier cran de la dégueulasserie. »

On retrouve ici son rejet total de la guerre comme c’est le cas depuis Le Voyage au Bout de La Nuit.

Au final difficile de dire si Céline était fasciste, car on retrouve également son pessimisme sur la nature humaine et son scepticisme des idéologies politiques.  Quand il parle de la guerre par exemple, il dit aussi :

« Nous périrons sous les vainqueurs si c’est les fascistes qui gagnent, allemands, italiens, espagnols, mocos. Nous périrons sous nos alliés si c’est leur victoire, la victoire démocratique, la victoire des juifs. Ça revient exactement au même d’une façon de l’autre on sera saignés au finish, à blanc »

Mais on retrouve également cet aspect quand il parle de la société en général :

« L’homme est un animal social, donc commandé, donc, et tout autant, révolté. L’art politique est donc d’organiser un commandement qui n’est pas besoin de se retourner à tout bout de champ pour recevoir avis ou suffrage de ceux qui le suivent, car le revirement se fait vite. »

Citant ainsi aussi bien Aristote que Charles Maurras pour le coup.

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L’Ecole des Cadavres est donc un pamphlet très brutal, où Céline se déchaîne une fois de plus. Au final tout comme dans Bagatelles, plus ou moins tout le monde en prend pour son grade.

Céline suit au final son chemin de libre penseur et d’artiste enragé :

« Je suis de ces auteurs qu’ont du souffle, du répondant, du biscoto. J’emmerde le genre entier humain à cause de mon répondant terrible, de ma paire de burnes fantastiques (et bordel de dieu, je le prouve !) Je jute, je conclus, je triomphe, je trempe la page de plein génie…De vous à moi, entre copains, c’est ce qu’on me pardonne pas du tout, à la ronde, ce qu’on me pardonnera jamais, jamais, la façon que je termine, que j’achève les entreprises, que je vais au pied comme une reine, à tous les coups.

Ils voudraient bien me faire mourir, mes émules, même mes petits élèves, par chagrin, par méchants propos, me faire périr sous les morsures d’une foison de cancrelats, sous les venins d’une pullulation atroce d’aspics effroyablement voyous, martyrivores. Mais ma peau de vache me protège, jusqu’ici j’ai réchappé. » 

L’Ecole des Cadavres fera également scandale.

Pourtant tout comme le précédent, ce pamphlet reste une œuvre visionnaire, indispensable pour comprendre l’artiste et le penseur qu’était Céline.

 

 

Note : ./20

Les Beaux Draps

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Catégorie : Littérature

Genre :Pamphlet

Année :1941

Nombre de pages : 222

Nation : France

Auteur :Louis Ferdinand Céline

Synopsis : Alors que La France est en pleine occupation, Céline analyse la société actuelle. Critiquant les dirigeants, il dresse un nouveau portrait sans concession de la société moderne de l’Europe, de la politique et de la guerre.  

Analyse critique :

(Attention SPOILERS !)

Nous arrivons donc au dernier des pamphlets du sulfureux Louis Ferdinand Céline : Les Beaux Draps écrit en 1941. Ce pamphlet est évidemment important, puisqu’il fut rédigé en France sous la période de l’occupation et c’est surtout cet ouvrage qui porta beaucoup de gens à accuser Céline d’avoir été un « collabo ».

Nous reviendrons plus loin sur cette affirmation. Qu’en est-il donc des Beaux Draps ? En réalité, certains l’ont comparéà un pamphlet à la gloire de l’occupant et de l’Allemagne Nazie. Autant clarifier les choses immédiatement, ce n’est pas vrai (bien qu’on puisse comprendre ce qui pousse à cette affirmation). Car si Céline a des propos bienveillants envers l’occupant, il critique aussi leur politique et notamment celle menée par le régime de Vichy. D’ailleurs Les Beaux Draps sera interdit en zone occupée.

Inutile de préciser que comme tous les autres pamphlets de l’auteur il est introuvable par les réseaux officiels et est devenu une œuvre rare.

Ici Céline, reste fidèle à lui-même et Les Beaux Draps s’inscrit dans la lignée de Bagatelles pour un Massacre et L’Ecole des Cadavres.

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On retrouve ici la farouche critique de la guerre présente depuis toujours dans l’œuvre de l’auteur. Il dénonce notamment le sadisme véhiculé par les élites envers le peuple allemand au moment de la guerre. Quand il parle de l’occupant, Céline est plutôt bienveillant, tout du moins en ce qui concerne les soldats allemands. « C’est la présence des Allemands qu’est insupportable. Ils sont bien polis, bien convenables. Ils se tiennent comme des boys scouts. Pourtant on peut pas les piffer… Pourquoi je vous demande ? Ils ont humilié personne… Ils ont repoussé l’armée française qui ne demandait qu’à foutre le camp. Ah, si c’était une armée juive alors comment on l’adulerait ! ».

Evidemment ce pamphlet reste dans la lignée des précédents concernant la communauté juive qui en prend aussi pour son grade. Pour Céline les élites juives représente l’oligarchie mondiale avec les francs-maçons. Oligarchie s’acharnant à détruire l’Europe en sapant les valeurs de la société et en déclenchant des guerres.

Mais Céline en arrive surtout à critiquer le français moyen. Premièrement il évoque avec véhémence la défaite de l’armée française et voit à travers le français une loque qui se fait malmener par tout le monde sans broncher. Mais surtout, il est très pertinent concernant le comportement du français moyen occupé par rapport à la guerre. Ce français pacifiste ex-belliciste. En bref, tous ces français qui étaient en première ligne derrière les Daladier et compagnie pour déclarer la guerre et qui après l’amère défaite affirme être contre la guerre. Vous l’aurez compris le français moyen en prend largement pour son grade. Céline affirme même qu’il n’y a pas « plus con que le français » et le décrit comme un « snob masochiste ». Au final ici le français en prend encore plus que le juif. Céline dit d’ailleurs cette phrase qui est bien signé de lui : « Aryen pourri vaut pas mieux que juif, peut être un peu moins ».

2

L’auteur, fidèle à lui-même dresse un portrait très critique et acerbe du capitalisme et du communisme. Pourtant concernant ce dernier, il se montre un peu moins virulent, pensant notamment à l’idée de créer un nouveau communisme qui se batte vraiment pour les valeurs qu’il prétend défendre. Un communisme avec une vraie dimension sociale.

Cela dit Céline prête aussi allégeance à des valeurs traditionnalistes plutôt en désaccord avec le communisme (dont il fut très proche à un moment donné ne l’oublions pas).

Concernant la religion, et plus précisément le christianisme, Céline a un avis mitigé. S’il précise (comme dans ses précédents ouvrages) qu’elle aide à cadrer les sociétés humaines, il en parle également comme une invention juive destinée à affaiblir les hommes en prônant des valeurs non-violentes.

Il défend cependant la structure familiale à laquelle il consacre plusieurs chapitres. Cela le rapproche donc des valeurs des systèmes traditionnalistes. Pour lui la cellule familiale est la seule valable pour l’éducation et le maintien d’une société forte et ordonnée.    

Il est également amusant de le voir dés les années 40 (et sous l’occupation en plus) dénoncer la féminisation de la société :

« La cité future pour Popu c’est son pavillon personnel avec 500 mètres de terrain, clos soigneusement sur quatre faces, canalisé si possible et que personne ne vienne l’emmerder. Tout ça enregistré devant notaire. C’est un rêve de ménagère, un rêve de peuple décadent, un rêve de femme. Quand les femmes dominent à ce point que tous les hommes rêvent comme elles, on peut dire que les jeux sont faits, que grandeur est morte, que ce pays tourné gonzesse, dans la guerre comme dans la paix, peut plus se défendre qu’en petites manières, que les mâles ont plus qu’à entrer faire leur office de casseur, saillir toutes ces mièvreries, abolir toutes ces prévoyances. » 

3

L’auteur comme à son habitude critique également le matérialisme et la perte des valeurs. D’ailleurs selon lui, tout cela est inculqué aux français dés le plus jeune âge. C’est alors qu’il s’en prend avec beaucoup de violence à l’éducation et à l’école qu’il décrit comme un vrai fléau endoctrinant et lobotomisant les enfants pour en faire de futurs citoyens dociles, pourris et obéissant.

Il y’a donc comme toujours chez l’auteur un rejet profond des sociétés démocratiques. Ou plutôt une aversion infinie pour l’hypocrisie et les mensonges de la démocratie.

Concernant ses prises de positions, Céline les assume et rappelle qu’elles ne sont ni lâches ni opportunistes :

« Demain si le Daladier revenait (c’est pas impossible croyez-le) Je vous affirme que je le rengueulerais et pas pour de rire. D’abord y’a un compte entre nous, c’est lui qui m’a fait condamner… Pour le moment il est tabou, il est par terre, ça va, j’attend…

Y’a un temps pour tout que je dis…

J’aime pas les salopes

C’est sous Dreyfus, Lecache, Kéril qu’il fallait hurler « vive l’Allemagne » ! A présent, c’est de la table d’Hôte… »  

Telle est la philosophie de Céline.

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Quelque Part à travers la description que l’auteur de Voyage au Bout de la Nuit dresse de la France et de l’Europe en général, on retrouve une étrange analogie avec la situation européenne actuelle. Notamment cette perte de valeurs, ce chaos total, tant sur le plan économique, social ou identitaire.

Tout comme les deux précédents pamphlets de Céline, Les Beaux Draps est une œuvre visionnaire. Mais est-ce là l’œuvre d’un « collabo des nazis » ?

C’est évidemment un sujet qu’on évoque souvent concernant Céline. Beaucoup de gens croient qu’il fut ouvertement collaborationniste. S’il a écrit des articles pour des revues collaborationnistes, qu’il a eût des propos bienveillants à l’égard de l’Allemagne Nazie, il n y’a à ce jour aucune preuve qui inculpe Céline pour des faits de collaborations. Il n’a, à la connaissance générale, jamais eu d’activité de collaborateur.

Personnellement, je ne pense pas que Céline ait réellement collaboré pour plusieurs raisons. Premièrement contrairement à ce que peuvent penser certaines personnes, les allemands n’aimaient pas beaucoup Céline. Et notamment les représentants de l’Allemagne Nazie. Ils n’aimaient pas son côté outrancier, extravagant, exacerbée, anarchique, déjanté. Ils le voyaient plus comme un chien enragé, qui collait plutôt mal avec l’image rigoureuse et discipliné de l’idéologie nazie. Même l’antisémitisme de Céline ne plaisait pas aux nazis qui le trouvaient trop délirant. De plus, on rappellera que Les Beaux Draps, son seul pamphlet écrit sous la collaboration fut interdit par le régime de Vichy.     

5

          

Au final on tient là une œuvre à nouveau essentielle pour comprendre la pensée célinienne.

Les Beaux Draps est indéniablement un livre intéressant qui complète à merveille les trois autres premiers pamphlets.   

 

Note : ./20

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