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Enter The Void

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Catégorie : Cinéma

Genre : Drame, Fantastique, Science Fiction

Année :2009

Public : Interdit aux moins de 16 ans

Durée :2H34 (version longue)

Nation : France

Réalisateur :Gaspar Noé

Acteurs :Nathaniel Brown, Paz De La Huerta, Olly Alexander, Cyril Roy

Synopsis : A Tokyo, dans le futur, Oscar et Linda, deux frère et sœur survivent. Le premier est un petit dealer, la seconde est strip-teaseuse. Liés par un grand amour, ils se sont jurés de ne jamais se séparer. Mais lors d’un deal, Oscar est abattu par la police. Son esprit refuse alors de quitter le monde des vivants pour honorer le pacte conclu avec sa sœur. Tel un fantôme, il erre dans les rues de Tokyo passant par les différentes épreuves de l’au-delà.  

 

Analyse critique :

(Attention SPOILERS !)

Enter The Void c’est juste le film rêvé de Gaspar Noé. C’est bien simple, déjàà l’époque de Carne son premier moyen métrage de 1991, il avait en tête de réaliser un film métaphysique tel un trip qui reprenne la structure du Livre des Morts Tibétains.

Malheureusement, il n’est pas facile transformer les rêves en réalités. Noé le savait depuis le début, un tel film demandait énormément de moyens et il n’en avait pas. Près de dix ans plus tard, après avoir imaginé le projet, il pense le réaliser. Mais à cette époque, Noé est dans la dèche. Il a mis tout ce qu’il avait dans son film Seul Contre Tous et s’est endetté jusqu’au cou. Pourtant il travaille sur ce projet de film qui lui tient à cœur et qui s’appelle « Soudain le Vide ».

Au final, en 2002, il fera Irréversible pour tenter de survivre et c’est ce qui va le sauver. Irréversible qui devait avant tout lui servir comme terrain d’entraînement pour son projet (ce qui sera le cas) sera un grand succès inattendu. Noé réglera ses dettes et pourra recommencer à travailler sur son projet.

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Cependant, l’artiste prend son temps, il rêve de ce film depuis longtemps et il ne veut pas rater son coup. Il réalisera quelques courts métrages pour ne pas perdre la main tout en préparant ce qui doit devenir son chef d’œuvre absolu.

Son bébééclot en 2009 sous le titre « Enter the Void » (traduction anglaise de « Soudain le Vide »). Pour ce film, Noé s’est appuyé donc sur le Livre des Morts Tibétain. Mais il s’est sans doute basé sur la réédition écrite par Timothy Leary dans les années 60 pour les consommateurs de LSD. Car oui le réalisateur s’est aussi inspiré de ses expériences dans la drogue. Avec Enter the Void, il veut faire un film-trip dans la lignée de 2001 : L’Odyssée de l’Espace, son film fétiche.

Le cinéaste parvient donc à rassembler un certain nombre de moyens. Il s’entoure de la BUF Compagnie responsable des effets visuels de Matrix, de Thomas Bangalter pour les effets sonores (avec lequel il avait déjà travaillé sur Irréversible) et de Marc Caro pour les décors.

Au final, Gaspar Noé signe une œuvre vraiment unique en son genre.

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Premièrement, le décor du film. Noé a été tiraillé entre trois villes pour le cadre de son intrigue : Paris, New York ou Tokyo. Il a finalement opté pour la dernière et en a offert une vision futuriste unique à la fois ténébreuse et psychédélique.

L’esthétique d’Enter The Void est donc l’une de ses qualités premières. On est happé par les images de ces immeubles illuminés dans la noirceur la plus totale. Le film est d’une richesse visuelle incroyable et on est parfois littéralement ébloui. Cela renforce aussi l’aspect surréaliste d’Enter The Void et son côté« trip cinématographique ». Au final, sur le plan esthétique on peut parfois penser à un mélange entre Blade Runner et Apocalypse Now. Cependant cela reste avant tout la patte de Noé. On retrouve ce côté vraiment très sombre de son cinéma et notamment ce rouge sordide à certains moments. Cela dit, il est moins fréquent que dans les œuvres précédentes pour laisser place à plus de couleurs.  

Mais la réalisation est également à la hauteur. Comme je l’ai déjà dit on ressent la patte de Noé. Par là entendez que si vous entrez dans la salle sans rien savoir de ce que vous allez voir, vous savez dés les premières images qu’il s’agit d’un film de Gaspar Noé.

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Le réalisateur innove cependant en choisissant de nous placer à la première personne ou autrement dit en caméra subjective. Tout est vu à travers les yeux du personnage. Certes, ce procédé n’est pas nouveau. On peut remonter àLa Dame du Lac en 1947 qui en usait déjà. Mais ici Noé s’attache aux détails et on partage les troubles dus au trip de notre personnage. On a également les clignements des yeux. Bref on s’y croirait vraiment. Mais le réalisateur va garder ce point de vue à la première personne tout le film, si bien qu’il va prendre tout son sens quand le personnage principal meurt et que son esprit s’échappe de son enveloppe corporelle pour errer à travers Tokyo. C’est là où la technique de Noé devient réellement impressionnante. Il use de mouvements de caméra vertigineux et totalement hallucinants. J’ignore même comment il a pu en réussir certains, mais on plane littéralement avec l’esprit au dessus du monde. Sur ces mouvements de caméra, on se doute qu’il a été très inspiré par son film favori Schizophrenia. Le résultat est vraiment à tomber. A ce stade là c’est une vraie performance.     

Les effets spéciaux sont eux aussi remarquables et d’un réalisme bluffant. On est au final bien loin des productions américaines, car Noé n’abuse pas non plus des effets et sait les doser et les mettre en scène pour leur conférer un max de crédibilité.

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Au niveau de la structure donc le film suit donc les étapes du Livre des Morts Tibétain. Ceci dit, le cinéaste en offre aussi sa vision personnelle et reprend les éléments qui servent au mieux son intrigue. Mais tout est fait pour retrouver le côté mystique et initiatique du Livre des Morts Tibétain afin de faire vivre au spectateur une vraie expérience métaphysique. Enter The Void fait partie de ces films qui dépassent la notion de cinéma. C’est un film qui se vit comme un vrai trip.

Cependant on peut faire des reproches sur le montage. En effet, que ce soit dans les deux versions, le film contient des longueurs qui sont vraiment malvenues. Honnêtement Enter The Void aurait gagnéà durer une demi-heure de moins.

Cela dit, le bouleau effectué par Gaspar Noé reste une fois encore purement hallucinant.

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Concernant la musique, c’est donc Thomas Bangalter qui s’en charge, notamment pour l’ouverture. Il parvient lui aussi à trouver ce mélange de ténèbres et de psychédélique. La musique contribue largement à l’ambiance d’Enter The Void bien qu’elle soit au final assez peu présente.

Pour ce qui est du casting, nous avons d’abord Nathaniel Brown dans le rôle d’Oscar. Nous ne verrons pas beaucoup ce dernier, puisque tout le film est vu à travers ses yeux. Cependant le peu qu’on le voit suffit à l’imposer comme un bon acteur qui tient bien son rôle.

Mais on retiendra surtout la prestation de Paz De La Huerta qui est plus mis en avant. L’actrice est totalement impliquée dans son rôle.

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Cela dit les prestations d’Enter The Void m’impressionnent moins que celles des films précédents du cinéaste. Mais ce n’est au final pas vraiment l’intérêt de cette nouvelle œuvre qui joue vraiment sur le côté métaphysique et la sensation procurée par les images.

Sur le fond, Enter The Void est donc un drame moderne intense, mystique, fantastique d’une originalité incroyable. Noé ne prône pas le bouddhisme, puisqu’il affirmera ne pas croire en la réincarnation, il veut seulement faire de son film un trip, une expérience unique dans la lignée de 2001 : L’Odyssée de L’Espace. Sur le plan général, on peut dire qu’il a réussi son pari.

Enter The Void sera comme les autres films de Noé sélectionnéà Cannes hors compétition. Le film n’obtiendra pas un succès énorme, il était cependant condamnéétant donné son sujet et son style. Noé n’est pas raiment un artiste commercial. Cela dit il obtiendra pas mal de ventes en DVD.

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Enter The Void est un chef d’œuvre de plus à l’actif du réalisateur. Certes ce n’est sans doute pas le chef d’œuvre absolu qu’on pouvait imaginer depuis des années, mais il n’en est pas loin.

Une œuvre unique en son genre comme seul Gaspar Noé sait les faire.   

     

 

Note : 17,5/20


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