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Mahmoud

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Catégorie : Spectacle

Genre : Humour

Année : 2010

Public : Tous Publics

Durée : 1H14

Nation : France

Mise en Scène:Dieudonné M’Bala M’Bala

Interprète : Dieudonné M’Bala M’Bala

Sujet :Dieudonné revient sur sa rencontre polémique avec le président iranien Mahmoud Ahmadinejad. Il explique les évènements qui l’ont amenéà rencontrer le personnage mais évoque aussi des tas de sujets tabous tels que le terrorisme, le révisionnisme, les attentats du 11 septembre, la politique israélienne, L’esclavage, le pape Benoît XVI, Michael Jackson et même le cancer.  

Analyse critique :

(Attention SPOILERS!)

Attention ! Là on est sur du très lourd, du très très lourd même ! Comme dirait Dieudo « Au dessus c’est le soleil », aujourd’hui je vous propose d’aborder ce qui est sans conteste la prestation la plus sulfureuse et piquante de l’humoriste, j’ai nomméMahmoud, spectacle écrit, mis en scène et interprété par Dieudonné en 2010.

Il faut dire que cette année là, Dieudo franchit un nouveau cap en terme de provoc. Ce qui est au final assez logique. On souvient que l’humoriste y’était allé fort en 2008 avec son spectacle J’ai fait L’Con. Suite à la polémique engendrée par ce one-man-show, il s’était retrouvéà jouer dans un bus. Les médias évitaient de parler de lui pour le faire tomber dans l’oubli. C’est pourquoi en 2009, il avait fait Sandrine, un spectacle plutôt léger qui semblait avant tout être là pour calmer le jeu. Cela dit, les médias qui ont un peu parlé du spectacle l’ont décrit comme un show antisémite (alors qu’il n’y avait pas un seul propos sur les juifs dedans) et une incitation à la haine (là encore faut pas chercher à comprendre).

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L’humoriste comprend donc que quoiqu’il dise ou fasse, ce sera toujours considéré comme de « la haine ». Il sera toujours cataloguéà la case des infréquentables et on trouvera toujours à redire à son travail.

Dans ces conditions là, autant y’aller à fond. Après le calme, vient la tempête, après Sandrine c’est Mahmoud. Clairement on tient le spectacle le plus piquant de l’artiste qui déclare d’ailleurs « j’en ai plus rien à foutre maintenant ». Comme je l’ai déjà précisé, il avait franchi un cap en cette année 2010. Notamment via ses premières vidéos diffusées sur le net. C’est dans cette période qu’il compose sa chanson culte et sulfureuse « Chaud Ananas » ou « Shoahnanas ». Il s’agit bien entendu d’un détournement de la chanson « Chaud cacao » d’Annie Cordy, qui se moque de l’instrumentalisation et de l’industrialisation de la mémoire de la Shoah à des fins politiques et financières (pour ceux qui veulent creuser le sujet, lire le livre très connu de Norman Finkelstein L’Industrie de L’Holocauste). La chanson est rapidement devenue mythique et au fil des années on vit même apparaître des soirées à thème « Shoahnanas ». Pas de tenue exigée si ce n’est un ananas à présenter à l’entrée. Ce détournement parodique vaudra à l’humoriste une condamnation. 

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Ce sera d’ailleurs l’hymne de ce nouveau one-man-show qui s’inscrit dans la lignée de cette nouvelle vague polémique. On ne sera donc pas surpris de retrouver le sulfureux Daniel Conversano à la réalisation pour l’enregistrement du spectacle. Pour info, il existe deux versions de Mahmoud, une tournée au petit Théâtre de la Main d’or, le fief de l’artiste, et une au Théâtre de Marens à Nyon en Suisse.

Tout s’ouvre sur un discours du président iranien Mahmoud Ahmadinejad que Dieudonné détourne en un message appelant les spectateurs àéteindre leurs portables.

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Puis L’humoriste fait son entrée sur scène et introduit ce nouveau show avec un sketch sur l’affiche du spectacle. Cette affiche met en effet de façon humoristique les logos du Hezbollah et du Hamas en sponsor. Il en vient ensuite aux polémiques et notamment à BHL qui qualifia le spectacle d’antisémite (oui je sais c’est lassant ce refrain). Il évoque également la démarche du journal israélien pro-sioniste, et raciste anti-goy : JSS News, rebaptiséà juste titre « SS News ». Ce média propagandiste qui décrivait un spectacle « pro-terroriste » avait appelé les juifs français àécrire une lettre au ministre de la culture Frédéric Mitterrand afin de faire interdire Mahmoud. Mais comme le dit Dieudo, « on devrait être tranquille, à cette heure-ci l’autre il doit être en Thaïlande » faisant référence à la pédophilie assumée du gus en question. Il annonce ensuite sa « conversion au judaïsme ». Puis pose la question pertinente « Qui fixe les limites de la Liberté d’Expression ? », « L’Histoire » en conclut l’humoriste, mais qui écrit L’histoire ?

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Question là encore pertinente qui est d’ailleurs le titre du second sketch. Comme le souligne bien Dieudo, ce sont les vainqueurs qui écrivent l’histoire et qui l’utilisent pour justifier la politique qu’ils mènent par la suite. Il évoque bien évidemment l’endoctrinement à la shoah qu’on subit dés le plus jeune âge. Il évoque ensuite un ami de plus de 80 ans qui s’est lancé dans la recherche historique, ce qui est « Casse Gueule » comme le dit Dieudo. Surtout que l’homme en question s’est spécialisé dans la seconde guerre mondiale « La Zone Interdite ». On aura bien évidemment compris de qui il s’agit. Même s’il ne donne pas les noms, on comprend que Dieudo évoque la rencontre entre Robert Faurisson et Paul Rassinier, un résistant socialiste ancien déporté qui fut le premier révisionniste de l’histoire. Dieudo précise alors que cet ami en est venu à contester l’existence des chambres à gaz. C’est l’occasion pour l’humoriste d’en glisser une. Il déclare « Non moi oh ! Moi je crois en l’existence des chambres à gaz, j’y crois énormément parce que…beh déjà parce que c’est obligatoire, sinon tu finis en taule » taclant ainsi la loi anticonstitutionnelle Gayssot qui condamne à la prison ferme quiconque spécule sur ce sujet. Mais c’est surtout l’occasion d’évoquer le sujet houleux du révisionnisme et comme le précise l’humoriste « c’est le sujet interdit ! Moi dés qu’il y’a un sujet qui pue la merde, ça m’intéresse en général…mais le révisionnisme là je n’y touche pas ! ». Il affirme ensuite avoir écrit un sketch sur le sujet qu’il ne souhaite pas jouer, mais face aux appels du public, l’humoriste se lance.

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C’est donc « Dieudo chez Robert » où il rend visite à son ami Robert le révisionniste. Demandant le numéro de l’appartement à la concierge portugaise. « J’ai l’impression que je demandais la planque de Ben Laden ». Après avoir bien vérifié que tous les volets étaient fermés, il enguirlande alors son ami Robert en lui disant d’abandonner le révisionnisme et de se conformer à la version officielle pour éviter les ennuis. Sur le révisionnisme, il en vient également au cas du 11 septembre et notamment à celui de Bigard qui est passé du statut de populaire à celui d’infréquentable après avoir remis en cause la version officielle du 11 septembre. Il conclut en déclarant « la vérité, tu la prends, tu la bouffe et tu la ferme ! ». Il évoque également la folie aux vaccins de la grippe H1N1.

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C’est ainsi que l’humoriste en vient à parler des infréquentables. On arrive alors sur « DAMAS » ville dans laquelle a voyagé Dieudo et qu’il décrit comme le « Saint-Tropez de l’infréquentabilité ». On y trouve la plupart des dissidents politiques recherchés par le gouvernement américain. C’est là bas également qu’il a rencontré Hugo Chàvez qui était alors président du Venezuela. Il a également rencontré des dissidents français tels que Thierry Meyssan qui fut l’un des premiers à contester la version officielle des Attentats du 11 septembre, « lui le 12 septembre, il finissait son bouquin » déclare le comique. Il livre alors une imitation du polémiste et en profite pour tacler les tenants de la version officielle du 11 septembre et surtout la politique impérialiste américaine. Il en vient ensuite à sa rencontre avec certains cadres du Hezbollah au Liban pour enchaîner avec le conflit israélo-palestinien. Il revient notamment sur les massacres de 2006 et dénonce Tsahal comme les vrais terroristes. Il se moque également de l’hypocrisie des Droits de L’homme et de la Convention de Genève ainsi que de l’ONU. Là encore l’humoriste nous livre de l’humour très noir, très trash (notamment sur les massacres de Gaza), très piquant et très subversif. Mais ça fonctionne à merveille !

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Il évoque ensuite le chantage fait au nom de la notion de « crime contre l’humanité », notion qui ne prend pas en compte comme il le souligne le massacre des Amérindiens et la traite négrière. Cette notion est réservée à la Shoah. Dieudo comprend qu’il touche le sujet sensible et revient sur les accusations d’antisémitisme qu’on profère contre lui. C’est d’ailleurs là que naît sa fameuse phrase : « je ne suis pas antisémite, d’abord parce que j’ai pas le temps ». Il en vient alors à l’un de ses sketchs les plus cultes sur « le passant juif », évoquant sa rencontre (fictive bien sûr) avec un juif dans la rue terrorisé par la réputation de l’humoriste. Le tout est vraiment drôle. Il finit sur la notion d’antisémitisme en traitant du chantage à l’antisémitisme et en parodiant magnifiquement bien le trou du cul Olivier Besancenot qui avait fondu en larmes chez Ardisson après avoir été traité indirectement d’antisémite par Roger Cukiermann, alors qu’il défendait la cause palestinienne.  

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Il fait ensuite un sketch à nouveau hilarant sur le Hamas taillant au passage le Mossad avant d’enchaîner sur celui qui donne le nom à ce spectacle, le président iranien Mahmoud Ahmadinejad. Il vante notamment son insoumission face à l’impérialisme américano-sioniste et en profite pour ridiculiser le roi d’Arabie Saoudite. Il décrit Mahmoud comme un « maître quenellier absolu » le renvoyant lui-même au statut de petit artisan. Il évoque ensuite le parcours du président iranien, et notamment sa jeunesse où il participa à la révolution et à la prise d’otage de l’ambassade américaine de Téhéran. Dieudo affirme avoir eu envie de prendre en otage l’ambassade des Etats Unis à Paris.

C’est donc le sketch suivant nous racontant cette prise d’otage avec comme toujours beaucoup d’humour. Il y met en scène une parodie de tribunal organisé par les preneurs d’otages envers les membres de l’ambassade.

 Craignant d’être accusé d’anti-américanisme, Dieudo avoue avoir apprécié la culture afro-américaine dans sa jeunesse et revient sur l’esclavage des noirs en Amérique. Ce sketch met en scène l’émission « vérité » (sur laquelle Dieudo fera plusieurs sketchs indépendants) qui revient sur l’esclavage. On assiste donc à un débat entre un maître esclavagiste qui est l’ancêtre de Bernard Henri Levy (ceux qui connaissent l’histoire de la famille de ce dernier auront évidemment compris le lien) et son esclave. Là encore humour noir et piquant garanti.

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Il termine son spectacle sur un thème houleux et surtout douloureux : le Cancer. L’humoriste explique qu’il a rédigé ce sketch après que le cancer ait emporté deux membres de sa famille, et notamment son oncle qui l’a beaucoup influencé. « Le Cancer » figure sans conteste sur le podium des sketchs les plus cultes de l’humoriste. C’est un sketch atroce d’une cruauté absolue. Un humour noir vraiment dur, mais pourtant ça fait rire aux larmes. Pourquoi ? Parce que si vous avez été confronté au cancer via des membres de votre famille ou par vous-même, vous serez estomaqué de voir à quel point ce sketch reflète la réalité du cancer et surtout du traitement de cette maladie. Dieudonné s’attaque ici au milieu médical et plus précisément à son élite qui fait des patients de véritables cobayes avant de les jeter à la poubelle. Ce sketch est le clou du spectacle et il est absolument magnifique. Ce n’est pas de l’humour au sens propre, ça a vraiment une dimension touchante. C’est avec ce sketch qu’on comprend tout l’humour transgressif de Dieudonné qui n’est jamais que le reflet d’un humanisme certain. Généralement, ce sketch parvient même à convaincre les détracteurs de l’humoriste. C’est l’un de ses plus grands chefs d’œuvres. C’est avec ce genre de sketch qu’on prend conscience de son énorme talent d’artiste.

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Ainsi se termine Mahmoud le spectacle le plus transgressif de l’humoriste mais peut être le meilleur aussi. Dieudo s’est lâché et comme il le répète tout au long du spectacle « j’en ai plus rien à foutre ».

Une fois encore le tout est remarquablement mis en scène, l’écriture est toujours magnifique (aussi belle que celle de Sandrine le show précédent).

Quant à la performance de l’humoriste, elle dépasse le génie. Dieudo s’en donne à cœur joie et montre son incroyable capacitéà faire rire sur des sujets graves, sombres et interdits. C’est à cela qu’on reconnaît un vrai talent d’humoriste.   

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Mahmoud est un uppercut humoristique. On est pris dans un rythme effréné qui ne vous ménage pas. Personnellement quand je le regarde avec d’autres personnes, c’est du rire non stop, ça frôle l’étouffement. Dieudonné nous a livré là un putain de festival d’humour transgressif et particulièrement piquant, mais tellement beau et plein d’humanisme sur le fond.

Il est d’ailleurs assez drôle de savoir que ce spectacle sera encensé par Yann Moix « l’antiraciste » ami de BHL.

Malgré le fait que ce nouveau one-man-show soit particulièrement sulfureux, la polémique restera assez cadrée, les médias ne voulant pas retomber dans le piège de J’ai fait L’Con. Comme pour les deux précédents spectacles, la tournée de Mahmoud s’est faite dans le bus de Dieudo « Le théâtre Rosa Parks ». Cela dit à l’époque, l’humoriste commence vraiment à jouer sur le phénomène internet et Mahmoud connaîtra un immense succès sur la toile permettant de ramener Dieudo vers le devant de la scène.

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Avec le temps, Mahmoud est devenu l’un des spectacles les plus cultes de l’humoriste. A noter aussi que Dieudonné ira remettre une « quenelle d’or » d’honneur à Mahmoud Ahmadinejad en Iran.

Mahmoud est tout simplement la performance la plus piquante et la plus transgressive de l’humoriste et l’un des sommets de sa carrière.

 

Note : 19,5/20

Note Quenellière : Quenelle de 10000 sur l’échelle de Faurisson


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